À quoi ressemblera la Suisse de 2024, et quels bouleversements marqueront la décennie à venir? La votation du 9 février sur «l’immigration de masse» va-t-elle remettre en cause le modèle qui nous a assuré une prospérité et une stabilité très enviées? Et comment allons-nous relever les défis démographiques et climatiques qui se poseront inévitablement?
Autant de questions qui seront posées aux participants du prochain Forum des 100 qui se tiendra à l’UNIL, le jeudi 15 mai, puisque le magazine L’Hebdo a choisi de célébrer les 10 ans de sa manifestation-phare en se projetant dans la décennie à venir. Dix nouvelles années qui demanderont encore à la Suisse de clarifier ses rapports avec l’Union européenne, et, plus largement, avec le reste de la planète.
Ces défis colossaux, nous allons peut-être les résoudre en faisant du neuf avec du vieux. Car, comme vous le vérifierez dans ce magazine (lire l’article), dans les dix ans qui viennent, nous allons aussi apprendre à écrire le futur au passé. Rien à voir avec une quelconque réforme grammaticale qui vous aurait échappé: on parle ici de politique.
Parce qu’il se produit dans nos contrées un changement significatif dans les habitudes des ministres qui ont quitté le pouvoir. Alors que, depuis 150 ans, nos ex-conseillers fédéraux s’offraient le plus souvent des retraites discrètes et/ou lucratives, en prenant garde de ne plus jamais intervenir frontalement dans les affaires du pays, un changement de tendance s’amorce.
Christoph Blocher, Micheline Calmy-Rey, Ruth Dreifuss, et, dans une moindre mesure, Pascal Couchepin, se sont inventés un nouveau rôle d’aînés hyperactifs. Ils font sauter des tabous et lancent des débats, stimulants, futuristes ou carrément embarrassants. Et pas question de les ignorer. Car ces initiatives sont désormais relayées en boucle par les hypermédias contemporains, qu’ils soient sociaux ou plus classiques, permettant ainsi aux seniors de la politique suisse d’agiter la blogosphère, comme on l’écrit au XXIe siècle 😉
Libérés des règles strictes qui leur étaient imposées quand ils siégeaient au gouvernement, ces «nouveaux» retraités échangent le pouvoir contre l’influence. Libérés de la collégialité, donc moins taiseux, ils retrouvent leur liberté de parler, et en jouent avec plaisir et habileté. A l’image, finalement, de ce qui se produit un peu partout dans le reste du monde, où l’on ne cesse de se tourner vers ceux qui ont servi. Par exemple au prochain Forum des 100, où l’un des invités vedette s’appelle Joschka Fischer, qui fut un brillant ministre des Affaires étrangères avant de devenir un sage écouté.
A ce stade, on ne sait pas encore si cette troisième vie des retraités du pouvoir va changer la politique. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que ces nouveaux seniors ont commencé à réinventer la société. Ces pionniers de la retraite active nous proposent une piste intéressante pour les dix ans qui viennent, où nous serons de plus en plus nombreux à quitter le monde du travail en pleine forme, et à nous demander comment utiliser cette énergie.
Christoph Blocher, Micheline Calmy-Rey, Ruth Dreifuss, et, dans une moindre mesure, Pascal Couchepin, se sont inventés un nouveau rôle d’aînés hyperactifs.