Evaluer l’efficacité des zones à faibles émissions dans les villes

L’enjeu

Jusqu’à ce que les voitures électriques deviennent monnaie courante, les véhicules à moteur à combustion vont continuer à contribuer de manière importante à la pollution atmosphérique. L’ONU prévoit que d’ici 2050, 70% de la population mondiale vivra dans les villes, contre près de 56% aujourd’hui. Un accroissement de l’urbanisation signifie aussi plus de circulation dans ces zones, plus de pollution atmosphérique et des conséquences négatives sur la qualité de l’air, la santé et le climat. En même temps, la population exerce de plus en plus de pressions pour réduire les polluants atmosphériques, souvent via des campagnes d’assainissement de l’air.  En conséquence, les décideurs cherchent des moyens pour réduire notre exposition aux émissions des voitures.

Pour quelle raison est-ce important ?

Une solution consisterait à créer des zones à faibles émissions (ZFE) où l’utilisation des véhicules est réglementée. Les règles tendent à varier selon 3 critères: a) le type, l’âge du véhicule et sa consommation de carburant; b) le lieu où s’applique la ZFE – il peut s’agir de rues, de quartiers ou de la ville toute entière et c) l’heure – à quel moment de la journée les restrictions des ZFE s’appliquent. Mais les ZFE sont devenues un sujet de controverse dans de nombreux pays. Certains affirment qu’elles contribuent à réduire la circulation et encouragent à passer à des véhicules moins polluants. Cependant, leur influence sur le comportement des usagers de la route et la pollution atmosphérique en général est souvent difficile à évaluer.

Que disent nos professeur·e·s à HEC Lausanne ?

Avec ses co-auteurs, Virginie Lurkin, professeure à HEC Lausanne, a étudié les conséquences globales sur la pollution atmosphérique de différents scénarios de ZFE, chacun avec des règles différentes. Les résultats révèlent que selon la configuration des ZFE, les usagers de la route pourraient modifier leurs habitudes de telle sorte que les avantages potentiels des ZFE s’en verraient réduits. Certains des scénarios envisagés aboutiraient même à des réductions marginales, voire n’auraient aucun effet positif sur la pollution dans son ensemble.

«Les usagers pourraient choisir d’éviter les zones à faibles émissions, augmentant ainsi la distance parcourue et la pollution qui en résulte, et ce, tout en créant des ralentissements dans certaines parties de la ville à certaines heures. Certaines personnes pourraient également privilégier les transports publics, créant de potentiels problèmes de capacité», déclare Virginie Lurkin. «Il est donc essentiel de se concentrer sur les réductions des émissions dans la zone, mais d’étudier aussi la situation dans son ensemble pour identifier d’autres effets et problématiques.»

Elle ajoute: «En général, les comportements des usagers ne sont pas pris en compte dans ce type d’analyse des transports. Nous devons à présent intégrer une meilleure compréhension des attitudes et des perceptions des personnes touchées par les conséquences des différents scénarios ZFE»

Conclusion

Les mérites des ZFE sont déjà bien remis en question. Les travaux de la Prof. Lurkin contribuent au débat, en montrant comment les ZFE, malgré les meilleures intentions des décideurs politiques pour essayer d’améliorer la qualité de l’air, peuvent entraîner des conséquences négatives imprévues. Pour augmenter les chances d’obtenir un meilleur résultat, Virginie Lurkin souligne la nécessité de tenir compte du comportement d’un large groupe d’utilisateurs l