Des années 1760 jusqu’au début du XIXe siècle, la Suisse romande et la Russie impériale ont entretenu un lien particulier. L’intérêt de l’impératrice Catherine II pour notre coin de pays, l’amitié entre Frédéric-César de La Harpe et le (futur) tsar Alexandre Ier ainsi qu’une filière pédagogique ont jeté des ponts entre deux mondes que pourtant tout opposait. Texte David Spring
I. Le général recrute
Août 1765. Un mystérieux personnage inquiète les Autorités genevoises et bernoises. Comme le résume un procès-verbal du Petit Conseil de Genève (équivalent du Conseil d’État), «le Sr Bullau Colonnel Major au Service de S.M. l’Imperatrice de Russie devoit arriver en cette ville avec charge d’engager des Demoiselles des Domestiques & des ouvriers de différentes Profession pour les emmener en Russie […]»
Mandaté par Catherine II, impératrice de Russie depuis 1762, l’officier vétéran Franz von Bülow arpente en effet les terres romandes. Mais «le contexte est défavorable. Les Autorités ne souhaitent pas le départ des habitants, par crainte d’une perte de main-d’œuvre et du dépeuplement», explique Anne-Laure Sabatier. Cette étudiante a soutenu l’été passé son mémoire de master en Lettres sur cette campagne de recrutement jusqu’alors méconnue.
Des artisans qualifiés sont certes requis pour coloniser les immensités russes. Mais Catherine II cherche également des femmes de bonne famille, éduquées mais désargentées, notamment pour le Corps des Cadets de Saint-Pétersbourg. Cette école militaire, qui forme les enfants de la noblesse, a besoin de domestiques et de gouvernantes francophones. Rappelons que l’impératrice, passionnée par les idées des Lumières bien qu’autocrate, a correspondu avec Voltaire et Diderot en français.
Grâce à un patient travail en archives, Anne-Laure Sabatier présente en détail le parcours de von Bülow à travers le pays de Vaud dans son mémoire. Mécontentes, les Autorités bernoises et genevoises le suivent à la trace de Nyon à Payerne. «Les informations à son sujet circulent vite. Les baillis interrogent plusieurs fois l’envoyé de l’impératrice, qui rechigne à répondre et leur laisse une mauvaise impression», complète l’étudiante. Il est signifié à l’officier de cesser sa mission.
Le désobéissant von Bülow, accompagné de son épouse, continue plus ou moins discrètement sa quête. «Le général claironne qu’il cherche du personnel dans les auberges et engage plusieurs intermédiaires locaux chargés de recruter», détaille Anne-Laure Sabatier. L’homme possède une liasse de contrats-type rédigés en français, qu’il ne reste qu’à dater et signer. Il remporte un certain succès, car le dénuement qui règne alors pousse les Romands à l’exil.
Les Autorités arrêtent deux convois en partance pour la Russie les 11 et 13 septembre 1765, à Rolle et à Morat. Certains engagés sont libérés, mais d’autres subissent une punition. Ainsi, la Lausannoise Anne Courlat est envoyée en maison de correction.
Von Bülow, expulsé, s’indigne. Le ministre russe des Affaires étrangères, Nikita Panine, menace «de supprimer tous les privilèges des ressortissants suisses établis en Russie». Dans une missive à Dimitri Galitzine, ambassadeur russe à Paris, Voltaire critique le Petit Conseil de Genève et estime que «trois ou quatre» de ses membres «ne sont bons qu’à jeter au lac.» Berne cède en janvier 1766 et autorise d’autres campagnes de recrutement, à condition qu’elles ne soient plus menées par l’officier.
II. 1783 Le Vaudois et les grands-ducs
«Pétersbourg est la plus belle ville que j’aie vu». Voici ce qu’écrit Frédéric-César de La Harpe à son ami Henri Monod, en mars 1783. Grâce au soutien d’un favori de Catherine II, Alexandre Lanskoï, l’avocat vaudois décroche une place de «cavalier» auprès du jeune Alexandre. Né six ans plus tôt, ce petit-fils de Catherine II deviendra tsar en 1801. «La Harpe est chargé d’accompagner le grand-duc partout, en lui parlant français. C’est ainsi qu’il entre à la Cour et entame sa carrière de précepteur, dès 1784», détaille Danièle Tosato-Rigo, professeure en Section d’histoire. Grâce à un plan d’éducation soigneusement ficelé, le natif de Rolle a su en effet convaincre la souveraine de sa compétence à enseigner. Alexandre et son jeune frère Constantin (1779-1831) lui sont confiés. Ce n’est qu’un début. En 1790, les neuf petits-enfants de l’impératrice comptent des précepteurs et des gouvernantes débarqués de Suisse romande. Les raisons de ce succès sont exposées dans l’ouvrage L’appel de l’Est.
Catherine II, qui a lu les œuvres de Jean-Jacques Rousseau, se passionne pour les questions éducatives et s’implique personnellement dans la formation de ses descendants. Les Suisses véhiculent une image de simplicité et de sobriété, accentuée par leur culture protestante. Républicains (ce qui à l’époque ne signifie pas démocrate), mais pas révolutionnaires, ils n’inquiètent pas la noblesse (tout au moins avant 1798). De plus, la littérature de voyage de l’époque vante les paysages et le peuple de l’Helvétie. Enfin, les Suisses eux-mêmes doivent souvent émigrer pour fuir la pauvreté.
III. 1784 L’éducation d’un prince
Comment forme-t-on un jeune prince pour qu’il devienne un monarque éclairé? Doctorant en Section d’histoire, Matthieu Clément consacre sa thèse à ce sujet, dans le cadre d’un projet soutenu par le Fonds national suisse. «L’Histoire, et en particulier celle de l’Antiquité, occupe une place centrale dans l’enseignement», explique le chercheur.
La Harpe s’appuie par exemple sur Edward Gibbon et son Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain. L’esprit de l’enfant étant considéré alors comme une page blanche, il convient «de lui imprimer rapidement de bons exemples de monarques, ajoute Matthieu Clément. Les empereurs romains du IIe siècle, comme Nerva, Trajan, Hadrien et surtout Marc Aurèle, constituent des modèles pour Alexandre.» Pourquoi? «La Harpe les considère comme des souverains au pouvoir autocratique fort, mais utilisé de manière sage et dans un but réformiste, le tout dans les frontières d’un vaste empire hétérogène.» Le parallèle avec la Russie de la fin du XVIIIe siècle saute aux yeux.
Dans les archives russes que Matthieu Clément a consultées, l’on trouve une abondante documentation sur la formation du futur tsar. Le programme effraie un peu. «Parmi les premiers textes qu’Alexandre a écrits, en français, j’ai trouvé sur la même page des phrases comme “J’ai faim“, “j’ai soif“ et… “Solon législateur d’Athènes“», note le doctorant. Plus tard, le précepteur lui demande de traduire des passages de Gibbon de l’anglais au français!
Exigeant, La Harpe n’a pas la tâche facile. La discipline n’est pas de tout repos: «Alexandre est indolent alors que son cadet Constantin est pétulant», comme le résume Danièle Tosato-Rigo. Le Rollois doit régulièrement rendre compte des progrès de ses élèves à ses supérieurs. Les sources montrent que Catherine II elle-même les a lus et montrés à des diplomates étrangers.
Enfin, «La Harpe est pris dans des conceptions contradictoires. Une pédagogie moderne implique de ne pas considérer les enfants comme des adultes en réduction et donc de leur laisser le temps d’apprendre, dans un esprit socratique. Mais il convient aussi de produire rapidement des impressions positives sur ces esprits qui ne restent pas malléables longtemps et de leur fournir le bagage intellectuel nécessaire à leur futur rôle de monarques éclairés», souligne Matthieu Clément.
IV. 1790 De Morges à Saint-Pétersbourg
Par le jeu des recommandations, d’autres Romands font leur entrée à la Cour de Russie, après un pénible voyage qui peut durer trois mois. Ainsi, les Morgiennes Jeanne Huc-Mazelet et Esther Monod décrochent des postes de gouvernantes, auprès des grandes-duchesses Marie et Hélène, petites sœurs d’Alexandre. Elles accompagnent «leurs» princesses du matin au soir, et donc «passent davantage de temps avec elles que leurs parents, jouant un rôle important dans leur développement intellectuel grâce aux lectures qu’elles partagent, et à de multiples exercices d’écriture qu’elles corrigent inlassablement», remarque Danièle Tosato-Rigo.
Les archives consultées par les chercheurs de l’UNIL contiennent nombre de petits billets rédigés – en français bien sûr – par les grandes-duchesses à l’intention de leurs gouvernantes. Certains, très touchants, prouvent que les Vaudoises font partie du cercle des intimes. Malgré cela, la vie dans le faste de la Cour n’est pas facile. Les précepteurs et les gouvernantes n’ont que peu de liberté. Le courrier est surveillé, les congés restent rares et le mal du pays, sans parler du climat, met le moral des Helvètes à rude épreuve. Jeanne Huc-Mazelet n’a pas eu l’autorisation de rentrer en Suisse pour revoir sa mère avant la mort de cette dernière.
V. 1795 La valse aux adieux
En principe, le travail des précepteurs et des gouvernantes s’arrête au moment des épousailles de leurs élèves. Pour La Harpe, le coup est dur. Alexandre, à qui il est très attaché, se marie en 1793. Dès lors, le temps consacré à l’enseignement se réduit encore. S’il obtient la permission de poursuivre sa tâche pendant deux ans encore, le Rollois gardera toute sa vie l’impression de ne pas l’avoir terminée. Ce mariage n’est pas la seule raison du départ de La Harpe, qui s’installe à Genthod en 1795. «Une source russe fiable nous apprend que le grand-duc Constantin a vivement souhaité être débarrassé de son précepteur, dont il ne supportait pas les exigences», révèle Danièle Tosato-Rigo.
Avant de partir, La Harpe laisse «une considérable bibliographie d’ouvrages, principalement d’histoire, dans l’espoir qu’Alexandre les lise. De plus, dans une longue lettre datée du 6 avril 1795, et conservée à la Bibliothèque cantonale et universitaire, le Rollois lui prodigue une liste de conseils», note Matthieu Clément.
En 1796, Catherine II meurt et son fils Paul Ier, qu’elle avait mis à l’écart, lui succède. Le temps se gâte pour les précepteurs et les gouvernantes. L’impératrice Marie Feodorovna se mêle de près de l’éducation de ses enfants. Le choix des lectures, auparavant laissé à l’appréciation des pédagogues, est imposé.
De plus, les aimables Suisses sentent le soufre. La révolution de 1789 avait déjà semé le trouble à la Cour russe. Mais la création de la République helvétique en 1798, et l’occupation du pays par les troupes françaises, leur taillent un costume de jacobins. Paul Ier interdit à son fils Alexandre de correspondre avec La Harpe et exige un serment de fidélité de la part des précepteurs et des gouvernantes.
Dans un article récent, Danièle Tosato-Rigo raconte comment, en 1799, les précepteurs suisses David-Louis Du Puget et Jean-Victor Sybourg sont exilés en Sibérie (oui, déjà) pour avoir entretenu une correspondance avec La Harpe. Ce dernier siège alors au Directoire de la République helvétique. Même si la punition ne dure pas longtemps, l’affaire inquiète les Suisses de la Cour, comme Esther Monod et Jeanne Huc-Mazelet, qui deviennent encore plus prudentes dans leurs lettres avec leurs familles.
VI. 1801 Le pupille devient tsar
À la suite d’un complot, Paul Ier est assassiné. Son fils Alexandre, qui aurait participé à la machination, lui succède. La Harpe, alors à l’écart de toute vie publique, rend visite à son ancien élève à Saint-Pétersbourg. Dans une lettre à sa mère, datée du 2 août 1801, le Vaudois raconte que les deux hommes se sont tombés dans les bras, en arrosant cette rencontre de larmes de joie.
Toutefois, il convient de se garder de faire de l’histoire sentimentale. «L’influence de La Harpe doit être remise en perspective, car Alexandre Ier était entouré d’un conseil de jeunes réformateurs libéraux, qui ne voulaient pas que le Suisse devienne une éminence grise», soutient Matthieu Clément. «Ce n’est pas avec le savoir laharpien que l’on dirige un immense État», ajoute Danièle Tosato-Rigo. La Russie compte alors probablement près de 40 millions d’habitants.
La Harpe retourne dans sa retraite de Plessis-Piquet, près de Paris. Il continue à écrire à son ancien étudiant, lui envoie des mémoires, le tient au courant de l’actualité littéraire et des publications importantes, mais il ne reçoit que peu de réponses. «Le précepteur voit son élève au pouvoir. Or, les choix de ce dernier ne lui plaisent pas. Après une période réformatrice, Alexandre Ier devient un roi de guerre, soit la négation de ce que voulait La Harpe», remarque Danièle Tosato-Rigo. Le tsar rejoint les coalitions des ennemis de Napoléon, avec la Prusse, l’Empire d’Autriche, la Suède et l’Angleterre. «Il s’agit donc presque d’un divorce», image l’historienne.
VII. 1813 Vaud tremble… un peu
D’abord, un petit rappel. En 1803, Napoléon signe l’Acte de médiation, qui crée un nouveau régime en Suisse. Le 14 avril, Vaud fait son entrée dans la Confédération (qui compte dix-neuf cantons) et son Grand Conseil siège pour la première fois.
Une décennie plus tard, la situation de l’Empire français est catastrophique. Après la déroute de la Bérézina (fin novembre 1812), la Grande Armée se replie. La Sixième Coalition, formée autour de la Russie, la poursuit à travers l’Europe. Cette guerre interminable, qui sème des millions de morts, touche la Suisse. Ainsi, le 21 décembre 1813, des troupes autrichiennes très supérieures en nombre traversent le territoire helvétique pour achever leur lutte contre Napoléon.
Pour les Bernois, qui ont perdu le territoire vaudois dix ans plus tôt, s’agit-il d’une occasion de revenir à l’Ancien Régime? Le 24 décembre, une proclamation demande en effet aux cantons de Vaud et d’Argovie de revenir dans le giron bernois. Danièle Tosato-Rigo relativise cette affaire. «D’abord, ce document est unique. Ensuite, les Bernois ont très rapidement considéré que c’était une erreur de vouloir revenir à la situation d’avant 1798.» Par contre, le Gouvernement vaudois, qui doit son existence à la révolution, a «largement diffusé cette nouvelle, en construisant une rhétorique de la peur».
Fin décembre, La Harpe écrit à Alexandre Ier, alors à Fribourg-en-Brisgau avec son état-major. Sa lettre prend des airs d’appel au secours. Le monarque rassure son ancien précepteur dans une missive du 3 janvier 1814. L’une de ses phrases, «on ne souffrira pas que l’existence des cantons de Vaud et d’Argovie soit compromise ou inquiétée par celui de Berne», a été souvent citée par la suite.
Cela ne fait toutefois pas d’Alexandre le «sauveur» des Vaudois, une image que le Gouvernement de Lausanne a largement véhiculée à des fins politiques. La popularité de l’empereur sous nos latitudes est immense, comme en témoigne l’épisode peu connu de sa visite manquée au bord du Léman en 1815. Ainsi que l’écrit Danièle Tosato-Rigo dans son article sur la «Grande Peur» de 1814-1815 , «en exigeant le maintien politique des anciens cantons, [le tsar] suit un plan clair: détacher la Suisse de l’influence française sans qu’elle ne devienne un glacis protecteur pour l’Autriche par le triomphe des conservateurs bernois et grisons. Pour cela, il lui faut l’appui des nouveaux cantons, et surtout celui du Canton de Vaud.» Ce n’est donc pas uniquement par affection pour son ancien précepteur qu’agit Alexandre Ier, mais bien pour intervenir au cœur des affaires européennes.
Le Congrès de Vienne, qui réunit les vainqueurs de Napoléon, se tient du 18 septembre 1814 au 9 juin 1815. La Harpe y représente plusieurs cantons. Après de nombreuses réunions, le «Comité pour les affaires suisses» acte le maintien des cantons mais impose de lourds dédommagements aux nouvelles entités. Scandalisé, le landamann vaudois Henri Monod, soit le président du Conseil d’État en termes actuels, écrit au Rollois pour s’en plaindre.
La distance entre le tsar et ses anciens protégés s’accroît encore. En été 1815, Henri Monod adresse une lettre à Alexandre Ier, dans laquelle il exprime ses craintes pour l’avenir de son canton et celui de la Suisse. Retrouvé dans des archives moscovites par Danièle Tosato-Rigo, le brouillon de la réponse impériale – une version édulcorée est parvenue au landamann – trahit son agacement. En effet, une fois la Suisse pacifiée par l’intervention des puissances européennes, «Alexandre Ier a bien d’autres choses à l’esprit, souligne Danièle Tosato-Rigo. Il s’est par exemple intéressé de près aux États allemands, dont certains comme le Duché de Bade sont fortement liés à sa famille.» Enfin, le 26 septembre 1815, le monarque fonde la Sainte-Alliance, composée de l’Empire russe, de l’Empire autrichien et du Royaume de Prusse. Une coalition conservatrice et teintée de mysticisme, destinée à empêcher les révolutions populaires.
«Alexandre Ier rencontre La Harpe très peu de temps avant. Ce dernier rapporte que les deux hommes ont eu une longue discussion à cœur ouvert», explique la professeure. Mais le tsar s’est bien gardé d’avertir son ancien précepteur de ses intentions. Ce dernier en sera choqué mais, dans ses mémoires, trouvera des excuses à son étudiant. Jusqu’à sa mort en 1825, l’empereur se tourne de plus en plus vers la religion, s’éloignant ainsi encore de son maître.
VIII. 1815 Une vie dans les souvenirs
Alexandre Ier et La Harpe ne se reverront plus. Le précepteur, qui écrit encore à son ancien élève, classe et annote le matériel pédagogique qu’il a accumulé, constituant ainsi un fonds d’archives très précieux pour les historiens. De son côté, la gouvernante Jeanne Huc-Mazelet maintient un lien fort avec «sa» princesse, Marie, qui réside à la Cour de Weimar. Cette dernière demande encore des conseils à son ancienne gouvernante, par exemple au sujet de l’éducation de ses enfants. Là également, les archives laissées par la Morgienne, déposées à la Bibliothèque cantonale et universitaire, montrent à quel point les deux femmes restent attachées l’une à l’autre. «Marie écrit même dans une lettre qu’à chaque décision qu’elle prend, elle entend la voix de Jeanne Huc-Mazelet», indique Danièle Tosato-Rigo.
Sur le plan matériel, les gains accumulés en Russie permettent à Esther Monod et à Jeanne Huc-Mazelet de disposer de suffisamment de fortune pour vivre à l’abri du besoin, et en toute indépendance, à une époque où ce statut n’est de loin pas à la portée de toutes les femmes.
IX. Et après?
Au risque de perpétrer un anachronisme, peut-on parler de «diplomatie pédagogique»? C’est permis, sourit Danièle Tosato-Rigo. Les petits-enfants de Catherine II possèdent une bonne connaissance de la Suisse grâce à leurs précepteurs et à leurs gouvernantes. Par le jeu des recommandations, ces derniers permettent à certains membres de leurs familles ou à d’autres compatriotes de faire carrière au pays des tsars.
En 1816, la Russie inaugure une mission permanente à Berne. Un document officiel mentionne que les institutions pédagogiques suisses figurent parmi les meilleures qui soient. L’histoire ne s’arrête pas là, car le réseau mis en place par les pédagogues suisses joue un rôle tout au long du XIXe siècle.
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A lire
Le général von Bülow embauche: un recrutement de gouvernantes et de domestiques suisses pour le Corps des Cadets de St-Pétersbourg au XVIIIe siècle. Par Anne-Laure Sabatier (2019). Sur demande auprès de anne-laure.sabatier@unil.ch
L’appel de l’Est. Par Danièle Tosato-Rigo et Sylvie Moret Petrini. UNIL (2017), 64 p.
Jeanne Huc-Mazelet. Je suis moi, ils sont eux. Éd. Par Danièle Tosato-Rigo, Geneviève Heller, Denise Francillon. Éditions d’en bas (2018), 256 p.
Précepteurs et gouvernantes suisses à la Cour de Russie à l’ère des révolutions: autour de l’affaire Du Puget-Sybourg. Par Danièle Tosato-Rigo. In: XVIII.ch. Annales de la Société suisse pour l’étude du XVIIIe siècle, no 10 (2019), p. 9-25.
Anciens sujets, nouveaux cantons. Autour de la «Grande Peur» de 1814-1815. Par Danièle Tosato-Rigo. In: De la crosse à la croix. Éditions Alphil (2018), p. 53-75.
Le projet La Harpe et la Russie sur Lumières.Lausanne
Autour du tsar Alexandre Ier de Russie. Bulletin no 18 (2015) de l’Association culturelle pour le voyage en Suisse. levoyageensuisse.ch (version électronique gratuite, sur papier pour 5 francs auprès de beatrice.lovis@unil.ch).