Monica Bonfanti est à la tête de la Police cantonale genevoise depuis treize ans. Un record qui lui vaut au sein de ses troupes le surnom affectueux de la «nonna». «Nous sommes deux à occuper cette position de grands-parents, l’autre c’est Christian Varone de la Police valaisanne», lance-t-elle, amusée. Quelle est la patte Bonfanti pour durer à un poste si exposé? Face à cette question récurrente, la commandante a demandé l’avis de ses collaborateurs. Ceux-ci apprécient qu’elle soit admirative du travail de l’ombre qui est fait par les policiers et qui n’attire guère l’attention des médias. «Je pense par exemple à la police de proximité qui traite différents conflits par des tables rondes, des médiations, c’est un travail de fond important pour tisser un lien social avec la population qui est peu connu du grand public.» En termes de caractère, un aspect de sa personnalité se devine derrière sa devise: Never give up! Les membres de la police genevoise apprécient également d’avoir une patronne de formation scientifique.
Des professeurs prestigieux
Monica Bonfanti a obtenu sa licence en sciences forensiques à l’UNIL en 1993. Un cursus passionnant, dit-elle. Son doctorat (2001) a porté sur l’étude des traces laissées par les armes à feu sur les douilles et projectiles avec des système d’imagerie 3 D. Elle évoque avec enthousiasme ses années UNIL avec la sensation d’avoir vécu une période privilégiée, notamment grâce à des professeurs prestigieux: Pierre Margot (sciences forensiques), Christophe Champod, Jacques Dubochet (chimie), Martin Killias (criminologie) ou Suzette Sandoz (droit). Georges-André Carrel était son supérieur dans le cadre de sa fonction de professeure en patinage artistique. Il lui a appris comment devenir un «vrai» chef. «Mais j’ai surtout été marquée par le professeur Margot, qui possède une intelligence incroyable non seulement sur le plan scientifique mais aussi sur le plan relationnel.»
Son endroit préféré sur le campus? «Ça va faire un peu Radio Nostalgie, sourit-elle. À l’époque, les locaux de l’École des sciences criminelles se situaient dans un bâtiment qui commençait à la place du Château et finissait à Couvaloup. J’aimais bien cet endroit qui possédait une histoire et du vécu.» Monica Bonfanti appréciait aussi les laboratoires de chimie avec leur lot de surprises: «il y avait des incidents, incendies, intoxications, nous avons un peu tout testé…»
Utile au quotidien
La commandante de la Police genevoise a donc emmagasiné à l’ESC une importante expérience scientifique qui lui est très utile dans son quotidien, par exemple dans le domaine de l’armement de police. Et décortiquer les phénomènes sociétaux avec une bonne base scientifique l’a toujours passionnée. Monica Bonfanti tient à rester à la page, notamment en accédant aux travaux fournis par la Brigade de police technique et scientifique. «Par ailleurs, notre brigade de criminalité informatique est le Centre de Compétence Cyber (CCC), unique en Suisse romande, et j’en suis très fière.»
La commandante relève aussi que beaucoup d’étudiants de l’ESC atterrissent dans les services de police. Ainsi, 30% des aspirants qui suivent l’Académie de Savatan possèdent un bachelor ou un master. Un message aux jeunes étudiants? «Qu’ils se rendent bien compte à quel point c’est un privilège d’étudier les sciences forensiques à l’UNIL.»