Portrait de Suren Erkman dans l’émission CQFD

La RTS a consacré un portrait radiophonique à Suren Erkman, Professeur associé à l’IDYST et pilier de l’écologie industrielle, dans l’émission CQFD du 28 novembre. Retour sur son intervention.

Le Prof. Erkman a un parcours atypique. Après avoir étudié la philosophie et la biologie, il s’est tourné vers le journalisme (il est d’ailleurs toujours certifié journaliste RP), puis vers le journalisme scientifique avant de devenir chercheur, enseignant et entrepreneur. Son cheval de bataille est devenu l’écologie industrielle qu’il enseigne à l’UNIL.

Etymologiquement, l’écologie industrielle semble être une discipline contre intuitive. Or, par écologie, on entend la science des écosystèmes et par industrielle, les sociétés contemporaines et toutes les activités de production, services et autres qui leur sont associées. Le but de cette discipline qui a émergé au début des années nonante est donc de concilier nos sociétés industrialisées avec la Biosphère, à comprendre comme l’ensemble planétaire vivant.

L’écologie industrielle vise à l’optimisation de la consommation humaine, à la minimisation des effluents des industries, au recyclage automatique et à la valorisation des déchets comme ressources, par les grandes, moyennes et petites entreprises, la société civile et des stratégies coopératives. En d’autres termes, l’analogie avec l’écologie prend son sens dans l’idée de métabolisme industriel appliqué aux activités humaines, de la même façon qu’un écosystème naturel dépend de flux de matières associés au biotope et à la biocénose. On parle ainsi de création de parcs ou de réseaux industriels où une collaboration transversale permet d’échanger de l’eau, de la vapeur, des matériaux ou de la chaleur (entre autres), afin que les déchets d’un acteur soient valorisés comme ressources pour un autre acteur.

Si la conscience environnementale à un niveau sociétal va probablement grandissante, c’est avant tout l’intérêt économique qui motive la démarche écologique dans l’industrie. En effet, la rareté des ressources, leur éloignement par rapport au lieu de production, leurs coûts sont tout autant de moteurs pour l’évolution d’un système économique qui de toute manière dépend de la biosphère, soit les ressources naturelles et les services écosystémiques dynamiques.

La finalité de l’écologie industrielle, comprise dans le principe du développement durable, est donc de minimiser les impacts sur l’environnement naturel, de favoriser la conservation des espèces et de préserver l’écoumène. Cette discipline s’inscrit donc dans une démarche économique qui se veut viable, partant du principe de l’entropie : la production de déchets dans un système vivant n’est pas évitable, et par analogie, les sociétés humaines doivent chercher à se replacer dans une coopération non destructive avec le vivant.

Dans un autre registre, Suren Erkman a participé à la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) depuis sa première session. Même si plus de 190 pays discutent de la question depuis plus de 20 ans, il n’y a à ce jour pas d’accord contraignant. Le professeur estime qu’en dehors du problème de concentration grandissante de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, on ne considère pas suffisamment la question de l’adaptation. Les Etats Nations ne sont pas à même de résoudre des problèmes globaux. Or, une forme de gouvernance internationale à ce sujet semble impérieuse, même si les disparités de richesse entre pays à l’heure actuelle semblent être un obstacle majeur sur le chemin de la justice environnementale.

En terme de communication, Suren Erkman estime qu’on a depuis trop longtemps mis l’accent sur l’alarmisme et le catastrophisme en environnement, quitte à susciter la lassitude du public voire la résignation. Le Professeur enseigne la communication environnementale à ses étudiants en les incitant à mettre en avant leur rapport personnel voire affectif à l’environnement, proche du concept « love not loss », qui avait émergé dans le milieu de la conservation en 2010.

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