Comment vous appelez-vous ?
Grégory Quin, né en 1983 à Strasbourg.
Pourriez-vous en trois ou quatre phrases nous décrire votre parcours ?
Après des études en sciences du sport et en histoire à l’Université de Strasbourg (2001-2006), j’ai été assistant-diplômé à l’Université de Lausanne et doctorant à l’Université Paris Descartes Sorbonne, ce qui m’a permis d’obtenir un doctorat en sciences du sport et de l’éducation physique et de l’Université de Lausanne (2010) et un doctorat en sciences de l’éducation de l’Université Paris Descartes Sorbonne (2010).
Suite à ces expériences, j’ai enseigné deux années dans le primaire et le secondaire à Bex (dans le canton de Vaud), puis j’ai eu la chance de pouvoir aller faire un post-doc en Angleterre entre 2013 et 2015, où j’ai alors travaillé à Londres sur les archives de la genèse de la physiothérapie en Angleterre.
Suite à ces deux années magnifiques, j’ai obtenu un poste de MER à l’institut des Sciences du Sport de l’Université de Lausanne, poste que j’occupe toujours aujourd’hui, à la fois pour enseigner l’histoire et la pédagogie du sport, pour coordonner l’organisation des pratiques sportives des étudiant-e-s et pour assumer un travail de recherche et de médiation culturelle.
Quand est-ce que vous avez commencé à travailler dans le projet « La fabrique des sports nationaux » et quelles sont vos missions dans ce projet ?
En tant que requérant du projet, je dois dire que je travaille sur les fondements de ce projet depuis le début des années 2010, comme en atteste diverses publications.
Ma mission (théorique) est de coordonner le travail de l’équipe, mais je me considère avant tout comme un membre de l’équipe et donc je participe à toutes les tâches, depuis le remplissage de la base de données, l’identification des fonds d’archives, les contacts avec nos partenaires, l’organisation de nos séminaires et événements, le suivi des doctorants, mais aussi une forme de travail d’anticipation sur « l’après », car un projet c’est seulement quatre ans, après quoi il faudra trouver une manière de pérenniser toute la documentation compulsée, analysée et agencée pour sa mise en valeur, mais aussi (et surtout !) de permettre à l’équipe de continuer ses engagements selon les désirs qui seront les leurs individuellement.
Quel est votre rapport à l’histoire ?
L’histoire cela a d’abord été « ce que l’on ne peut pas étudier, car il n’y a pas de débouchés », mais c’est bien plus que cela. C’est une partie de ma vie depuis mon enfance, et la découverte de la blessure de guerre de mon pépé (mon grand-père paternel) qui est peut-être la première trace de l’histoire qui s’est imposé à moi. Il avait été blessé par un éclat d’obus sur le front de l’Est, comme « Malgré-nous », quelques semaines seulement après son engagement non loin de Rostov-sur-le-Don. Toute sa vie, il a ainsi conservé une cicatrice d’une grande profondeur dans le dos et sa volonté de ne jamais trop se dévoiler sur ce sujet a toujours constitué pour moi une marque du poids de l’histoire sur les corps et les âmes.
De manière moins lyrique ou personnelle, je dois dire que l’histoire pour moi c’est un travail inductif, un travail de l’ombre, loin des « logiques » bureaucratiques ou des jeux du pouvoir universitaire, c’est un contact intime avec les fonds d’archives, et je dois dire que si je ne suis pas un bureaucrate, je suis volontiers un animal de cave, où j’apprécie la collaboration avec les membres de l’équipe et avec d’autres historiennes et historiens.
Si l’histoire est (trop) souvent un engagement individuel, j’aimerai promouvoir une manière collective de la faire, car nul doute qu’ici comme ailleurs, il est plus simple de faire les choses dans un « collectif ».
Quel livre d’histoire liriez-vous une deuxième fois (ou une troisième fois ?) avec plaisir ?
Il en existe tant … et le temps manque souvent !
Plus sérieusement, je reste très marqué par mes lectures de jeunesse, mais côté histoire, j’apprécie tout particulièrement la manière d’écrire de Georges Vigarello, et Le corps redressé est un titre vers lequel je reviens volontiers. Sinon, je pourrais aussi citer Les lieux de mémoire de Pierre Nora, La grammaire des civilisations de Fernand Braudel ou encore Les règles de l’art de Pierre Bourdieu (même si … j’en conviens … ce n’est pas de l’histoire).
Êtes-vous un amateur de sport au quotidien ?
Amateur de sport certainement, mais amateur de livres encore plus ! Si je pratique la course à pied régulièrement (ne trouvant pas le temps d’avoir une véritable activité régulière dans une société sportive), je sèche volontiers une séance de course pour lire un livre, ou mieux une bande dessinée, et pour apprécier ces moments de détente.
Quel est votre souvenir le plus marquant autour du sport ?
Peut-être un souvenir de nageur, au moment de bons résultats sportifs, mais plus le temps passe, plus ce sont finalement les souvenirs d’enfance, comme « abonné » au Racing Club de Strasbourg qui s’impose pour moi. Ces « Oh hisse enc… » (oups !) au moment des dégagements des gardiens adverses et ces explosions de joie partagée après les buts de Franck Sauzée ou de Marc Keller, et ne parlons pas des qualifications européennes dont les échos renvoient aussi à ces « Bratwurst » légendaires du Stade de la Meinau des années 1990…