Dynamique biophysique et géochimique des termitières de Macrotermes michaelseni dans un écosystème de savane (Botswana)

Thèse en géographie, soutenue le 25 novembre 2022 par John Van Thuyne, rattaché à l’Institut des dynamiques de la surface terrestre (IDYST) de la FGSE.

Ce travail de thèse a été entrepris dans le but de mieux circonscrire les modifications apportées par les termites champignonnistes (TC) de la savane sud-africaine (Chobe Enclave, Botswana). Les TC sont connus pour concentrer certains nutriments, favoriser le développement de la végétation et créer des points d’eau en milieu semi-aride.

Il y a 30 millions d’années, une sous- famille de termites a développé une symbiose avec un champignon dans les forêts tropicales humides d’Afrique. Cette symbiose a permis à cette sous-famille de coloniser de vastes régions semi-arides, qui leur étaient alors inaccessibles. Pour satisfaire cette symbiose, les TC doivent construire un nid reproduisant les conditions de vie de ce champignon, c’est à dire assurer une température plus de 30°C et un taux d’humidité de plus de 80%. A cet effet, les TC modifient substantiellement le sol sur lequel ils établissent leurs termitières.

La perspective de recherche visée par cette étude est de mettre en évidence le rôle géologique des TC en tant que réacteurs de transformation de la géologie de surface de ces paysages de brousse semi-arides et subtropicaux. Il a été démontré au cours de ce travail que les TC s’adaptent à tout type de sol et qu’ils choisissent parmi les grains minéraux présents un mélange approprié de grandeurs de grains (i.e. texture) pour chaque zones et fonctions de la termitière.

En outre, il a été mis en évidence que les TC assemblent des grains minéraux avec de la salive, de la matière organique et de l’eau, formant ce que l’on appelle des agrégats (i.e. structure). Les TC peuvent ajuster le type d’agrégat selon le compartiment et la fonction de ce dernier, en ajoutant ou en retirant de l’eau et en adaptant la quantité et la qualité de la matière organique.

De plus, cette recherche a établi que certains éléments relativement rares dans la région d’étude, tel que le calcium, peuvent être ramenés et concentrés au cœur de la termitière grâce aux conditions physico-chimique produites en son sein. Du fait de ces conditions, des processus et réactions biogéochimiques se développent à l’intérieur de la termitière, comme dans un mini-réacteur, permettent l’accumulation de cet élément chimique (calcium).

Les divers changements apportés par les TC laissent des traces significatives dans les formations superficielles géologiques, tel que des horizons termitiques, des concrétions carbonatées ou des restes de termitières reliques enfouies dans le sol. Ces différentes empreintes pourraient être utilisées pour reconstituer des paléo-environnements.

En conclusion, les TC peuvent être considérés comme des agents géologiques modifiant profondément le sol autour de leurs termitières et ayant des effets durables sur l’évolution des savanes subtropicales africaines.

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