Le mystère des manuscrits de Qumrân

Dans la collection Que Sais-je?, sous la plume alerte, élégante et pleine d’humour de David Hamidovic, l’histoire des manuscrits de la mer Morte prend des allures de roman d’aventures. Un récit rocambolesque qui tourne autour de la découverte d’un inestimable trésor: près de mille manuscrits mis au jour entre 1947 et 1956 dans onze grottes du pourtour de la mer Morte. L’évènement a pour cadre le paysage rocheux et vallonné du désert de Judée. Et pour contexte historique, au départ du moins, la guerre entre le nouvel État d’Israël et les pays arabes alentour.

Précisons que d’autres manuscrits, sans liens avec ceux-ci, ont été exhumés dans la région durant la même période. Il est donc plus juste, et plus précis, de parler ici de «manuscrits de Qumrân», puisqu’ils correspondent au matériel découvert par les archéologues sur le site de Khirbet Qumrân. Pour l’anecdote, précisons que Qumrân est la déformation dialectale arabe de la Gomorrhe biblique, mais également le nom d’un cours d’eau temporaire (wadi) tout proche.

«L’intérêt des manuscrits de la mer Morte n’est pas quantitatif mais qualitatif», nous prévient David Hamidovic, professeur à la Faculté de théologie et de sciences des religions. Les textes littéraires portés sur les rouleaux renouvellent en effet la connaissance du judaïsme ancien au tournant de l’ère chrétienne. Une période cruciale pour l’Histoire, et l’histoire des religions en particulier. La publication de tous les textes prendra des années, nécessitera beaucoup d’investissements, intellectuel et financier. Elle ne s’achèvera qu’en 2009. 

Un tiers environ des manuscrits de la mer Morte sont des copies de la Bible hébraïque. Ils ont été réalisés entre le milieu du IIIe siècle avant J.-C. et le milieu du Ier siècle de notre ère. Avant leur découverte, les copies les plus anciennes dataient du début des Xe et XIe siècles. De quoi jeter un œil neuf sur le statut du texte biblique dans le judaïsme. Les manuscrits de Qumrân ne contiennent en revanche aucun texte du Nouveau Testament. Ils ne mentionnent ni Jésus de Nazareth, ni Paul, ni aucun autre des premiers chrétiens. Les manuscrits demeurent donc «un monument de la culture juive, conclut David Hamidovic, mais leurs résonances multiples les classent au XXIe siècle au rang de patrimoine mondial de l’humanité». / Mireille Descombes

Les manuscrits de la mer Morte. Par David Hamidović. Que sais-je? (2023), 128 p.

Elle a 29 ans en 1827 et se rend à Paris depuis Lausanne en diligence instable. Après la lourde neige, c’est la morne plaine, égayée ici ou là par une cathédrale. Ce joli récit d’Herminie Chavannes a été retranscrit et annoté par Dave Lüthi. Fille de pasteur, elle méprise les rites catholiques, Charles X et les «saintes grimaces». Elle ricane, tout en incarnant un protestantisme pieux. Cultivée, elle sait admirer les trésors accessibles au peuple, grâce à Napoléon, notamment. L’ambivalence sied à Herminie, critique d’un nouveau luxe qui s’étale./ Nadine Richon

Notice sur LabeLettres

C’est bien dans la Babylone moderne que je me rends seule. Par Herminie Chavannes. Éditions d’en bas (2023), 165 p.

Si les édifices et l’église installés sur la colline de Valère vous fascinent, cet ouvrage est pour vous. L’architecture, les fresques, les décors, les vitraux et les objets – entre autres – sont présentés en détail. Les aspects historiques du Chapitre cathédral de Sion et les questions de liturgie se découvrent au fil des pages, tout comme les points plus techniques de restauration. Ce livre scientifique est richement doté en illustrations, photographies et plans. / David Spring

Notice sur LabeLettres

Le bourg capitulaire et l’église de Valère à Sion. Par Chantal Ammann-Doubliez, Ludovic Bender, Karina Queijo et Romaine Syburra-Bertelletto. Société d’histoire de l’art en Suisse (2022), 460 p.

Sur la piste du chef en entreprises, à l’armée, dans la politique ou la culture: en Suisse, on peine à trouver les fameuses têtes qui dépassent. Dans ce pays consensuel, les chefs sont mal identifiés tout en conservant pour certains leur autorité, tandis que d’autres tentent de maintenir la leur sous la pression du capitalisme financier et de diverses restrictions touchant le personnel. Cet ouvrage rassemble de nombreux articles scientifiques résumés et accessibles au grand public. Dis-moi qui est ton chef, je te dirai dans quel pays tu vis. / Nadine Richon

 

C’est qui ton chef?! Sous la direction d’Ivan Sainsaulieu et Jean-Philippe Leresche. EPFL Press (2023), 344 p.

Avec l’actuel engouement pour le tatouage, la réédition, avec un chapitre inédit, de cet ouvrage paru en 1984 prend une signification particulière. Dans Le corps peint, Michel Thévoz interroge en effet la diversité des décorations corporelles, «Des Néanderthaliens aux Drag Kings» comme il le rappelle en sous-titre. Par nature, l’être humain, suggère-t-il, se situe dans un rapport problématique avec sa propre image qu’il n’a de cesse de «retoucher» de diverses façons. Et de conclure que, d’une certaine manière, «il n’est de corps que peint, et il n’est de peinture que corporelle». / Mireille Descombes

Le corps peint. Par Michel Thévoz. L’Atelier contemporain (2023), 186 p.

Voici, réunis pour la première fois en diptyque, J’ai tué et J’ai saigné, deux courts textes de Blaise Cendrars parus avec 20 ans d’écart (1918 et 1938). Tous deux renvoient à l’expérience de la guerre, la Première, celle de 14-18 où l’écrivain d’origine suisse perdit son bras droit. Restés tragiquement actuels, ces textes «ne sont pas des témoignages, précise Christine Le Quellec Cottier dans la préface. Ils n’attestent pas d’une expérience combattante reconnaissable par tous mais en proposent un témoignage littéraire, c’est-à-dire la représentation d’un vécu (…)». / Mireille Descombes

J’ai tué suivi de J’ai saigné. De Blaise Cendrars. Zoé poche (2023), 112 p.

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