Thèse soutenue par Augustin Fragnière le 21 mars 2014, Institut de géographie et durabilité
La question centrale de ce travail est celle de la relation entre finitude environnementale et liberté individuelle. Par finitude environnementale il faut entendre l’ensemble des contraintes écologiques variées qui posent des limites à l’action humaine. Celles-ci sont de deux types généraux : les limites de disponibilité des ressources naturelles et les limites de charge des écosystèmes et des grands cycles biogéochimiques globaux. L’approche retenue dans ce travail pour traiter des questions de liberté individuelle est celle de la philosophie politique, discipline qui élabore des théories normatives ayant trait à la signification et à la justification de valeurs politiques telles que liberté, égalité ou justice, mais aussi au fonctionnement et aux limites des institutions.
La thèse examine tour à tour trois théories particulières de la liberté politique : la théorie libertarienne de la propriété, la théorie libérale de la neutralité et la théorie dite néo-républicaine, afin d’en évaluer la pertinence dans le cadre d’un monde marqué par la finitude environnementale. Elle conclut que les deux premières sont en conflit avec la nécessité de prendre en compte de telles limites et qu’une approche néo-républicaine est donc mieux à même de répondre aux enjeux écologiques.
Le néo-républicanisme propose en effet une conception de la liberté qui n’est pas directement fonction de l’ensemble des choix à disposition d’un individu, mais qui caractérise plutôt la protection dont celui-ci jouit à l’égard de la domination des autres (mari, employeur, administration, etc.). Dans cette optique la loi, bien loin d’être une entrave à la liberté, en est la meilleure garantie. Au contraire des autres doctrines envisagées, le néo-républicanisme ne voit donc aucune contradiction entre l’existence de régulations environnementales œuvrant à la sauvegarde du bien commun et la promotion de la liberté.