Présentation

Histoire des machines et archéologie des pratiques : Bolex et le cinéma amateur en Suisse

Publicité Paillard-Bolex pour le Ciné-stéréo Kern-Paillard, s.d., fonds Paillard, PP680/2485.
© Archives cantonales vaudoises.

La marque d’appareils cinématographiques Bolex, liée à l’entreprise vaudoise Paillard, est devenue le symbole de toute une génération de caméras mécaniques fabriquées à l’intention des cinéastes amateurs. Bolex se cantonna dans le domaine du cinéma substandard (16 mm et 8 mm, principalement) et, contrairement à la firme allemande Arri ou à la société française Éclair, ne produisit pas de machines exclusivement professionnelles. Issues des techniques de l’industrie horlogère suisse, les caméras de cette marque étaient des appareils solides, compacts et faciles d’utilisation, dont des cinéastes amateurs du monde entier firent l’acquisition pour réaliser leurs films de famille ou de voyage (voir l’ouvrage récent de Thomas Perret et Roland Cosandey, Paillard-Bolex-Boolsky, Yverdon-les-Bains, Éditions de la Thièle, 2013).

Malgré l’orientation de la marque, ces caméras passèrent aussi entre les mains de cinéastes professionnels, qui les trouvèrent parfaitement adaptées à la production de films industriels ou de reportages télévisés, sans oublier les œuvres expérimentales de Maya Deren, de Jonas Mekas et de Stan Brakhage. Au-delà des caméras qui ont fait la renommée de Bolex, la marque proposa une large gamme de produits domestiques pour le titrage, le montage et la projection, permettant ainsi aux utilisateurs de contrôler personnellement les différents paramètres de la fabrication et de la présentation de leurs films. Les ingénieurs de Paillard s’attachèrent également à suivre l’évolution générale du matériel cinématographique, en introduisant des innovations technologiques telles que la sonorisation et la stéréoscopie dans le champ des pratiques amateurs.

Ce projet de recherche sous la direction de Benoît Turquety vise à appréhender la production industrielle de Bolex en examinant notamment les collections d’appareils de la Cinémathèque suisse et la documentation afférente (notices, catalogues, publicités, etc.), ainsi que les archives administratives de Paillard conservées aux Archives cantonales vaudoises. Il s’agit d’abord de se livrer à une archéologie des techniques en articulant l’examen des machines Bolex proprement dites avec l’étude des politiques de l’entreprise dans un contexte évolutif et concurrentiel. Il est nécessaire ensuite de se pencher sur l’histoire culturelle de la promotion et de la distribution des appareils sur le plan local ou national, mais aussi, compte tenu du volume des exportations, à une échelle internationale, pour mettre en relation les produits Bolex avec leurs usagers. L’analyse croisée des machines et des discours permettra à la fois de décrypter une réussite technico-commerciale et d’identifier les pratiques et les enjeux culturels du cinéma amateur en Suisse.

Direction : Benoît Turquety (Section d’histoire et esthétique du cinéma).
Doctorants FNS : Nicolas Dulac (novembre 2015).
Chercheur FNS Junior : Vincent Sorrel (mars 2016).
Chercheur FNS Senior : Stéphane Tralongo.
Début/fin : 01.11.2015 – 31.08.2019

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Voir aussi la page du Fonds national suisse de la recherche scientifique.