Marc-Antoine Burgener

Animé par le sport

Passionné de surf, c’est en cherchant les meilleures vagues que Marc-Antoine Burgener (HEC 2015) – multi-entrepreneur – a trouvé l’idée de son dernier projet : un Poké Bowl à base d’ingrédients locaux et de saison.

Parlez-nous de votre société
L’une de mes passions, c’est le surf. Je voyage depuis plusieurs années  autour du monde pour trouver les meilleures vagues, et c’est en visitant ces différents endroits que j’ai découvert le fameux Poké Bowl, un plat typique hawaiien qui fait partie de la culture de ce sport. Ce concept s’est développé petit à petit à Zurich et à Genève, et je me disais depuis un certain temps qu’il y aurait de la place pour un tel projet à Lausanne. Suite à un concours de circonstances, je me suis associé avec un autre diplômé de HEC ainsi qu’avec la fondatrice du Café Mood où j’avais l’habitude d’aller tous les midis. Et Le Spot est né. La particularité du Spot est que nous avons réinventé le Poké Bowl en utilisant exclusivement des ingrédients locaux et de saison. Et c’est tout aussi bon, avec un impact positif en plus !

Êtes-vous né dans une famille d’entrepreneurs ?
Oui. Ma mère a repris une marque de cosmétiques, créée par ma grand-mère, qu’elle a rebaptisé Dr Burgener. Cela fait plusieurs dizaines d’années qu’elle développe cette entreprise. Quant à mon père, il est pharmacien indépendant et possède deux pharmacies. Mon frère, plus jeune que moi, a été une source d’inspiration pour mes projets entrepreneuriaux. Il est snowboarder et musicien professionnel. Depuis l’âge de 13 ans, il savait qu’il voulait vivre de sa passion : le snowboard. Quelques années plus tard, une blessure l’a obligé à faire une pause. Alors, il a ajouté une nouvelle corde à son arc : la musique. Et depuis, il mène les deux carrières de front.

Quelle était votre situation personnelle au démarrage de votre projet ? Quel soutien vous ont apporté vos proches ?
Je dois dire que j’ai eu beaucoup de chance car j’ai toujours bénéficié du soutien de ma famille. Par exemple pour Alaïa, mon premier projet, nous avions  besoin de 100’000 francs avec mes deux associés pour fonder la société. Ayant juste fini mes études, je n’avais pas cet argent sur mon compte. J’ai eu la chance de pouvoir compter sur mes parents à ce moment-là pour me prêter le montant dont j’avais besoin. Mais j’aimerais insister sur le fait que même si on ne dispose pas de tous les éléments nécessaires pour se lancer, cela ne signifie pas qu’on ne peut pas le faire. Au contraire !  Si toutes les conditions ne sont pas réunies, il est important d’être créatif afin de trouver des solutions. En l’occurrence, lorsqu’il s’agit de financement,  il existe des moyens ouverts à tous tel que le crowdfunding, que nous avons d’ailleurs utilisé pour financer la suite du projet Alaïa, et qui nous a permis de lever plus de CHF 100’000.-. Actuellement, je finance mes nouveaux projets avec l’argent généré par les projets précédents.

Quel est le trait de votre caractère qui s’est révélé le plus précieux pour vous lancer dans cette aventure ?
Je pense bien connaître mes points forts et mes faiblesses et je suis conscient que je ne possède pas toutes les compétences nécessaires à la réalisation de mes projets. Raison pour laquelle je ne me suis jamais lancé tout seul.  Je me suis toujours entouré de gens compétents et complémentaires car je suis convaincu que l’union fait la force.

Un deuxième trait de caractère est d’être ambitieux et fonceur. Je remarque que les gens ont beaucoup d’idées, mais quand il s’agit de les concrétiser, ils se laissent paralyser par la peur. Il ne faut surtout pas écouter cette peur et se lancer !

Quel était votre pire cauchemar au début ? Et aujourd’hui ?
Un de mes pires cauchemars est d’asseoir mon frère à mes côtés pour que l’on puisse travailler (rire). Plus sérieusement, c’était l’argent, au début. J’ai appris que si le but principal d’un projet consiste à faire beaucoup d’argent, il n’en sortira rien de bon car il manque l’essentiel : la passion. C’est pourquoi je me concentre sur des valeurs et une vision commune avec mes associés. Il m’est arrivé de rencontrer des problèmes avec des personnes qui n’étaient pas passionnées par ce qu’elles faisaient. Si chacun mettait son énergie sur ce qu’il aime, je pense qu’il y aurait beaucoup moins de problème dans les ressources humaines. Le fait d’être passionné permet de s’améliorer, se développer et de s’impliquer à 200%. Il m’est arrivé à plusieurs reprises de devoir me séparer de collaborateurs en raison de ce manque d’implication.

Une tâche totalement saugrenue que vous avez dû effectuer à une étape ou l’autre du processus.
Me retrouver derrière le comptoir à vendre des plats à l’ouverture de Le Spot. Je savais dès le début qu’avec mes autres projets, je ne pourrai pas être impliqué dans l’opérationnel du take away. Mais au lancement de notre concept, il me fallait être là pour comprendre les problématiques rencontrées et trouver des manières d’optimiser les choses. Je pars du principe qu’on ne peut pas améliorer quelque chose qu’on ne comprend pas. Qui aurait cru qu’en rêvant de travailler dans la finance durant mes études HEC, je deviendrai entrepreneur et que je me trouverai derrière à un comptoir à servir des Poké Bowl ! Il faut mettre la main à la pâte.

Une activité à laquelle vous avez dû renoncer depuis que vous êtes à la tête de votre entreprise.
Je n’ai pas vraiment renoncé à quoique ce soit. Ce qui me manque, c’est le temps. Puisque je mène plusieurs projets de front, je dois faire des compromis entre le temps que je peux consacrer à ma copine, à mes amis et aux autres activités (spot, voyages, …).  Il peut arriver que je ne voie pas mes amis proches pendant plusieurs mois. Mais malgré cela, s’ils ont besoin de moi, ils savent qu’ils peuvent compter sur moi.

Le défi que vous avez relevé et qui vous fait bomber le torse quand vous y pensez.
Je suis content de pouvoir vivre de mes rêves. Certains diront que j’ai eu de la chance au début d’avoir des parents pour me soutenir. C’est vrai, mais il n’y a pas que ça. J’ai mis en œuvre tout ce qu’il fallait pour que mes projets puissent fonctionner et se concrétiser. J’ai dû surmonter une multitude de défis, auxquels j’ai toujours réussi à trouver une solution. Donc être en mesure de dire que « je vis de ce que j’aime », c’est ça ma fierté.

Une journée « noire ». Rien ne va comme prévu. Quelle est votre recette pour rester positif ?
Savoir laisser passer. Il y aura toujours quelque chose qui ne fonctionnera pas bien et ce, même si théoriquement tout devrait bien se passer. C’est normal en entrepreneuriat. Le jour de l’ouverture officielle de Le Spot, le stagiaire, engagé pour nous aider, m’a appelé une heure avant l’ouverture pour me dire qu’il ne viendrait pas et qu’il voulait arrêter son stage. Une véritable catastrophe puisqu’il allait nous manquer une personne au service. J’ai pris sur moi, je n’ai pas paniqué, je me suis forcé à rester calme pour ne pas perdre mes moyens un jour si important. Et je suis vraiment fier de la manière dont nous sommes parvenus, le reste de l’équipe et moi, à gérer cet imprévu. Finalement ça s’est très bien passé, malgré la grande affluence, mais si je m’étais énervé, ça n’aurait pas marché. Quand tout va mal, il faut se dire que cela ne va pas durer. Demain est un autre jour, les émotions s’atténuent et si on laisse le temps couler, les choses s’arrangent.

Avez-vous une devise que vous souhaiteriez partager ?
Tout arrive pour une raison
. Je pense qu’il n’y a rien de plus vrai, même si ça paraît trop optimiste ou rêveur. Avec l’expérience cette devise s’est confirmée à chaque fois, même si pour cela il faut attendre des mois ou des années. Par exemple, mon frère a subi une lourde blessure en snowboard en 2014 qui l’a empêché de pratiquer son sport plusieurs mois. C’est à ce moment-là qu’il a démarré sa carrière musicale. Il a un profil unique qui lui donne une opportunité de reconversion en or pour l’avenir.

Article de Jeyanthy Geymeier, Bureau des alumni, 4 mai 2020