Presque vingt-cinq ans après le Sommet de la Terre à Rio (1992), en cette Journée mondiale du climat, il est difficile de ne pas se remémorer la phrase marquante du discours de Jacques Chirac énoncée lors du Sommet du Développement Durable à Johannesburg : « Notre maison brûle, mais nous regardons ailleurs ». La « lutte climatique » ne cesse d’être brandie et motivée à travers des concepts tels que le « développement durable », « l’économie verte », « la résilience climatique », etc. Or, il semble que ce qui est présenté comme des extincteurs ne parvient pas à étouffer ce qui consume notre maison, la planète Terre.
Et pourtant, face à ce constat qui pourrait en décourager plus d’un, des individus, les simplicitaires, expérimentent, à travers un mode de vie qui se veut en adéquation avec les limites biosphériques, une manière concrète de non pas lutter contre un changement climatique qui est en train de se réaliser, mais plutôt d’éviter d’alimenter les causes de celui-ci. Aussi, l’issue face à l’urgence climatique ne se trouve certainement pas uniquement au sein des solutions technophiles présentées jusqu’à présent et généralement coûteuses en « capital naturel ». Elle se trouve aussi et même avant tout dans notre appétence à nous rappeler ce qui fonde les conditions de possibilités de notre existence : le système Terre dans toute sa complexité et ses limites matérielles. Les simplicitaires le savent, comme beaucoup d’entre nous à vrai dire. En revanche, eux le cultivent au sein de leur expérience sensible quotidienne du monde et parviennent à l’intégrer dans leur agir et dans leurs choix éthiques de tous les jours. Habités par cette humilité, les simplicitaires pensent et réalisent un mode de vie en quête d’harmonie avec la nature, plutôt que de lutter contre quelque chose qu’ils ne peuvent maîtriser une fois déployé.
Ce regard singulier sur la nature, nourri par la relation intime que les simplicitaires entretiennent avec la nature, relate une belle manière d’ « engranger les moissons esthétiques » de la nature, d’inspirer le travail du chercheur et d’éviter de souffler sur ce qui pourrait ressembler à un brasier.
Diane Linder
Assistante diplômée à l’Institut de géographie et durabilité