Dans l’émission On en parle du 27 mai, à retrouver sur le site www.avisdexperts.ch de la RTS, Nathalie Chèvre, écotoxicologue et maître-assistante à la FGSE, discute la question du risque des micropolluants présents dans nos cours d’eau sur l’environnement et la santé humaine.
Une étude récente a révélé que des résidus de Diclofenac (un anti-inflammatoire courant) se trouvait en forte quantité dans les eaux du Canal Occidental (entre Orbe et Yverdon), avec une concentration de 200 nanogrammes par litre alors que les normes sont fixées à 50 nanogrammes. On considère ce seuil comme la limite d’impact pour la faune et la flore.
Il se pose donc les questions d’estimer la dangerosité de telles substances dans l’eau et d’évaluer notre capacité à réagir face à ce phénomène. Or, si nous pouvons depuis peu détecter des résidus médicamenteux et autres micropolluants par le biais d’analyses mises au point récemment, il reste un long parcours à faire avant que les STations d’EPuration (STEP) soient suffisamment modernisées pour pouvoir filtrer et neutraliser des substances dont on a encore de la peine à mesurer l’impact.
Pour ce qui est de la faune, Nathalie Chèvre rappelle que les poissons peuvent être gravement affectés par ces micropolluants : en effet, on a déjà observé des lésions du foie et des reins sur des truites suite à la pollution de leur biotope, voire même des diminutions de la population piscicole en général. Concernant la santé humaine, les quantités de médicaments ingérés via l’eau potable demeurent sensiblement inférieures à l’ingestion d’un comprimé de Diclofenac. Cependant, le phénomène de bio-accumulation de substances indésirables a priori indésirables pose problème. On n’en connaît pas encore l’impact sur le long terme. On ne connaît pas non plus l’effet des interactions des micropolluants que l’on retrouve dans tout notre environnement, habitat, lieu de travail et autre (à l’état gazeux, solide ou liquide). Même si l’écotoxicologue ne se veut pas alarmiste, il convient de faire preuve de vigilance. Par ailleurs, il est rassurant de savoir que l’eau potable du robinet est généralement bien traitée en Suisse et saine, d’autant que l’eau en bouteille ne contient pas moins de substances toxiques.
Ce problème relève donc des questions de plus en plus classiques de l’anticipation du risque, du principe de précaution ainsi que d’une recherche accrue et fréquemment actualisée sur la toxicité de ces éléments polluants qui accompagnent notre mode de vie.