Dans le but de répondre à notre problématique, nous avons décidé d’étudier le parcours d’une femme politique suisse: Ruth Dreifuss. Nous avons fait le choix de nous concentrer sur ce personnage politique car elle reste encore aujourd’hui, l’une des femmes politiques les plus connues en Suisse et une figure emblématique.
Ruth Dreifuss est membre du parti socialiste suisse. De 1981 à 1993, elle est secrétaire de l’union syndicale suisse. Elle se consacre notamment aux questions d’assurances sociales, aux préoccupations féminines, ainsi qu’aux relations avec l’organisation internationale du travail. En 1993, elle devient la seconde femme élue au Conseil Fédéral, après Elisabeth Kopp en 1984. Ses grandes réformes sont de l’ordre social avec, par exemple, la réforme de l’assurance maladie (LAMal) lors de la votation du 4 décembre 1994 et de l’assurance vieillesse et survivants (AVS) le 25 juin 1995. Le 9 décembre 1999 elle devient la première femme à être élue présidente de la Confédération Suisse.
Domaines politiques dans lesquels Ruth Dreifuss est la plus représentée
Dans un premier temps, nous avons extrait un sous-corpus de 2646 articles évoquant la politique de Ruth Dreifuss. Afin d’obtenir un aperçu des thèmes en rapport avec la politicienne, nous avons réalisé plusieurs analyses de Reinert. Chacune d’entre elles porte sur le même corpus mais avec un nombre de classes maximal différent à chaque fois. Nous avons fait cela dans le but d’éviter que certaines classes ne soient cachées ou inclues dans d’autres alors qu’elles pourraient éventuellement apparaître en autorisant un nombre de classes supérieur. Pour un maximum de 20 classes nous en obtenons 9. L’une d’entre elle représentant clairement Mme Dreifuss.
Afin d’obtenir plus d’informations quant à l’apparition de ces classes au cours des années, nous effectuons une analyse chi2 sur la variable année. Tout d’abord, intéressons nous à la classe 3 en rapport avec le terme “élection”. Cette classe survient clairement pendant l’année 1993. Ce résultat coïncide très bien avec l’élection de Ruth Dreifuss au poste de membre du conseil général. De plus, la classe 7 regroupant les termes “assurance”, “social”, ou encore “maladie” est visible majoritairement au cours de l’année 1995. De la même manière, cette apparition est aisément justifiable par la réforme de l’assurance maladie et de l’assurance vieillesse sur cette même période. Pareillement, la classe 2 en rapport avec le “travail” est largement représentée à partir du début des années 1980 jusqu’au début des années 1990. Au cours de cette période, Ruth Dreifuss est secrétaire de l’Union syndicale suisse et est en relation avec l’Organisation internationale du travail. Toutes ces informations nous permettent de confirmer la cohérence du sous-corpus avec le parcours politique de Ruth Dreifuss. Cependant, il reste encore difficile d’obtenir quelques impressions de la presse romande sur la politicienne ciblée et encore plus sur les femmes politiques en général. Afin d’éviter de filtrer le corpus une nouvelle fois, ce qui limiterait encore le nombre d’articles, nous nous tournons vers une analyse qualitative pour tenter de répondre à la problématique.
La réforme de 1994 sur LAMal par Ruth Dreifuss
Nous avons décidé de réaliser notre analyse qualitative sur les articles en rapport avec la réforme de l’assurance maladie (LAMal) de 1994. Comme nous l’a montré l’annexe 2, cette réforme semble avoir générée énormément d’articles et l’étude de ces derniers est, à priori, un bon moyen de déterminer le regard que porte la presse romande sur Ruth Dreifuss en tant que femme politique. Nous gardons néanmoins à l’esprit qu’il ne faut non pas analyser les actions de cette femme en tant que personne mais en tant que femme politique afin d’apporter plus de sens et de précision à notre analyse quantitative. Nous avons ainsi retenu un total de 64 articles en rapport avec cette réforme et comportant le nom de Mme Dreifuss. Les sujets du “remboursement des échographies de routine par l’assurance maladie” ou encore de “l’accès aux médicaments contre le sida” semblent être au coeur du débat et génèrent énormément de discussions. Nous pouvons par exemple relever une première citation “Les associations de lutte contre le sida somment Ruth Dreifuss de se « réveiller »” montrant bien l’agacement de certaines personnes. Néanmoins d’autres semblent plus positives quant aux actions de la politicienne: “A l’évidence, Mme Dreifuss tente de faire bouger les choses. Mais sa bonne foi se heurte au système qui, quoi qu’elle en dise, demeure inadéquat face à l’urgence du moment”. De plus, Ruth Dreifuss s’attaque à un problème ardent qui semble depuis longtemps avoir été délaissé par ses prédécesseurs: “le choc après plus de quatre-vingts ans d’hibernation, l’assurance maladie a enfilé ses habits neufs en janvier de cette année”. Les articles que nous avons pu lire ne sont en aucun cas inondés de critiques portées à l’encontre de Mme Dreifuss en tant que “femme politique”. Bien que plusieurs d’entre eux présentent des preuves de mécontentement de la part de certains partis, le sexe de la politicienne n’affecte en rien le jugement porté par la presse romande. L’ensemble des textes issus du Journal De Genève semble d’ailleurs être favorables à la politique menée par la conseillère générale. Nous pouvons donc apporter un élément de réponse à notre problématique. Les femmes, au travers de l’exemple de Ruth Dreifuss, semblent être considérées comme l’égal des hommes par la presse romande, et la différence de sexe n’affecte en rien la vision des journaux tels que le Journal De Genève ou la Gazette De Lausanne.