Patrick Gyger

Patrick Gyger (1971) est un curateur suisse et auteur. Après une formation d’historien à l’Université de Lausanne, il devient directeur de la Maison d’Ailleurs (1999-2010), puis du lieu unique, scène nationale et centre de culture contemporaine de Nantes (2011-2020). Il privilégie l’utopie et les pratiques indisciplinaires. Depuis janvier 2021, il est directeur général de Plateforme 10 à Lausanne.

Quel était votre lieu préféré à l’UNIL pendant vos études?

Évidemment le BFSH2! Ce bâtiment qui se déplie dans tous les sens est un bel environnement. Il avait alors ce nom hyper technique, qui collait bien à son architecture, un mélange de vaisseau spatial et de dessins de Piranèse, avec ses escaliers étranges. Là-bas, tu ne sais jamais vraiment à quel étage tu te trouves, ni ce qu’il y a plus haut ou plus bas. Quand j’ai entamé mes études à l’UNIL en 1989, le « B2 » était ouvert depuis deux ans seulement et n’était donc pas surexploité comme aujourd’hui. Il offrait de nombreux recoins de calme. Mais également des activités farfelues, comme le bar Zelig.

À quels cours ou quels séminaires retourneriez-vous demain?

Cette question n’a pas beaucoup de sens… Parce que je les ai suivis, ces cours. Donc, j’en ferais d’autres, peut-être à l’EPFL! Ou alors je choisirais les questions géopolitiques et l’histoire contemporaine. Après, l’intérêt de l’université, par rapport à d’autres études, c’est que tu peux te lancer dans un cursus qui correspond à tes goûts. J’ai mené mon parcours à l’UNIL de cette manière, dans une approche non utilitariste. J’ai suivi des cours d’histoire de l’art médiéval, de français médiéval, d’histoire médiévale. Et d’autres sujets, abordés un peu par la bande, mais qui toujours m’intéressaient. Les professeurs sont bien sûrs importants. Je pense à de belles personnalités comme François Zufferey, Carlo Bertelli, Agostino Paravicini Bagliani ou Jean-Daniel Morerod.

Quel conseil donneriez-vous à des étudiantes et des étudiants d’aujourd’hui?

Les personnes qui vous entourent à l’université suivent les mêmes cours que vous. Donc, cultivez un peu votre singularité en vous intéressant à d’autres choses, que ce soit le jeu vidéo, le manga ou même la bière… Mais faites-le sérieusement, même dans le cas de la bière. L’université nous apprend à creuser des sujets et cette méthode d’approfondissement peut être appliquée à d’autres thèmes, hors du monde académique. C’est ce que j’ai mis en pratique pour la science-fiction ou la musique, entre autres.

Quelle est votre devise préférée?

Dans Le reniement de Saint-Pierre de Baudelaire se trouve ce vers : « Certes, je sortirai quant à moi satisfait / D’un monde où l’action n’est pas la sœur du rêve. » Si le contexte ne nous permet plus d’agir tout en ayant des grands idéaux, c’est un vrai problème. J’aime bien Rutger Bregman, qui a écrit Utopia for Realists. Cet auteur expose des projets qui ont l’air utopiques, comme le revenu de base universel, et qui pourtant ont été appliqués avec succès un peu partout, y compris aux États-Unis. Je soutiens totalement cette idée, tout comme celle d’instaurer une taxe Tobin (ou taxe sur les transactions financières).

L’article intégral est à lire dans le numéro 85 d’Allez savoir !

Article de David Spring
Photo: Patrick Gyger. Directeur général de Plateforme 10. Licence en Lettres (Français médiéval, Histoire, Histoire de l’art) en 1996. © Pierre-Antoine Grisoni.