La dérive des continents sous un nouvel éclairage

Modèle classique d’un rift. D’après Peron PInvidic and Manatschal 2009.

Alors que la théorie de la tectonique des plaques a 50 ans d’histoire, un nouveau paradigme scientifique, paru dans la prestigieuse revue Nature Geoscience, remet en question les processus de la dérive des continents.

Des forages de grande profondeur ont été effectués en Mer de Chine méridionale (SCS) par l’International Ocean Discovery Program (IODP) dans le but de mieux comprendre le processus fondamental de la dislocation des continents. Le Dr en géologie Anders Mc Carthy, ancien membre de l’Institut des sciences de la Terre, actuellement en poste à l’Université de Bristol, a contribué à une perception renouvelée de ce processus avec la mise en évidence d’une élasticité inattendue des grandes plaques tectoniques, dans le cadre d’une importante étude internationale. La méthode de travail consiste en des forages de grande profondeur, jusqu’à 1600 mètres sous le fonds marin, afin d’en extraire des carottes de sédiments et basaltes d’une trentaine de millions d’années.

Jusque dans les années 1990, on pensait à la suite d’Alfred Wegener, auteur de l’hypothèse de la dérive des continents (1915), qu’une nouvelle croute volcanique de 5 à 6 km d’épaisseur venait progressivement combler le plancher marin étiré par la dislocation des continents. Or, l’analyse des carottages effectués le long des marges de l’Atlantique Nord et l’analyse des coupes sismiques a démontré soit une épaisseur volcanique de 15 à 20 km, soit l’absence totale de volcanisme pendant des millions d’années. Cela signifie que les plaques ont résisté à l’éclatement, et qu’elles ont donc été étirées sur un temps très long sans volcanisme ou avec un volcanisme minime. L’Islande est un cas à part où le manteau est excessivement chaud sous l’effet d’un volcanisme intense lié à un point chaud. Le Dr Anders McCarthy est le contributeur helvétique de cette découverte cruciale pour la compréhension de ce phénomène fondamental. L’expédition marine a en outre réuni de nombreux scientifiques de toutes origines, y compris de la Chine, des Etats-Unis, du Japon, du Brésil, d’Allemagne et de la France.

Cette expédition à bord du navire de forage RV/JOIDES Resolution a mis en évidence la rupture d’un continent, elle-même suivie d’un étalement du fond marin, générant ainsi une croûte océanique ‘normale’ épaisse d’environ 6 km, produite par accrétion classique, magmatique. Cette importante découverte est considérée comme le « chaînon manquant » dans la tectonique des plaques à l’origine de la rupture d’un continent.

Auteur : CellComDec / Nicolas Bourquin

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