Le cinéma comme mémoire culturelle : activités de l’Arbeitsstelle Geschichte und Film (AGuF)

Par Selina Follonier

À une époque marquée par la transformation et la diversification des supports de conservation des savoirs et de la mémoire, la question du statut des sources audiovisuelles et filmiques en tant que documents historiques s’impose par son actualité. Les rapports entre l’historiographie et le cinéma ont été abordés, dans l’espace francophone, par des études qui s’inscrivent dans le sillage des travaux pionniers de Marc Ferro ; ils le sont également en Allemagne, entre autres au sein de l’Arbeitsstelle Geschichte und Film (AGuF) de l’Université de Cologne. Fondé en 2004 sous l’égide des Profs. Margrit Szöllösi-Janze et Norbert Finzsch, avec la collaboration de Maren Möhring, Massimo Perinelli et Olaf Stieglitz, ce laboratoire porte depuis une quinzaine d’années des projets de recherche menés suivant une double orientation : d’une part, sous forme de réflexions critiques autour de l’utilisation de sources filmiques dans les sciences historiques ; d’autre part, à travers l’analyse du cinéma comme mode de représentation de faits historiques et comme vecteur de transmission d’une mémoire culturelle. Ces approches se fondent sur la conception que toute œuvre filmique reflète le contexte intellectuel et politique dont elle émane et peut être appréhendée comme lieu de construction des imaginaires sociaux.

Loin de s’intéresser aux seules catégories des films historiques et des documentaires, l’AGuF se voue également à l’étude du cinéma de fiction et des séries télévisées. Ses activités de recherche se focalisent principalement sur la Progressive Era aux États-Unis et sur les années d’après-guerre en Allemagne, tout en contribuant à l’élaboration d’outils méthodologique propres à l’analyse de la nature complexe du médium cinématographique. Le centre possède sa propre collection de documents filmiques, mise à la disposition des chercheurs et des étudiants, et encourage la réalisation de mémoires de maîtrise et de thèses de doctorat. Afin de sensibiliser les étudiants des filières historiques aux enjeux du travail avec des sources audiovisuelles, l’AGuF propose chaque semestre un séminaire dispensé par un enseignant membre du laboratoire. Après avoir abordé des thématiques tels que les « films à scandale » ou le Heimatfilm allemand, l’enseignement du semestre d’hiver 2017/2018 porte sur les traces des mutations politiques, sociales et culturelles dans le cinéma américain entre la Grande Dépression et la fin de la Seconde Guerre mondiale (« Hollywood’s New Deal – Politik und Kultur im US-Kino 1929-1945 », Olaf Stieglitz).

Au-delà de la présentation de leurs travaux lors de différentes manifestations scientifiques, les chercheurs du laboratoire ont organisé en janvier 2016 un colloque sous le titre « Film & Visual History : Fragen, Konzepte, Perspektiven », dont les communications sont disponibles en ligne sur le portail de la fondation Lisa Gerda Henkel. Au début des années 2010, l’AGuF a conclu des partenariats avec deux institutions sœurs nouvellement fondées, basées à l’Université de Munich et au Kulturwissenschaftliches Institut de l’Université de Leipzig. La constitution et l’élargissement de ce réseau atteste de la vivacité des recherches dans leur domaine de spécialisation.

 

L’AGuF

Arbeitsstelle Geschichte und Film (AGuF), Universität zu Köln

Page Twitter de l’AGuF

Colloque « Film & Visual History : Fragen – Konzepte – Perspektiven » (janvier 2016)

Instituts partenaires

Filmarbeitsstelle de l’Institut für Kulturwissenschaften, Universität Leipzig

Medienstelle de l’Historicum, Ludwig-Maximilians-Universität München