Thèse en géographie, soutenue le 30 juin 2023 par Andrea Ferloni, rattaché à l’Institut de géographie et durabilité (IGD) de la FGSE.
La transition vers les véhicules électriques (VE) est en cours, mais plusieurs adaptations vont être nécessaires afin de remplacer toutes les voitures conventionnelles par des électriques. Notamment, il sera nécessaire d’intégrer les sources d’énergie renouvelable dans le réseau électrique, mais aussi de produire des batteries toujours plus performantes et – bien sûr – de pouvoir les recharger. La transition vers les VE est donc un processus co-évolutif, car plusieurs technologies et secteurs différents sont en train de changer et de s’influencer mutuellement.
Dans cette thèse je considère trois technologies principales : véhicule électrique, batterie et « smart grid ». À l’aide de données sur les brevets et les réseaux multinationaux, j’étudie comment ces différentes technologies sont devenues de plus en plus liées au cours du temps, d’un point de vue technologique. L’hypothèse que je formule est que si ces technologies deviennent plus connectées, leur invention et production devraient être plus co-localisées géographiquement.
En effet, nous savons de la littérature en géographie économique que la proximité spatiale favorise le développement d’innovations et l’échange d’informations. La recherche sur les transitions se concentre de plus en plus sur les dynamiques multisectorielles qui caractérisent les transitions contemporaines, mais elle n’explique pas comment les interactions dans les villes pourraient favoriser l’émergence d’interactions multisectorielles. Le but de cette thèse est de combiner ces deux littératures pour fournir des éléments permettant de comprendre si et comment la proximité géographique et les réseaux locaux peuvent favoriser l’émergence de complémentarités entre les secteurs de l’automobile, des batteries et des « smart grid ».
Les transitions sociotechniques, telles que la transition vers les VE, impliquent le remplacement de technologies établies par de nouvelles, avec leurs ramifications sociales, productives et institutionnelles. En particulier, cette transition aura d’importantes conséquences sociales, car nombreux secteurs productifs devront être remplacés, et d’autres devront être crées. Ce processus risque d’être géographiquement inégal, car certaines régions urbaines seront plus capables que d’autres d’attirer de nouveaux emplois innovants. Cette recherche fournit des éléments permettant de comprendre quel rôle jouent les interdépendances entre différents secteurs dans l’invention et production des VE.
Les résultats montrent une corrélation croissante dans le temps entre les technologies des VE, des batteries et des réseaux intelligents. La transition vers les VE implique que les inventions dans ces technologies deviennent connectées et co-localisées. Les villes automobiles traditionnelles conservent un rôle clé dans l’innovation, mais les régions spécialisées dans les batteries et les réseaux intelligents sont celles où les brevets relatifs aux VE augmentent le plus, ce qui signifie que les compétences émergentes dans les secteurs connexes pourraient être plus importantes pour l’innovation.