Thèse soutenue par Rouven Künze le 6 mars 2014, Institut des dynamiques de la surface terrestre
Les nappes phréatiques caractérisées par des structures poreuses et des fractures très perméables représentent un intérêt particulier pour les hydrogéologues et ingénieurs environnementaux. Dans ces milieux, une large variété d’écoulements peut être observée. Les plus communs sont le transport de contaminants par les eaux souterraines, le transport réactif ou l’écoulement simultané de plusieurs phases non miscibles, comme le pétrole et l’eau. L’échelle qui caractérise ces écoulements est définie par l’interaction de l’hétérogénéité géologique et des processus physiques.
Un fluide au repos dans l’espace interstitiel d’un milieu poreux peut être déstabilisé par des gradients de densité. Ils peuvent être induits par des changements locaux de température ou par dissolution d’un composé chimique. Les instabilités engendrées par des gradients de densiié revêtent un intérêt particulier puisque qu’elles peuvent éventuellement compromettre la qualité des eaux. Un exemple frappant est la salinisation de l’eau douce dans les nappes phréatiques par pénétration d’eau salée plus dense dans les régions profondes. Dans le cas des écoulements gouvernés par les gradients de densité, les échelles caractéristiques de l’écoulement s’étendent de l’échelle poreuse où les phénomènes de croissance des instabilités s’opèrent, jusqu’à l’échelle des aquifères sur laquelle interviennent les phénomènes à temps long.
Etant donné que les investigations in-situ sont pratiquement impossibles, les modèles numériques sont utilisés
pour prédire et évaluer les risques liés aux instabilités engendrées par les gradients de densité. Une description correcte de ces phénomènes repose sur la description de toutes les échelles de l’écoulement dont la gamme peut s’étendre sur huit à dix ordres de grandeur dans le cas de grands aquifères. Il en résulte des problèmes numériques de grande taille qui sont très couteux à résoudre. Des schémas numériques sophistiqués sont donc nécessaires pour effectuer des simulations précises d’instabilités hydro-dynamiques à grande échelle.
Dans ce travail, nous présentons différentes méthodes numériques qui permettent de simuler efficacement et avec précision les instabilités dues aux gradients de densité. Ces nouvelles méthodes sont basées sur les volumes finis multi-échelles. L’idée est de projeter le problème original à une échelle plus grande où il est moins coûteux à résoudre puis de relever la solution grossière vers l’échelle de départ. Cette technique est particulièrement adaptée pour résoudre des problèmes où une large gamme d’échelle intervient et évolue de manière spatio-temporelle.
Ceci permet de réduire les coûts de calculs en limitant la description détaillée du problème aux régions qui contiennent un front de concentration mobile. Les aboutissements sont illustrés par la simulation de phénomènes tels que l’intrusion d’eau salée ou la séquestration de dioxyde de carbone.