Se relier au territoire et y trouver une place
Thèse en géographie, soutenue le 11 septembre 2024 par Léa Canevet, rattachée à l’Institut de géographie et durabilité (IGD) de la FGSE.
La thèse questionne notre rapport à l’espace social, physique, touristique, politique. Elle propose d’aborder les communs et les processus de commoning comme un moyen de se reconnecter au territoire en tant qu’individu et en tant que communauté.
Les communs sont définis par trois critères centraux : une ressource partagée, une communauté utilisatrice et des règles de gouvernance et de gestion (Coriat, 2015; E. Ostrom, 1990; Roudaut & Cecutti, 2017; Thomé, 2016). Depuis une vingtaine d’année, l’utilisation croissante du terme de « commun » (seul ou accompagné d’un adjectif) aussi bien dans la littérature scientifique (Hess, 2008 ; Bollier, 2014 ; Coriat 2015 ; Foster & Iaione, 2015 ; Festa, 2016 ; Pusey & Chatterton, 2016 ; Bianchi & al., 2022 ; Newton et Rocco, 2022) que dans d’autres sphères (publique, politique) montre un regain d’intérêt pour le concept.
L’étude des communs permet d’aborder un vaste champ de thématiques en proposant des alternatives aux modèles dominant de gouvernance et de gestion des ressources sur les territoires (Kebir & Wallet, 2021). Certains communs produisent des biens et des services s’appuyant sur des ressources locales et participent à une forme de développement du territoire (Kebir & Wallet, 2021).
Parmi les biens et les services proposés par les communautés gérant les communs, certains sont destinés aux touristes ou sont utilisés par ces derniers. En effet, les évolutions des pratiques touristiques montrent la volonté des touristes de vivre des expériences plus authentiques que certains communs semblent proposer. En outre, le tourisme s’appuie depuis de nombreuses années sur des ressources communes (comme les paysages) pour se développer (Briassoulis, 2002 ; Holden, 2005 ; Goodwin, 2017), participant parfois à la destruction de ces dernières (Pintassilgo & Silvia, 2007 ; De & al., 2020). Cette relation entre les communs et le tourisme peut être à la fois un atout (générer des revenus, diffuser des idées, etc.) pour les communautés gérant les communs, mais peut également constituer un risque (appropriation, dévoiement, etc.).
Au vu de la revue de littérature, la problématique proposée est la suivante : quel rôle jouent les communs et les processus de commoning dans la redéfinition d’une nouvelle acception du développement territorial et touristique ? Pour répondre à cette question, deux études de cas ont été sélectionnée : Hôtel du Nord à Marseille et Darwin à Bordeaux. La première propose des balades et des chambres d’hôtes dans les quartiers Nord de Marseille et la seconde est un tiers-lieu installé dans une ancienne caserne militaire qui est devenu une attraction touristique incontournable à Bordeaux. Pour comprendre ces initiatives, des méthodes qualitatives ont été mises en place (entretiens, observations, observations participantes, etc.). En étudiant ces initiatives sous le prisme du tourisme et du développement territorial, la thèse fait émerger un certain nombre d’interrogations (en termes d’aménagement du territoire, de nouvelles pratiques touristiques et économiques et de gouvernance territoriale). Dans le contexte actuel de crises environnementale, démocratique et économique, la thèse présente les communs comme des outils d’expérimentation de nouvelles pratiques plus durables et des moyens de se relier et de trouver une place dans les territoires.