Thèse soutenue en géographie par Haj Asaad Ahmed à la FGSE, le 4 février 2022, rattaché à l’ Institut de géographie et durabilité (IGD)
Dans le contexte complexe du conflit syrien, l’hypothèse est que l’eau joue un rôle fédérateur dans la société en tant que réponse à un besoin fondamental et ressource utilisée par tous.
La thèse est basée sur la méthode recherche-action. Il s’agit d’identifier les éléments qui contribuent à la création de mécanismes de dialogue et de négociation autour de l’exploitation et du partage des ressources en eau et leur rôle dans la cohésion sociale, la résilience et la réconciliation en période de post-conflit en Syrie. Ensuite, la thèse s’appuie sur des projets de réhabilitation et de mangement des infrastructures hydrauliques en prenant en considération ces éléments.
La thèse porte sur les politiques d’utilisation de l’eau et les conditions socioéconomiques de son exploitation en Syrie. Elle analyse et localise les effets des différentes politiques de développement adoptées depuis un siècle sur ressources en eau en Syrie, ainsi que les effets du conflit en cours sur les infrastructures hydrauliques, la production agricole et industrielle, le déplacement de la population et l’évolution de la structure sociale. Finalement, ce travail porte un regard sur les modes et les logiques d’utilisation de l’eau par les différents acteurs locaux (en tant que moyen de renforcement de la base populaire, outil de guerre ou outil de coopération). Il clarifie, également, la stratégie territoriale des acteurs internationaux intervenants dans le conflit, telle que le contrôle des sources d’approvisionnement en eau.
L’analyse nous a permis d’identifier les éléments socioéconomiques, techniques et naturels qui ont fait leur preuve et qui, de notre point de vue, devront être pris en considération dans le processus de réhabilitation des infrastructures et le management de l’eau dans une perspective de la réconciliation. Ces éléments ont été introduits dans les stratégies des projets de la réhabilitation des infrastructures hydrauliques et management de l’eau en œuvre dans le cadre de la thèse à Ar Ruj et à Afrin. Les objectifs de ces projets vont au-delà de la réponse aux besoins en eau (potable et d’irrigation) en renforçant la résilience, la cohésion sociale et la réconciliation.
Soutenir l’accès à l’eau n’est pas seulement une réponse à un besoin critique mais aussi un moyen d’engager les collectivités locales dans des négociations avec un éventail plus ou moins large d’acteurs (usagers de l’eau « locaux et déplacés », structures de pouvoir locales, acteurs économiques…) pour mettre en place des systèmes de gestion de l’eau viables et pour résoudre les autres problèmes sociaux qui ne sont pas liés au partage de l’eau. Ceci est organisé par les associations d’usagers de l’eau comme activité connexe à leur activité principale de gestion de l’approvisionnement en eau. Elles ont été fondées dans le cadre de ces projets.
Les résultats concrets obtenus montrent que l’accès à l’eau peut constituer, dans certains réseaux d’approvisionnement en eau, un moyen d’entamer des négociations et de renforcer la cohésion sociale entre utilisateurs comme une étape dans le long processus de la réconciliation.