Maître assistante, lauréate d’une Bourse « Egalité » (FGSE) et d’une décharge Tremplin
« S’il y a plus de femmes au niveau intermédiaire et avancé de la carrière, celles-ci seront des modèles pour les jeunes femmes qui débutent une carrière scientifique – des modèles dont je bénéficie déjà fortement – et cela mènera, espérons-le, à un milieu professionnel plus équilibré du point de vue du genre ».
- Que faites-vous actuellement à l’UNIL?
Je suis postdoctorante à l’Institut des dynamiques de la surface terrestre. Mon poste a été créé grâce à la bourse égalité de la Faculté des géosciences et de l’environnement, qui vise à soutenir des personnes ayant connu une réduction ou une interruption de leurs activités de recherche en raison de leur situation familiale.
- En quelques mots, quel est votre parcours ? Et en quoi le fait d’être une femme l’a-t-il influencé?
J’ai obtenu un doctorat en géosciences (géomorphologie et archéologie) à l’Université de Kiel, en Allemagne, après quoi j’ai déménagé en Australie pour des raisons familiales. Avant de rejoindre mon poste actuel à l’Université de Lausanne, j’ai fait deux courts postdocs à l’Université de Brisbane, en Australie.
Le fait d’être une femme a influencé mon parcours de nombreuses manières, directement et indirectement : le doctorat que je visais en premier lieu était inacessible pour moi, car les sites de terrain se trouvaient en Iran et j’étais une femme… Le domaine de la géomorphologie est fortement masculin et j’ai été aux prises avec le comportement compétitif de collègues hommes dès le début de mon doctorat. Ensuite, bien sûr, le fait d’avoir un enfant a exigé un grand engagement en termes de temps, spécialement dans la petite enfance, et a aussi limité mes possibilités de mobilité professionnelle.
- Quels sont selon vous les principaux enjeux actuels de l’égalité hommes-femmes, à l’université et dans la société?
Le principal enjeu dans le milieu scientifique, c’est la faible quantité de femmes au niveau intermédiaire et avancé de la carrière, alors que le nombre d’étudiantes et d’étudiants est largement équilibré. Comme la plupart des abandons ont lieu durant les premières années de postdoc, la raison la plus probable en est l’incompatibilité entre carrière académique et famille.
À mon avis, plusieurs mesures aideront à changer cela: i) davantage d’opportunités de postes stables pendant la première phase de la carrière, ii) des solutions de garde abordables et de haute qualité, iii) la prise en compte des périodes de congé ou de réduction du temps de travail dans le processus de recrutement.
S’il y a plus de femmes au niveau intermédiaire et avancé de la carrière, celles-ci seront des modèles pour les jeunes femmes qui débutent une carrière scientifique – des modèles dont je bénéficie déjà fortement – et cela mènera, espérons-le, à un milieu professionnel plus équilibré du point de vue du genre. Un aspect très positif selon moi, c’est que l’évolution vers un monde du travail qui tienne compte de la vie de famille profitera aussi aux hommes qui s’engagent dans les tâches familiales.
À un niveau social plus large, si la société choisit de devenir plus égalitaire, il faut prévoir en priorité des places de garde pour les enfants qui soient de haute qualité, disponibles et abordables.