Dans le cadre du programme de recherche Chorégraphie. Écriture et dessin, signes et image dans les processus de création et de transmission chorégraphiques (XVe-XXIe siècle), dédié aux pratiques graphiques en danse, ces journées s’intéresseront aux pratiques de lecture de ces objets graphiques, aux gestes, aux situations et aux lieux qui permettent aux chorégraphes, aux interprètes, aux notateurs et notatrices de danser, et faire danser, avec des images ou des écrits. Souhaitant croiser les points de vue des chercheurs ou des chercheuses, et des praticiens ou des praticiennes, elle abordera la pluralité des formes que prend la lecture dans les différentes approches, techniques ou genres qui constituent la danse contemporaine.
L’enjeu de cette journée portera moins sur les spécificités sémantiques et formelles des systèmes de notation que sur la lecture comme pratique incarnée. Depuis la manipulation des objets jusqu’aux mouvements des yeux sur la page, elle construit une certaine pragmatique du corps. Formats, reliures, organisation de la page et découpage de l’espace et du temps déterminent des postures, une adaptation du regard et de la focalisation, une appréhension du rythme et du flux ; autant d’itinéraires perceptifs qui sont des cheminements intellectuels. La matérialité des formes graphiques contribue, ainsi, à construire des formes et des approches du mouvement. Comment, donc, penser l’articulation entre gestes, techniques du corps et sources matérielles de la lecture ?
La lecture met également en jeu un rapport à soi et aux autres, d’une lecture solitaire de la partition dans le studio à la lecture collective. L’étude des situations permet de réfléchir à la variété des configurations qui distribuent les activités de lecture et de danse, et les fonctions d’enseignant ou d’enseignante, d’élève, de chorégraphe, d’interprète, de dramaturge, de notateur ou de notatrice, et de spectateur ou de spectatrice. Il en découle une variété de conventions, de formes et d’usages, de valeurs et d’attentes vis-à-vis de l’écrit ou de l’imprimé. La lecture contribue, aussi, à construire des collectifs de lecteurs et de lectrices qui partagent des outils, des procédures d’interprétation et un discours sur la danse. À l’opposition entre une culture orale et une culture écrite, cette journée entend, ainsi, valoriser la diversité des situations auxquelles la lecture participe dans les pratiques de danse aujourd’hui, en abordant ces « complicités » du corps et du texte, ou du corps et du signe.
Enfin, en interrogeant l’incorporation des signes et des images, ces journées se placent dans le champ étendu des pratiques artistiques qui se trouvent médiées par des partitions. La pluralité des manières de lire et des manières de faire invite, alors, à interroger les nouages particuliers du visible et du lisible entre danse, musique et art contemporain, de l’art conceptuel aux pratiques performatives et chorégraphiques. À l’encontre d’une pensée de la lecture qui tend à prôner un engagement passif du corps, ces journées chercheront à saisir la diversité des formes d’incorporation des signes et des images en interrogeant l’implication corporelle des configurations visuelles de la liste au tableau, en passant par la portée, le croquis de parcours, le tracé, la figure ou le texte.
Plusieurs axes de recherche peuvent, dès lors, être mis en avant :
- Apprentissage de la lecture et mise en danse de l’écrit : l’apprentissage d’un système de notation du mouvement ne se limite pas à l’acquisition d’une compétence, celle de lire et d’écrire, mais redéfinit la situation de répétition et de création. En quoi ces technologies intellectuelles proposent-elles des formes singulières d’incorporation du mouvement dans des contextes d’apprentissage ou de création?
- Lecture en situation de représentation : la partition d’orchestre constitue un modèle de lecture en situation de représentation. Si son déplacement dans le champ chorégraphique constitue un modèle fécond, quelles sont les spécificités et les formes prises par cette pratique dans le champ chorégraphique ?
- Lecture démonstration : les écrits peuvent être le support d’un discours sur la danse. La valeur rhétorique de l’écrit affiché sur un mur, inscrit sur un tableau, au sol ou projeté sert alors d’appui à la démonstration en coordonnant l’attention de l’auditoire ou d’un groupe. Quel partage ces écrits proposent-ils entre le visible, le lisible et le discours ?
- Diversité des cultures de la lecture dans le champ étendu des pratiques performatives : la danse contemporaine peut être abordée comme un espace de croisement entre une diversité de formes et de pratiques de la lecture issues des arts visuels, de la musique, ou de la performance. En quoi cette porosité permet-elle, de comprendre certains enjeux des pratiques performatives, au sens large, et de leurs évolutions ?
Les propositions de communication, en français ou en anglais, pourront prendre la forme d’un résumé (2 000 à 3 000 signes) ou d’une vidéo de cinq minutes, accompagnés d’une biographie succincte, à envoyer avant le 4 avril 2021 à : lou.forster@inha.fr et pauline.chevalier@inha.fr
Informations pratiques
22-23 juin 2021. Institut national d’histoire de l’art, 2, rue Vivienne, 75002 Paris. Candidatures avant le 04.04.2021.
Comité d’organisation :
- Pauline Chevalier (INHA)
- Lou Forster (INHA/EHESS)
Comité scientifique :
- Laurent Barré (CN D)
- Marie Glon (Université de Lille)
- Marielle Macé (EHESS)
- Valérie Mavridorakis (Centre André Chastel)
- Julie Perrin (Paris VIII)
- Laurent Pichaud (Paris VIII)
- Laurence Schmidlin (Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne)
- Laurent Sebillotte (CN D)
Ces journées auront lieu en partenariat avec le Festival et la plateforme internationale de workshops Camping, organisé par le Centre national de la danse du 14 au 27 juin 2021. Elles sont coordonnées avec deux autres événements : la résidence INHA Lab du collectif La Lecture-artiste et l’Atelier des Doctorants du CND dont les journées « Danse et textualités » se dérouleront les 24 et 25 juin.Centre de recherches sur les arts et le langage – CRAL