En direct de l’International Geological Congress (IGC34) de Brisbane – Lettre 2

Après les exposés du jeudi 9 août de l’IGC-34 : La session de : « Geopollution, dust, and man made strata»  avait bien en fait son focus sur la géologie de l’Anthropocène – qui était même le titre d’une présentation (« Geology of the Anthropocene »). En conclusion, ce que je peux dire après avoir assisté à ces conférences :

Selon plusieurs exposés il est clair que les strates géologiques des villes, de l’agriculture et d’autres « sites » anthropogéniques ont chacune des compositions chimiques, des textures physiques et des constitutions sédimentologiques différentes : elles sont en général hétérogènes, et contiennent des composantes organiques et inorganiques de pollution produits par l’homme et donc souvent uniques. Le problème est largement que les types de composants présents sont différents d’un endroit à l’autre, d’une ville à l’autre et même si, à cause de l’urbanisation, les surfaces occupées par les villes sont déjà environ de l’ordre de 10% pour quelques pays (notamment en Europe) et la surface agricole environ de 70%, il y a suffisamment d’hétérogénéité pour que la définition d’une strate typique et mondialement visible reste encore aujourd’hui difficile à établir, même si cela est nécessaire pour la définition d’une époque au sens géologique.

Mais la sous-commission GEM est en train de standardiser l’approche, la cartographie de telles couches et en même temps d’en chercher le point commun. De plus, il y a pas mal de variations en fonction du temps, lié à l’âge d’urbanisation différente d’une ville à l’autre et à l’exploitation du paysage.

Bref, la sous-commission de l’IGC nommée « Geosciences for environmental management » (GEM) ; voire aussi www.iugs-gem.org) est encore en train d’essayer de définir ce qui serait typiquement représentatif d’une couche de sédiments dite « man-made » et que nous pourrons utiliser ensuite pour placer des limites à l’Anthropocène…

Il y a eu aussi une conférence plénière du Prof. Will Steffen (co-auteur du chapitre dur l’Anthropocène du livre The Geologic Time Scale 2012. Faisant référence aux grandes phases de changement dans le passé par rapport au changement climatique global actuel d’origine anthropique, il a suggéré que le changement rapide intervenu pendant le LPTM (Late Paleocene-Eocene Thermal Maximum – caractérisé par un relâchement rapide des clathrates du méthane et non pas de CO2 comme aujourd’hui), est probablement la meilleure analogie que l’on puisse trouver en terme de vitesse de changement et d’adaptation de la faune, de la flore, etc…

Bien à vous, meilleures salutations de Brisbane.

4 Comments on “En direct de l’International Geological Congress (IGC34) de Brisbane – Lettre 2”

  1. Un site dédié à l’anthropocène

    http://www.anthropocene.info/en/home

    Scientific concepts like the Anthropocene, planetary boundaries and planetary stewardship have heralded a profound shift in perception of our place in the world: a growing evidence base of scientific observations show we have become the prime driver of global environmental change. These new concepts are powerful communication tools as we move towards global sustainability.

    Welcome to the Anthropocene is a website which is designed to improve our collective understanding of the Earth system. The site aims to inspire, educate and engage people about humanity’s impact on Earth. Its unique combination of high-level scientific data and powerful imagery will help people visualize and better understand humanity’s geographic imprint in recent time.

    The website is a collaborative project between researchers and communicators from some of the leading scientific research institutions on global sustainability.

    The International Geosphere-Biosphere Programme (IGBP) coordinates international research on global-scale and regional-scale interactions between Earth’s biological, chemical and physical processes and their interactions with human systems.

    Contact person: Owen Gaffney

  2. Je ne connais pas ce domaine, mais ce que tu évoques, Nicolas, n’est rien moins que l’espace-temps. C’est intéressant de manière générale pour les géosciences car pour chaque processus on doit adapter les échelles d’espace, mais également des échelles temporelles. Peut-être que les spécialistes pourraient répondre sur ces échelles d’espace et de temps (et peut-être y en a-t-il plusieurs, comme dans pas mal de processus multiniveaux que l’on étudie aujourd’hui)….

  3. A la lecture de ces très intéressantes informations, on a l’impression que la commission de stratigraphie tente d’appliquer une méthodologie, un cadre d’analyse et des critères très stricts qui bien qu’ils soient efficaces pour établir une échelle stratigraphique sur le temps long, semblent inadaptés pour ce cas particulier.
    Par conséquent, est-ce qu’au-delà de tentatives d’application des critères existants, il y a au sein de la commission des discussions de fonds pour adapter la liste de critères et intégrer, en l’absence d’une strate ubiquiste et homogène, d’autres critères tels que la notion de taux d’extinction ou de composition de l’atmosphère?
    Pour rappel, si je ne me trompe, les changements environnementaux qui marquent le passage du Mésozoïque au Cénozoïque (plus connus sous le nom passage Crétacé-Tertiaire) se sont étalés sur plusieurs centaines de milliers d’années avant la chute d’un astéroïde et sont en lien avec un important volcanisme (trapps du Deccan) : on peut imaginer alors que si il y eut des stratigraphes durant les premières centaines d’années de cette période de transition, ils auraient eu bien de mal à mettre en évidence une strate témoignant du changement en cours.

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