Thèse en sciences de l’environnement, soutenue le 2 décembre 2024 par Florian Barras, rattaché à l’Institut de géographie et durabilité (IGD) de la FGSE.
Même si la durabilité est très importante pour les banques aujourd’hui, le secteur bancaire moderne ne réussit pas à atteindre ses objectifs sociaux et environnementaux. Le mouvement de la décroissance, qui prône une transformation radicale de la société pour favoriser la justice sociale et la protection de l’environnement, critique ces défaillances. Cependant, il n’a pas encore proposé de modèle bancaire pour y remédier. Cette recherche vise donc à définir les principes d’un système bancaire qui correspond aux valeurs de la décroissance.
L’étude se penche sur les banques éthiques en Europe, en examinant leurs valeurs comme la justice sociale, la protection de l’environnement et la démocratie. Trois objectifs sont poursuivis :
- réinterpréter l’histoire des banques éthiques à la lumière des évolutions modernes,
- évaluer leur discours actuel par rapport à leurs valeurs morales et culturelles,
- les comparer aux valeurs de productivisme et d’individualisme de l’imaginaire contemporain de la modernité.
Pour cela, une méthode qualitative a été utilisée, avec une analyse des données recueillies auprès de 19 banques éthiques dans six pays européens. Les résultats montrent que ces banques, malgré leurs valeurs morales différentes, rencontrent des difficultés pour maintenir une cohérence morale face à des pressions économiques et réglementaires. Néanmoins, elles continuent d’appliquer des pratiques favorisant la solidarité et les objectifs moraux. L’étude souligne la viabilité de réduire la productivité au profit valeurs morales et de relations collectives, qui, en retour, renforce la résilience et réduit les risques.
À partir de ces observations, la recherche propose quatre grands principes pour un modèle bancaire en accord avec la décroissance : la solidarité comme valeur centrale, un cadre moral clair et transparent, une approche de slow banking basée sur la modération et la suffisance, une structure démocratique permettant la participation.
En promouvant des valeurs altruistes et en favorisant une prise de décision collective qui reflète des objectifs durables et démocratiques, ces principes répondent aux critiques du système bancaire actuel formulées par la littérature sur la décroissance.