
À l’UNIL, l’économiste Timothée Parrique cherche dans tous les secteurs économiques les réductions qui permettraient à la Suisse de prospérer sans dépasser ses plafonds écologiques.
Depuis la parution de son livre retentissant Ralentir ou Périr (Seuil, 2022), son travail consiste à mieux comprendre les mécanismes économiques à l’œuvre dans les transitions écologiques. Son but est d’informer sur des bases scientifiques les décisionnaires, mais aussi les institutions éducatives et professionnelles qui l’invitent régulièrement, sans oublier les auditeurs touchés à travers ses podcasts. Les travaux de Timothée Parrique sont de nature théorique. «Je m’intéresse peu à la politique», insiste ce jeune chercheur français qui investit désormais la moitié de son temps à l’UNIL.
«Je suis un spécialiste en macroéconomie écologique», précise-t-il, soucieux d’étudier les effets économiques des crises environnementales, qui exigent selon lui de revoir de manière résolue et planifiée nos schémas économiques. Depuis ses études en France, en Suède et en Espagne, il adopte dans ses recherches la ligne directrice de la décroissance. Comment réduire la production et la consommation pour alléger l’empreinte écologique, tout en cultivant un esprit de justice sociale et le souci du bien-être? Autrement dit, comment ralentir économiquement pour ne pas périr écologiquement, sans pour autant péricliter socialement?
«J’étudie à la fois la décroissance, comme stratégie de transition de court terme, et la post-croissance comme modèle économique alternatif qui permettrait à un pays comme la Suisse de prospérer sans croissance», esquisse-t-il. Les taxes, les quotas, les subventions, les interdictions, les normes sociales et les stratégies d’entreprise, rien ne peut être négligé. «Toutes les options doivent être étudiées sans tabou: nous avons besoin d’une boîte à outils complète.»
Dans le cadre du programme de recherche STRIVE (Sustainability Transformation Research Initiative) financé sur quatre ans par l’UNIL et géré par le Centre de compétence en durabilité, il collabore au projet «planifier la transformation», avec le professeur Eric Jondeau (Faculté des HEC), mais aussi des spécialistes du droit, des sciences sociales et politiques et de l’environnement. Il s’agit de chiffrer l’effort nécessaire pour faire rentrer la Suisse dans le cadre des limites planétaires et d’évaluer différentes stratégies de transitions. «On parle beaucoup du quoi (la nécessité d’une certaine décroissance) mais peu du comment (les politiques à mettre en place pour l’organiser)», souligne-t-il. Les scientifiques démontrent, les citoyens et les dirigeants décident, ainsi conçoit-il sa tâche.
L’économiste assume volontiers un côté provocateur. «Il est difficile de parler de décroissance, de post-croissance et de post-capitalisme dans un département d’économie, mais ce sont pourtant des concepts essentiels pour comprendre les enjeux actuels», résume-t-il. Surtout, il reste optimiste et confiant en notre capacité collective à faire bouger les lignes, «dans la sphère des recherches académiques comme dans celle des transformations sociétales».
Une ville de goût
Uppsala, dont l’université m’a donné l’envie de devenir chercheur.
Un invité à sa table
Karl Marx, qui m’a démontré la puissance et l’élégance des sciences sociales.
Un goût de l’enfance
Les framboises du jardin à la ferme et le plaisir de les cueillir.