Sessions parallèles

Genre et numérique: les enjeux de la formation

7 septembre 2023 | 11:10-12:30 | Salle 315 | Français

La Confédération a décidé, il y a plusieurs années, d’intégrer l’informatique à tous les niveaux de la formation obligatoire et post-obligatoire dans le système scolaire suisse. Cette discipline avait jusqu’ici été traitée uniquement sous l’angle de la bureautique. Désormais, il est question d’apprendre aux élèves de tous âges à programmer, comprendre des notions d’algorithmique, de représentation de l’information, etc.

Comme pour toute discipline scolaire, il convient d’interroger l’informatique sous l’angle des biais qui la traversent, ou qu’elle serait susceptible de véhiculer.

Le fait que cette matière soit encore si jeune – au regard de l’histoire des disciplines enseignées à l’école – est une occasion rêvée de questionner profondément les opportunités et les risques de sa mise en oeuvre, par rapport aux questions de genre.

Conférences courtes

Digital, robotique et genre

Francesco Mondada, professeur, EPFL, directeur académique du Centre LEARN

Le numérique est connu comme étant un domaine avec des biais importants au niveau genre. La robotique, qui peut être perçue comme très technique, souffre des même problèmes. La présentation montre quelques actions et résultats quantitatifs se rapportant à l’éducation dans les domaines du numérique et de la robotique, tant au niveau de l’école obligatoire qu’au niveau universitaire.

Quelles citoyennetés numériques seront enseignées ces prochaines années ? Entre comportements responsables en ligne et agentivité numérique

Ania Tadlaoui-Brahmi, doctorante, UNIGE – HEP Fribourg

L’entrée du numérique à l’école publique suisse romande s’est traduite par le déploiement d’un nouveau plan d’études « Éducation numérique » (Per EdNum) (CIIP, 2021) pour les élèves dès le cycle 1. Celui-ci institue l’acquisition d’une citoyenneté numérique, au côté d’une culture numérique, comme nouvelles finalités scolaires. Cette première notion y est définie comme la capacité à « s’engager de manière positive, critique et habile dans l’environnement numérique […] pour une participation sociale, dans le respect des droits de l’Homme » (p. 46).
Profitant de ce Momentum, cette présentation se propose d’interroger et de discuter des enjeux de genre pouvant dériver de l’introduction de cet objectif dans les enseignements. Pour ce faire, les pratiques enseignantes et élèves en éducation à la citoyenneté numérique d’une dizaine de classes du primaire de Suisse romande ont été documentées et analysées dans une perspective de genre.
Cette présentation sera l’occasion de poser les premiers jalons pour accompagner une éducation à la citoyenneté numérique porteuse de plus d’égalité de sorte que chacun·e, indépendamment de sa classe sociale, de son genre, de son origine ethnique, ait l’opportunité d’être acteur ou actrice de la transition numérique.

Former les futurs enseignant.e.s au et par le numérique ?

Heidi Gautschi, professeure associée, HEP Vaud

Quels enjeux et quels défis dans la formation initiale en éducation numérique ? L’équipe de l’UER MI (média, usage du numérique et didactique de l’informatique) à la HEP Vaud essai de répondre à cette question par le biais de leurs modules en formation initiale et des propositions de formation continue.

Table ronde

  • Francesco Mondada, professeur, EPFL, directeur académique du Centre LEARN
  • Ania Tadlaoui-Brahmi, doctorante, UNIGE – HEP Fribourg
  • Heidi Gautschi, professeure associée, HEP Vaud

Coordination et modération:

  • Elliot Vaucher, EduNum

Les femmes dans la tech: les attirer puis les garder

7 septembre 2023 | 11:10-12:30 | Auditoire B | Anglais

En Suisse, l’informatique reste dans une large mesure un métier masculin : la proportion de femmes spécialistes IT n’atteint pas les 20% et peine à progresser. Ce manque de diversité entrave l’innovation, coupe d’une créativité certaine les entreprises, et engendre des biais dans la conception de systèmes numériques. Dans un même temps, il est estimé que d’ici 2030, il manquera 40’000 spécialistes en informatique en Suisse.
Dans ce contexte en tension et face à cette pénurie, les initiatives se multiplient pour encourager les femmes à se former et à s’orienter dans les métiers de la tech. Pourtant, les entreprises peinent à les attirer et à diversifier leurs équipes. Les talents se faisant rares, les garder devient un enjeu majeur.
Quelles solutions existent face à ces défis ? Quelles stratégies les entreprises peuvent-elles adopter pour augmenter le pourcentage de femmes sur des postes technologiques ? Quelles sont les pistes pour garder ses talents ?

Table ronde

  • Priska Burkard, co-founder & managing director, Role Models in Tech
  • Isabelle Chappuis, Executive Director @ Futures Lab, HEC Lausanne
  • Jean-Marc Fillistorf, CEO, Gammadia SA
  • Eglantine Jamet, co-directrice, Artemia Executive
  • Christophe Wagnière, Capitaine, 42 Lausanne

Coordination et modération:

App, Chatbot et logiciels : des outils numériques pour lutter contre les violences faites aux femmes ?

8 septembre 2023 | 11:00-12:20 | Auditoire B | Français

La technologie joue désormais un rôle vital dans la lutte contre les violences de genre. Des campagnes en ligne sensibilisent et défient les stéréotypes, les espaces de soutien en ligne offrent un refuge et des ressources. De leur côté, les alertes et les signalements rapides, via notamment des apps, combattent les abus (harcèlement, agression, intimidation ) qu’ils soient en ligne, au sein des foyers ou dans l’espace public. Les chatbots, eux, fournissent un soutien instantané alors que les données, elles, guident les interventions préventives et permettent de conduire des politiques ciblées d’aides.

En combinant ces approches, la technologie peut donc contribuer à créer un environnement en ligne plus sûr et à prévenir les violences de genre où qu’elle se déroulent, mais avec quelles limites, face à quelles contraintes et comment faire connaître ces outils et ces ressources aux personnes qui en ont le plus besoin ?

Conférences courtes

Sophia Chatbot: Gather evidence. Access resources. End domestic violence.

Diodio Calloga, directrice adjointe, Spring ACT – Action. Compassion. Technology

Le lieu le plus dangereux pour une femme aujourd’hui est celui où elle devrait se sentir en sécurité : son propre foyer. 1/3 femme dans le monde subit des violences domestiques au cours de sa vie – soit 736 millions de femmes à l’échelle mondiale. Toutes les 11 minutes, une femme ou une fille est tuée dans son propre domicile par un partenaire intime ou un membre de sa famille. Il est essentiel de lutter contre la violence domestique à l’échelle mondiale en adoptant une approche globale qui s’attaque aux causes empêchant les victimes de franchir le premier pas pour chercher de l’aide. Mais aussi, il est nécessaire à l’ère de la technologie d’utiliser celle-ci pour franchir les frontières et atteindre une large cible afin de réduire drastique la violence domestique.

Consciente des forces du numérique, Spring ACT, une organisation suisse à but non lucratif, a développé en 2021 Sophia chatbot. Quitter une relation abusive peut être extrêmement difficile et accablant, porter plainte n’en est pas moins compliqué. C’est pourquoi Sophia est conçu pour soutenir les victimes à chaque étape.

Depuis son lancement en décembre 2021 plus de 18’000 personnes ont chatté avec Sophia sans que d’énormes efforts de vulgarisation n’aient été faits. C’est dire que la technologie a d’énormes potentiels pour aider à la lutte contre les injustices sociales.

#withyou : Ensemble contre les relations toxiques et la violence domestique

Simone Eymann-Pasquini, directrice, Tech against Violence

Présentation de #withyou. La violence au sein du couple est un problème fréquent en Suisse : chaque semaine, on enregistre une tentative de meurtre. Toutes les deux semaines, une personne est tuée. La majorité des victimes sont des femmes mais les hommes et les enfants sont également concernés. Le nombre de cas non recensés reste très important. Moins de la moitié des victimes demandent de l’aide, par peur, par honte ou parce qu’elles ne réalisent pas qu’elles se trouvent dans une relation violente. La violence dans le couple se présente sous de nombreuses formes. La violence psychologique, en particulier, est difficile à appréhender. Comme les comportements toxiques suivent souvent un schéma similaire, les signes d’alerte sont reconnaissables très tôt. C’est précisément là qu’intervient #withyou. Grâce à des questionnaires interactifs et des définitions simples, il intervient auprès des personnes concernées et de leur entourage avant que la violence ne s’aggrave et les oriente – si elles le souhaitent – directement vers un service spécialisé.

EyesUp :Une application contre le harcèlement de rue

Léonord Porchet, conseillère nationale, fondatrice de l’association EyesUp

L’application EyesUp permet de signaler les cas de harcèlement sexuel subit dans la rue, au boulot, au fitness ou à l’école, etc. Elle participe à dénoncer le phénomène de harcèlement et à faire changer les mentalités. L’association EyesUp présente, tous les deux ans, un rapport analysant les données ainsi récoltées.

Table ronde

  • Diodio Calloga, directrice adjointe, Spring ACT – Action. Compassion. Technology
  • Simone Eymann-Pasquini, directrice, Tech against Violence
  • Léonore Porchet, Conseillère Nationale, présidente de EyesUp
  • Tania Beltraminelli, Fondation vaudoise de Probation

Coordination et modération:

Les FemTechs, des outils au service de la santé des femmes ?

8 septembre 2023 | 11:00-12:20 | Salle 315 | Français et anglais

Le marché des technologies féminines est en plein boom à l’échelle mondiale et suisse. Cantonnées d’abord à la santé sexuelle et à la procréation, ces solutions investissent aujourd’hui la santé mentale et le bien-être général des femmes. Un secteur prometteur, mais qui n’est pas sans risques, notamment sur le front de la protection de ces données… très personnelles.

Conférences courtes

FemTech: entre empowerment et surveillance

Mélanie Levy, professeure-assistante, Université de Neuchâtel, Faculté de droit, Institut de droit de la santé

Les technologies développées dans le domaine de la santé des femmes, également connues sous le nom de FemTech, offrent de nouvelles possibilités pour améliorer la vie des femmes. Elles promettent une meilleure quantification de la fertilité, un contrôle contraceptif accru et une approche plus personnalisée de la santé reproductive grâce à la collecte de données quotidiennes. Cependant, il est important de prendre en compte les conséquences potentielles de ces innovations. D’une part, la FemTech peut offrir aux femmes des opportunités d’autonomisation en leur donnant plus de contrôle sur leur santé et en renforçant leur position par rapport aux acteurs du domaine médical. D’autre part, la FemTech soulève des préoccupations quant à la protection de la vie privée et à la possibilité de surveillance accrue des femmes par des acteurs publics et privés. Mon lightning talk analyse ces aspects contradictoires sous l’angle des droits reproductifs et du risque de discriminations.

FemTech: la protection de la santé par la protection des données

Pauline Meyer, doctorante FNS, Faculté de droit, des sciences criminelles et d’administration publique, Université de Lausanne

Les FemTechs, à la croisée notamment de la santé, du numérique et du droit, soulèvent de nombreuses questions. Juridiquement, des questions essentielles ont trait aux enjeux de protection des données personnelles. Les données traitées par les technologies relatives à la santé intime sont souvent sensibles, ce qui implique des traitements de données risqués. Les entreprises exploitant de telles technologies doivent, en Suisse comme au-delà des frontières helvétiques, respecter principes et obligations et les données traitées dans ce contexte bénéficient d’une protection juridique. Les enjeux théoriques liés sont aussi pratiques, ce qu’on peut notamment voir avec les évolutions du droit à l’avortement (qui n’est pas acquis partout dans le monde), avec le risque de fuite de données sensibles auprès des entreprises exploitant ces technologies ou encore en lien avec le souhait de différents tiers d’accéder à ces données qui relèvent de la sphère intime.

Tech4Eva – Un accélérateur de start-ups pour la santé de femmes

Lan Zuo Gillet, directrice adjointe, EPFL Innovation Park, directrice & co-condatrice Tech4Eva

En présentant le but, les activités ainsi que l’écosystème de Tech4Eva – l’accélérateur de start-ups pour une meilleures santé de femmes -, nous visons à sensibiliser l’audience sur l’importance de développer des technologies pour la santé de femmes et sur la manque d’investissement dans ce domaine prometteur. Nous voudrions montrer aux chercheuses et chercheurs, ainsi qu’aux professionnels de santé, quelques solutions innovantes développées par les start-ups de Tech4Eva, et ainsi les inviter à soutenir et contribuer à notre initiative.

Table ronde

  • Mélanie Levy, professeure-assistante, Université de Neuchâtel, Faculté de droit, Institut de droit de la santé
  • Pauline Meyer, doctorante FNS, Faculté de droit, des sciences criminelles et d’administration publique, Université de Lausanne
  • Lan Zuo Gillet, directrice adjointe, EPFL Innovation Park, directrice & co-condatrice Tech4Eva

Modération :

  • Mehdi Atmani, journaliste et chargé de production éditorial, Nous prod | Flypaper

Perspectives internationales

8 septembre 2023 | 15:40-16:10 | Auditoire B | Français

La 67e réunion annuelle de la Commission de la condition de la femme (CSW), qui a eu lieu à New York du 6 au 17 mars 2023, avait pour thème « Innovation et évolution technologique, et éducation à l’ère numérique aux fins de la réalisation de l’égalité des sexes et de l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles ». Au niveau international, un consensus a été trouvé listant des mesures prioritaires. Discutons de ces mesures en petit comité et avec l’auditoire et inspirons- nous de quelques exemples internationaux.

TI3RS – Première application mobile de communication pour les parents séparés dans un contexte de violences conjugales

Salomé Sperber, psychocriminologue, TI3RS

La Société TI3RS est une société de l’Economie Sociale et Solidaire à impact basée à Lyon et Chambéry.

La mission de TI3RS : Sécuriser et faciliter la communication autour des enfants, pour les parents séparés pour causes de violences conjugales.
L’objectif de TI3RS : Apporter la paix, sérénité, confiance et sécurité aux personnes qui ont subi ces accidents de la vie.
Le projet principal : la création d’une application mobile répondant aux enjeux de sécurité des communications entre parents séparés dans un contexte de violences conjugales, en partenariat avec des associations locales.

Femmes@Numérique

Peggy Vicomte, déléguée générale, Femmes@Numérique

La filière du numérique est essentielle à la transformation de tous les secteurs d’activité. Les engagements pris dans le cadre du plan France 2030, et en particulier son levier relatif à la maîtrise des technologies numériques souveraines et sûres, ne sauront être tenus sans un effort national structuré de formation et de mobilisation des compétences nécessaires pour le porter. L’ambition gouvernementale de former 400 000 expertes et experts du numérique afin de couvrir les besoins estimés pour 2030 restera lettre morte sans une modification significative de la perception de ces métiers auprès de la jeunesse, notamment auprès des collégiennes et des lycéennes, ainsi que de leurs prescripteurs. Apparaît donc un triple enjeu :

  • économique, du fait de l’adéquation permanente des compétences aux nouvelles technologies entre l’offre et la demande pour la compétitivité de notre pays ;
  • social, puisque le numérique peut être un outil d’émancipation et d’autonomie financière pour les femmes ;
  • sociétal, car les impacts d’une conception et d’une gestion des outils et solutions numériques sans la participation des femmes introduisent des biais de genre et se font déjà ressentir.

Table ronde

Modération :