Conférences
Le numérique, un espace ambigu pour l’égalité de genre
Josiane Jouët, professeure émérite en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Paris-Panthéon Assas
Aujourd’hui les femmes sont tout autant utilisatrices du numérique que les hommes. Cette apparente égalité recouvre cependant de grandes disparités car les usages témoignent d’un marquage du genre.
Si la high-tech demeure un bastion patriarcal, le numérique est néanmoins un outil d’émancipation pour les femmes. L’auto-entrepreneuriat des femmes est ainsi très présent sur le web. Surtout l’auto-publication a favorisé l’explosion de la parole publique des femmes et a conduit à l’éclosion d’une myriade d’autrices et collectifs militants pour la cause des femmes.
L’espace numérique est devenu un terrain de lutte contre les inégalités de genre. Le mouvement MeToo a ainsi érigé les violences faites aux femmes en un problème public majeur qui a saisi l’opinion publique, interpellé les pouvoirs publics et bousculé les secteurs professionnels, se traduisant par des mesures concrètes. De plus, le numérique est désormais le principal vecteur de sensibilisation des jeunes aux inégalités comme aux discriminations de sexe et de race.
Si l’espace numérique est plus inclusif pour les femmes et les minorités, il est aussi un espace dominé par les hommes et une plateforme d’agression ; la haine en ligne se déchaîne contre les avancées féministes confrontées à la remontée des conservatismes.
Le genre dans l’espace public numérique, un enjeu démocratique
Mathilde Saliou, autrice et journaliste spécialiste du numérique
Cyberviolences, contenus clivants, désinformation… En ligne, l’état des discussions n’en finit pas de se dégrader. Analysée au prisme du genre, la violence ambiante se révèle être un outil de contrôle des personnes qui ont ou n’ont pas le droit de s’exprimer, ainsi que des sujets abordés.
Cette présentation se penchera sur la variété des modalités de cyberviolences, sur leurs effets sur ses victimes, sur la manière dont ces différentes modalités de violence numérique modèlent les discours sur ce que les femmes et les minorités peuvent être et faire, et sur l’impact de tous ces éléments sur le discours public, en et hors ligne.
Il s’agira aussi d’évoquer différentes pistes de solutions, tant au niveau individuel qu’au niveau collectif.
Dis Siri, pourquoi tu parles avec une voix de femme ?
Isabelle Collet, professeure à la section des sciences de l’éducation, Université de Genève
Aujourd’hui, les femmes représentent environ 15% des étudiantes et des professionnelles de l’informatique. Cette quasi non mixité du domaine a des conséquences non seulement sur l’égalité entre femmes et hommes face à l’emploi, mais aussi sur l’inclusivité et la performance des applications numériques.
La grande homogénéité de la population des développeurs et des responsables d’entreprise (des hommes blancs issus des classes moyennes ou supérieures) tend à faire disparaître les besoins et caractéristiques des autres populations, en particulier des femmes.
De plus, les algorithmes d’intelligence artificielle (IA) sont alimentés par des milliards de données dites d’entrainement (voix, textes, images, vidéos…). La qualité des données obtenues en sortie des programmes dépend d’abord de la qualité de ces données d’entrainement. L’essentiel des corpus sont constitués de manière automatique et sont le miroir d’une société inégalitaire : les femmes y sont sous-représentées ou représentées dans des rôles traditionnels.
Le propos de cette conférence est d’exposer les biais de genre de l’intelligence artificielle, puis de dégager des pistes permettant d’imaginer une meilleure représentation de tous et toutes dans la transformation numérique.
La parole aux jeunes
Procès de la tech
Leila Delarive, fondatrice et présidente, Empowerment Foundation
avec les élèves de deux classes vaudoises
Cette édition des procès de la tech traitera des discriminations à l’embauche fondée sur l’IA. Ces risques de discriminations à l’embauche fondée sur l’IA incluent des biais (données, algorithmiques, humains), un manque de transparence, la discrimination indirecte et le renforcement des inégalités existantes. Ils peuvent conduire à des pratiques discriminatoires injustes.
Les participant·es au procès de la tech sont réparti·es en équipes de plaideurs, assumant soit la défense de la partie civile, soit celle de lʼaccusé dans le cadre de ce procès fictif. La Fondation met à disposition des participants les ressources pédagogiques nécessaires pour appréhender les questions technologiques qui sont débattues. Les équipes s’affrontent au cours de joutes oratoires et les finalistes plaident devant un jury dʼexperts qui élisent les gagnants. Cet évènement permet aux élèves de se familiariser avec la technologie et de développer leur esprit critique. Il favorise lʼéloquence au service du libre arbitre, face à lʼusage potentiel des technologies du 21ème siècle.e
Editathon
Femmes en biologie et en médecine
Natacha Rault, directrice, Les sans pages
Flor Méchain, médiatrice culturelle et scientifique, Wikimédia
Retour sur cette journée d’édition et de formation et à la contribution sur Wikipédia.