L’ouvrage de Delphine Chedaleux Jeunes premiers et jeunes premières sur les écrans de l’Occupation (France, 1940-1944) vient de paraître aux Presses universitaires de Bordeaux. Préfacé par Pascal Ory, ce livre issu d’une thèse de doctorat reconsidère le cinéma français de l’Occupation à l’aune des représentations genrées de la jeunesse qu’il construit et véhicule pendant cette période troublée. Chercheuse FNS Senior, Delphine Chedaleux poursuit actuellement ses investigations dans le cadre de la Collaboration UNIL+Cinémathèque suisse au sein du projet FNS « Personnage et vedettariat au prisme du genre (gender) : étude de la fabrique des représentations cinématographiques (fonds Claude Autant-Lara, Cinémathèque suisse) ».
Résumé du livre : Cet ouvrage propose une exploration inédite du cinéma français pendant l’Occupation (220 films de fiction produits entre 1940 et 1944) au prisme de ses représentations de la jeunesse. À travers cinq études de cas (quatre jeunes premières – Marie Déa, Odette Joyeux, Micheline Presle, Madeleine Sologne – et un jeune premier – Jean Marais – ayant en commun de devenir des vedettes au cours de la période), l’ouvrage analyse la construction symbolique et culturelle des identités et des rapports de genre et de génération durant cette période. S’inspirant des théories et des méthodes issues des gender studies, des cultural studies, des star studies et de l’histoire culturelle, ce travail s’appuie sur l’analyse des films et de leur réception critique, ainsi que sur l’image des jeunes premiere-s dans la presse populaire de l’époque. La mise en perspective de ces représentations par rapport au contexte sociopolitique fortement bouleversé de l’Occupation révèle l’ambivalence constitutive des valeurs véhiculées par ces vedettes, travaillées par la tension entre une idéologie réactionnaire qui met en avant les femmes et les jeunes comme pivots du redressement national et un questionnement sur les places et les rôles dévolus aux femmes et aux hommes, aux jeunes et aux adultes, aux enfants et aux parents. Chacune de ces figures est en effet construite sur un tiraillement entre subversion et maintien de l’ordre (social, sexuel ou générationnel), contribuant tout autant à réaffirmer les frontières du genre et de l’âge qu’à les redéfinir. Les jeunes premier-e-s de l’Occupation séduisent ainsi un public large aux intérêts et aux sensibilités politiques divergents, à une époque où la répression politique et morale côtoie un certain relâchement des contraintes sociales et familiales.
Illustration : couverture du livre.
Référence : Delphine Chedaleux, Jeunes premiers et jeunes premières sur les écrans de l’Occupation (France, 1940-1944), Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2016, 319 p.
Voir aussi la page des Presses universitaires de Bordeaux.