Natalie Emch, chargée de mission EDI à la FGSE

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En quelques mots, en quoi consiste votre travail et quelles sont vos priorités actuelles ?

Je suis Chargée de mission EDI à la FGSE depuis trois ans. J’assure principalement le suivi du plan d’action de la faculté, la coordination de la Commission EDI, ainsi que l’organisation d’événements de sensibilisation et de formation.

Au sein de la Commission EDI de la FGSE, nous avons consacré ces derniers mois à l’élaboration du nouveau plan d’action EDI de la faculté. Ce travail s’est voulu largement participatif : nous avons recueilli de nombreuses suggestions et avis provenant de l’ensemble des membres de la faculté. Ce processus a été particulièrement stimulant et gratifiant. Il m’importe beaucoup, dans mon travail, de rester proche du terrain et à l’écoute des besoins réels de notre communauté universitaire.

Le document est désormais finalisé et sera prochainement soumis au Conseil de Faculté pour approbation. Dans ce plan d’action, nous proposons non seulement de garantir une infrastructure accessible et un enseignement sans obstacle, mais aussi de favoriser un environnement d’étude et de travail respectueux. Cela passe par la promotion d’une culture de travail inclusive et d’un esprit d’équipe basé sur la collaboration, le respect et l’équité. Je me réjouis de constater que la nouvelle campagne Aide-UNIL, « Excellence sans violence », s’inscrit dans cette même dynamique.

Qu’est-ce qui vous a motivée à vous engager dans ce domaine, et qu’est-ce qui vous anime au quotidien ?

J’ai toujours été sensible aux inégalités et consciente des privilèges et du confort dont je bénéficie. C’est ce qui m’a conduite à étudier les sciences politiques et à m’engager d’abord dans le milieu associatif.

Je suis profondément convaincue que le changement — qu’il s’agisse d’égalité ou de questions environnementales — repose à la fois sur une transformation intérieure et sur une action collective. Trouver un équilibre entre un engagement personnel, en questionnant mes biais, mes valeurs et mes modes de fonctionnement, et un engagement extérieur, en contribuant activement à l’égalité au sein de notre institution, est une démarche qui m’anime au quotidien. Ce travail m’offre en permanence l’occasion d’apprendre et d’approfondir mes connaissances, tout en me permettant de contribuer à faire de l’UNIL un lieu accueillant, où chaque personne se sente en sécurité et respectée. Pour donner un exemple, une ancienne étudiante en fauteuil roulant m’a récemment fait part des difficultés qu’elle a rencontrées pour accéder à un événement à Géopolis. Cela m’a permis de prendre conscience de mes propres biais validistes et des obstacles qui subsistent, malgré les infrastructures déjà en place.

Une action prioritaire pour faire avancer l’égalité dans le monde académique ?

Ma réponse s’inscrit dans une perspective plus systémique, car je suis convaincue que l’égalité passe par un véritable changement de culture. Le milieu académique reste souvent marqué par la compétitivité et la hiérarchie, avec des situations de précarité qui peuvent engendrer dépendance et isolement. Ces conditions créent un terrain propice aux conflits et aux discriminations.

Heureusement, plusieurs initiatives proposent une autre manière de faire : la Better Science Initiative, la campagne Aide-UNIL mentionnée plus haut, la formation destinée aux nouvelles et nouveaux professeur·es mise en place à l’UNIL, ou encore des formations en leadership inclusif en sont quelques exemples concrets.

Enfin, question bonus : une référence qui vous inspire et que vous souhaitez partager ?

Je lis actuellement Breaking Bias d’Anu Gupta et j’apprécie particulièrement son approche somatique et intersectionnelle. L’auteur y combine la sagesse bouddhiste ancestrale avec des recherches scientifiques contemporaines, en proposant des outils contemplatifs ancrés à la fois dans la science et dans l’expérience corporelle. Il souligne que les biais ne sont pas innés, mais acquis, et peuvent être déconstruits grâce à des pratiques intentionnelles, telles que la pleine conscience et la remise en question des croyances profondément ancrées. Cette perspective s’appuie sur des recherches en neuroscience et en psychologie, notamment sur la neuroplasticité, la capacité du cerveau à se réorganiser et à créer de nouvelles connexions neuronales en réponse à des expériences et à des apprentissages.

Pour contacter Natalie Emch : natalie.emch@unil.ch