Véritables passeports d’excellence pour les scientifiques, les subsides du Conseil européen de la recherche, les ERC Grants, ont fêté leurs 10 ans en mars. La Suisse a de quoi être fière de pouvoir participer aux célébrations: ses chercheuses et chercheurs ont le meilleur taux de succès dans l’obtention de ces bourses.
La Suisse participe de manière pleine et entière au programme-cadre de recherche européen Horizon 2020. Ce programme, qui couvre la période 2014-2020, encourage la recherche européenne dans des domaines très variés. L’un d’eux est consacré à «l’excellence dans la science».
C’est dans ce contexte que s’inscrivent les ERC Grants créés en 2007, lors d’un précédent programme-cadre. Ces subventions sont destinées aux chercheuses et chercheurs possédant au moins deux ans d’expérience depuis l’obtention de leur doctorat. Les postulants peuvent être de toute nationalité et travailler dans n’importe quelle discipline, des Sciences de la vie aux Sciences humaines et sociales, en passant par l’Ingénierie et l’Economie. Ils doivent toutefois être soutenus par un institut de recherche public ou privé situé dans un Etat membre de l’UE ou dans un pays associé, comme la Suisse, dans lequel ils mèneront leurs recherches. Ils pourront toutefois changer d’établissement en cours de route, s’ils le souhaitent. Les subsides sont accordés avec pour seuls critères l’excellence et l’originalité du projet de recherche.
Deux millions de francs
Les montants attribués s’élèvent en moyenne à plus de 2 millions de francs sur cinq ans. Les bénéficiaires consacrent une grande partie de cette somme à engager du personnel (doctorants ou post-doctorants) et parfois à couvrir leur propre salaire, le reste étant dévolu à l’achat de matériel, à des analyses et aux frais de participation à des congrès. Les subsides sont accordés pour une période de cinq ans. Comme il existe plusieurs catégories de bourses ERC – de démarrage, de consolidation et avancées – correspondant aux différentes étapes d’une carrière scientifique, un chercheur talentueux peut espérer en obtenir à diverses reprises.
Un bilan des ERC Grants établi en 2014 montre que la Suisse est très bien placée dans la course aux subventions. Elle figure en effet en cinquième position des pays bénéficiaires, après le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Si l’on tient compte du nombre d’habitants, notre pays arrive même largement en tête de cette compétition.
Les chercheuses et chercheurs, les institutions et le pays tout entier en tirent un grand prestige et un bénéfice indéniable sur la scène internationale. L’excellence attirant l’excellence, ces bourses permettent de recruter de brillants scientifiques dont les travaux stimulent la créativité et l’innovation.
Il est donc primordial que la Suisse poursuive sa participation au programme ERC. Si elle devait y renoncer – comme ce fut le cas de manière transitoire en 2014 à la suite du oui à l’initiative «contre l’immigration de masse» –, elle se verrait infliger la double peine d’un manque d’attractivité dans le recrutement des chercheurs les plus qualifiés, et de la fuite potentielle de ses meilleurs éléments, privés de l’accès à ce prestigieux programme.
Projets innovants
A ce jour, les quatre universités romandes et l’EPFL ont obtenu 210 bourses, dont 28 pour l’UNIL. Nous encourageons toujours les porteurs d’un projet innovant à se porter candidats. S’ils obtiennent le précieux sésame, ils auront la garantie de pouvoir attirer les meilleurs collaborateurs et constituer une équipe de recherche performante en toute autonomie. Quant aux autres, ils tireront profit de leur participation à cette compétition, grâce à un retour critique très pointu d’un panel d’experts internationaux. Ce retour leur permettra d’améliorer leur projet en vue d’une nouvelle soumission ou de le réorienter vers une autre institution de financement de la recherche.