Journée mondiale de la météorologie

La journée internationale de la météorologie commémore l’entrée en vigueur, le 23 mars 1950, de la Convention qui a institué l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Cette organisation a contribué au progrès rapide des sciences météo-climatiques, des technologies connexes et de la coopération internationale.


Commentaires de Jean-Michel Fallot,
Maître d’enseignement et de recherche à l’Institut de géographie et durabilité

Après une pause de quelques années (2002-2013), le réchauffement global du climat a repris de plus belle ces 3 dernières années. Ainsi, l’année 2016 a été la plus chaude jamais mesurée sur Terre depuis 1880 devant 2015 et 2014. Toutefois, on ne peut pas encore parler de rupture, car de telles phases de réchauffement ont déjà été mesurées dans le passé.

Evolution des températures moyennes globales mesurées à la surface de la Terre de 1880 à 2016. Ecart des températures (anomalies) par rapport à la normale 1961-1990. Source : NASA (2017)

Les températures globales dépendent aussi de facteurs naturels (oscillations océaniques, activité du soleil, éruptions volcaniques, …) qui peuvent contribuer à accélérer ou atténuer le réchauffement global du climat mesuré depuis le début du 20e siècle et lié à l’augmentation des concentrations des gaz à effet de serre dans notre atmosphère.

Responsabilité de l’homme

La grande majorité des scientifiques admettent la responsabilité de l’homme dans l’évolution du climat global et des concentrations des gaz à effet de serre depuis le début de la Révolution industrielle. Si les émissions de ces gaz d’origine humaine devaient par miracle stopper aujourd’hui, il faudrait encore attendre plusieurs années avant de voir une diminution des concentrations des gaz à effet de serre, car la plupart d’entre eux ont une durée de vie de plusieurs dizaines, voire centaines d’années, dans l’atmosphère. Une fois ces concentrations stabilisées, les températures globales devraient encore continuer d’augmenter légèrement (jusqu’à 0.5°C ?) pendant plusieurs années à cause de l’inertie thermique des océans et des glaciers.

L’année 2016 a été en moyenne plus chaude de 1.1°C que la période pré-industrielle. Le seuil de 1.5°C retenu dans la Conférence sur le Climat de Paris (COP-21) de décembre 2015 me semble ainsi bien utopique et celui de 2°C sera également difficile à atteindre si aucune mesure n’est prise pour réduire drastiquement et rapidement les émissions des gaz à effet de serre. Les climatologues pensent qu’au-delà de 2°C, le réchauffement global du climat serait irréversible avec des conséquences catastrophiques.

Les modélisations du climat prévoient que celui-ci devrait encore se réchauffer de 0.9°C d’ici à l’an 2050 par rapport aux températures moyennes de la fin du 20ème siècle (soit environ 1.5°C par rapport à la période pré-industrielle) pour le scénario le plus optimiste (RCP2.6) avec une baisse des émissions des gaz à effet de serre dès l’an 2020 et des émissions de CO2 d’origine humaine nulles à partir de l’an 2080. Les températures devraient ensuite rester constantes durant la 2ème moitié du 21ème siècle avec ce scénario. Par contre, ce réchauffement global pourrait atteindre 3.5°C d’ici à la fin du 21ème siècle (par rapport à l’an 2000) si la croissance des émissions des gaz à effet de serre devait se poursuivre au rythme actuel. Il est donc urgent d’agir pour espérer limiter le réchauffement global du climat à 2°C d’ici à la fin du 21ème siècle par rapport à la période pré-industrielle, même si les effets des mesures ne seront pas visibles avant plusieurs années, ce qui peut refroidir l’ardeur des autorités à prendre de telles mesures forcément impopulaires.

Phénomènes climatiques extrêmes

Les modèles climatiques prévoient aussi que plusieurs phénomènes climatiques extrêmes comme les vagues de chaleur, les sécheresses ou les fortes précipitations devraient s’accroître dans le futur en relation avec le réchauffement du climat. Une telle tendance est déjà perceptible depuis quelques dizaines d’années dans de nombreuses régions sur Terre. Ainsi, l’année 2016 s’est signalée par plusieurs canicules extrêmes en Afrique et en Asie avec une pointe de 54°C au Koweit, soit un nouveau record de chaleur pour l’Asie (pas très loin du record mondial de 56.7°C mesuré dans la vallée de la Mort en Californie). L’Arctique a également connu des températures exceptionnellement chaudes en 2016, si bien que la surface de la banquise est restée sensiblement plus petite que les années précédentes. Elle s’est déjà rétrécie en moyenne de 12 à 15% à l’échelle annuelle (et de 40 à 45% à la fin de l’été) depuis 1979 et elle pourrait entièrement fondre en été sur l’Arctique d’ici à la fin du 21ème siècle pour les scénarios climatiques les plus pessimistes, ce qui contribuerait à renforcer encore davantage le réchauffement du climat déjà très sensible dans cette région. La surface de la banquise était également plus basse que la normale durant l’année 2016 autour de l’Antarctique, alors qu’elle avait plutôt tendance à légèrement augmenter depuis 1979.

Les vagues de froid devraient se raréfier dans le futur, sans pour autant disparaître, à l’image du mois de janvier 2017 le plus froid enregistré en Suisse depuis 30 ans ou de la tempête de neige qui a balayé le Nord-Est des USA en mars 2017. Cela pour couper l’herbe sous les pieds de certains climato-sceptiques prêts à se baser sur n’importe quel phénomène météorologique particulier pour remettre en cause le réchauffement global du climat et ainsi minimiser la responsabilité de l’homme.

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