Analyse comparée de régimes institutionnels de gestion des réseaux urbains de l’eau en stations touristiques de montagne

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Les cas de Crans-Montana (Suisse) et de Morzine Avoriaz (France)

Thèse en études du tourisme, soutenue le 2 juillet 2012 par Christian Bréthaut, rattaché à l’Institut de géographie et durabilité (IGD) de la FGSE.

La station touristique représente un espace urbain consacré principalement au tourisme, tout en comprenant également une population résidente permanente. Du point de vue de la gestion des réseaux urbains de l’eau, cette caractéristique induit pour ce type de lieu des usages propres à tout espace urbain mais également des spécificités liées à la forte fluctuation saisonnière de la population résidente ou encore à la présence d’usages particuliers tels que l’irrigation des golfs, la production de neige artificielle ou le thermalisme. Dès lors, la planification de l’approvisionnement est délicate et peu prévisible.

Ces difficultés sont renforcées par le fait que les concentrations temporelles de la demande coïncident généralement avec des périodes de stress hydrique notable. Dans le cas de stations balnéaires, les pics de fréquentation interviennent en général durant l’été lorsque la ressource en eau est peu disponible. Le problème est similaire dans les stations touristiques de montagne où l’eau est généralement indisponible car stockée sous forme de neige durant les mois de forte fréquentation. De plus, ces difficultés sont souvent renforcées par la localisation géographique des stations touristiques, fréquemment situées dans des espaces sensibles du point de vue de la ressource en eau, avec des situations de pénuries temporelles, voire structurelles.

Ces problématiques propres à la plupart des stations touristiques mènent souvent à de fortes rivalités entre, d’une part, les différents usages touristiques de la ressource, et d’autre part, les usages autochtones et touristiques.

Les particularités liées au tourisme tendent ainsi à renforcer les rivalités entre différents types de secteurs d’activité (approvisionnement en eau potable, tourisme, hydroélectricité, enneigement artificiel, irrigation, etc.). La régulation de ces différents usages en rivalité nécessite dès lors la mise en œuvre de règlementations structurées à travers des politiques publiques ainsi que des droits de propriété et selon des composantes nationales, régionales et locales ; soit un cadre institutionnel que nous proposons d’appeler Régime Institutionnel de Ressource (RIR).

À travers cette thèse de doctorat, nous répondons à différentes questions de recherche. Nous tentons d’abord de comprendre comment ces différents RIR sont mis en œuvre dans le cadre d’espaces touristiques ? Comment ces régimes sont-ils mis en œuvre par les acteurs par le biais d’un Arrangement de Régulation Localisé (ARL) et quels sont leurs effets en termes de durabilité technique, environnementale, sociale et économique des réseaux urbains de l’eau ?

Nous questionnons ensuite les effets du tourisme sur la gestion des infrastructures de réseau à l’échelle de la station touristique et de son bassin versant et nous nous interrogeons sur les effets du tourisme en termes de gestion des eaux urbaines. Nous portons notre attention sur deux stations touristiques situées dans deux contextes institutionnels différents : Crans-Montana (Suisse) et Morzine-Avoriaz (France) et y étudions trois types de régimes institutionnels en particulier : la régie directe (gestion publique), l’affermage (gestion déléguée) et la gestion privée des infrastructures.

Les enseignements issus de cette thèse de doctorat portent tout d’abord sur une comparaison de différents régimes institutionnels. Ils révèlent les forces et les faiblesses de chaque modèle de gestion dans le cas spécifique des stations touristiques ainsi que les différentes solutions adoptées localement pour la mise en œuvre d’un arrangement institutionnel permettant un usage plus ou moins durable des infrastructures de réseau et du réseau hydrographique naturel. La thèse montre ensuite dans quelle mesure le tourisme modifie de façon significative la perception et les modalités de gestion de la ressource en eau et des infrastructures. Elle indique enfin comment le tourisme peut devenir un facteur pour l’émergence d’une approche de la gestion de l’eau par le biais d’espaces fonctionnels.

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