L’UNIL en terres africaines

Août 2016, des biologistes du Département d’écologie et évolution ont passé deux semaines au nord-est du delta de l’Okavango (Botswana) dans un centre de recherche partenaire de l’UNIL, le VTR center.

« Je souhaitais créer une plateforme pluridisciplinaire mise à disposition des scientifiques de différents horizons, qu’ils soient biologistes, géologues ou anthropologues », explique John Van Thuyne, cofondateur du VTR center et doctorant à l’Institut de géographie et durabilité. Opérationnel depuis juin 2014, le centre de recherche se situe au nord-est du delta de l’Okavango.

Eldorado scientifique

Cette zone du nord du Botswana, relativement peu explorée, est très particulière puisque le fleuve Okavango n’a pas d’embouchure maritime. Il se déverse et meurt dans le désert du Kalahari. « La région recèle une grande biodiversité et bénéficie d’un écosystème spécifique très intéressant du point de vue géologique, sédimentologique, climatologique et biologique entre autres, affirme John Van Thuyne. L’arrivée de bushmen il y a près de 150 000 ans avant notre ère en fait également un terrain de recherche propice pour les paléoanthropologues. »

Prospection

Depuis la signature d’une convention entre l’UNIL et le VTR center en automne 2015, des chercheurs de la Faculté des géosciences et de l’environnement (FGSE), ainsi que de celle de biologie et médecine (FBM) ont effectué des séjours scientifiques sur place. Des biologistes ont passé deux semaines dans la région en août 2016. Parmi eux, Philippe Christe et Laurent Keller, respectivement professeur associé et directeur du Département d’écologie et évolution (DEE).

« Il s’agissait d’évaluer si des recherches, notamment en lien avec les chauves-souris, les oiseaux ou les petits mammifères étaient envisageables, et si nous pouvions envoyer des étudiants ou doctorants sur le terrain », explique Philippe Christe.

Avec la complicité d’Olivier Glaizot, conservateur au Musée cantonal de zoologie à Lausanne et de Luca Fumagalli, maître d’enseignement et de recherche au DEE, il a réalisé des prélèvements sanguins sur des chiroptères afin d’étudier leurs parasites, ainsi que leurs vecteurs : des mouches hématophages. (A lire également : reportage sur les chauves-souris dans les grottes de Baulmes)

Michel Genoud, chargé de cours au DEE, s’est quant à lui intéressé au développement potentiel de travaux relatifs aux micromammifères comme les musaraignes ou des rats, dont il étudie le métabolisme.

Ces termites qui façonnent le paysage

Laurent Keller a évalué la possibilité de mettre en place des projets en lien avec les termites. « Ces animaux ont totalement façonné le paysage botswanais au fil des siècles, les flancs de leurs colonies peuvent s’étendre sur près de 50 mètres. En s’installant à un endroit, une société de termites modifie le sol, ce qui attire de nouvelles plantes. L’écosystème ainsi créé draine ensuite d’autres colonies, explique le spécialiste des insectes sociaux. Si bien qu’après des centaines voire des milliers d’années, ce sont de véritables collines, dont le sommet peut atteindre 5 mètres, qui sortent de terre. » Dans le cadre de sa thèse, le fondateur du VTR center, John Van Thuyne, projette d’étudier la structure géologique de ces termitières.

Au total, neuf chercheurs de l’UNIL ont été reçus au centre l’été dernier. Parmi eux, également des membres de la FGSE. Deux étudiants en biogéosciences y ont par exemple réalisé leur terrain de master. Anaël Lehmann a également effectué des recherches pour sa thèse à l’Institut des dynamiques de la surface terrestre. Le doctorant développe une nouvelle méthode, utilisant la microbiologie, qu’il combine avec des données géochimiques dans le but d’effectuer une analyse environnementale.

Partenariat local

Ce séjour en Afrique était également l’occasion de développer des collaborations scientifiques avec des acteurs locaux. Philippe Christe a lancé un projet de biologie de la conservation conjointement avec l’Okavango Research Institute, qui regroupe des chercheurs de divers horizons (écologues, biologistes de la conservation, botanistes, zoologues) et le professeur Raphaël Arlettaz de l’Université de Berne.

« La chasse étant interdite au Botswana, le pays compte énormément d’éléphants et de grands herbivores comme des zèbres ou des buffles. Leur présence massive influence fortement le paysage puisqu’ils mangent ou piétinent la végétation. » Un étudiant lausannois effectuera prochainement son travail de master sur place pour comprendre l’impact de ces grands animaux sur les communautés d’oiseaux, dont la plupart nichent et pondent au sol.

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