Thèse soutenue par Théophile Emmanouilidis le 29 février 2016, Institut de géographie et durabilité (IGD)
Que ce soit d’un point de vue, urbanistique, social, ou encore de la gouvernance, l’évolution des villes est un défi majeur de nos sociétés contemporaines. En offrant la possibilité d’analyser des configurations spatiales et sociales existantes ou en tentant de simuler celles à venir, les systèmes d’information géographique sont devenus incontournables dans la gestion et dans la planification urbaine.
En cinq ans la population de la ville de Lausanne est passée de 134’700 à 140’570 habitants, alors que les effectifs de l’école publique ont crû de 12’200 à 13’500 élèves. Cet accroissement démographique associé à un vaste processus d’harmonisation de la scolarité obligatoire en Suisse ont amené le Service des écoles à mettre en place et à développer en collaboration avec l’Université de Lausanne des solutions SIG à même de répondre à différentes problématiques spatiales.
Établies en 1989, les limites des établissements scolaires (bassins de recrutement) ont dû être redéfinies afin de les réadapter aux réalités d’un paysage urbain et politique en pleine mutation. Dans un contexte de mobilité et de durabilité, un système d’attribution de subventions pour les transports publics basé sur la distance domicile-école et sur l’âge des écoliers, a été conçu. La réalisation de ces projets a nécessité la construction de bases de données géographiques ainsi que l’élaboration de nouvelles méthodes d’analyses exposées dans ce travail. Cette thèse s’est ainsi faite selon une dialectique permanente entre recherches théoriques et nécessités pratiques.
La première partie de ce travail porte sur l’analyse du réseau piéton de la ville. La morphologie du réseau est investiguée au travers d’approches multi-échelles du concept de centralité. La première conception, nommée sinuo-centralité (« straightness centrality »), stipule qu’être central c’est être relié aux autres en ligne droite.
La deuxième, sans doute plus intuitive, est intitulée centricité (« closeness centrality ») et exprime le fait qu’être central c’est être proche des autres. Les méthodes développées ont pour but d’évaluer la connectivité et la marchabilité du réseau, tout en suggérant de possibles améliorations (création de raccourcis piétons).
Le troisième et dernier volet théorique expose et développe un algorithme de transport optimal régularisé. En minimisant la distance domicile-école et en respectant la taille des écoles, l’algorithme permet de réaliser des scénarios d’enclassement. L’implémentation des multiplicateurs de Lagrange offre une visualisation du « coût spatial » des infrastructures scolaires et des lieux de résidence des écoliers.
La deuxième partie de cette thèse retrace les aspects principaux de trois projets réalisés dans le cadre de la gestion scolaire. À savoir : la conception d’un système d’attribution de subventions pour les transports publics, la création de nouveaux bassins de recrutement scolaires, ou encore la simulation des flux d’élèves se rendant à l’école à pied.