Unique en Suisse romande, une formation en Psychologie du sport va être lancée à Lausanne. Elle offre aux participants un bagage académique solide et des outils concrets pour travailler sur le terrain.
Berlin, 9 juillet 2006. A la 107e minute de la finale de la Coupe du monde de football, Zinédine Zidane, en réaction à une insulte, balance un coup de tête à l’Italien Marco Materazzi. Largement médiatisé et parodié à l’époque, ce geste impulsif a coûté cher au Français, plutôt calme d’ordinaire.
Pour Roberta Antonini Philippe, maître d’enseignement et de recherche à l’Institut des sciences du sport et pour son collègue Denis Hauw, professeur associé, cet épisode illustre l’épineuse question de la gestion des émotions chez les athlètes. Nourrie par les sentiments extrêmes, cette population particulière fait justement l’objet d’une nouvelle formation continue unique en Suisse romande, «Psychologie du sport». Donné en français, ce Diploma of Advanced Studies (DAS) débute en janvier 2016 et se termine en septembre 2017. C’est-à-dire huit semaines de cours et 35 ECTS.
Pourquoi mêler la tête aux muscles ? «Le psychologue du sport intervient sur le bien-être de l’athlète», explique Roberta Antonini Philippe. «Son but consiste notamment à améliorer et à faire durer la performance: un bon entraînement ne se concentre pas seulement sur la technique et le physique, mais s’intéresse également à l’humain», un paradoxe apparent «dans un monde conçu pour produire de la performance, ajoute Denis Hauw. Contrairement aux idées reçues, la psychologie est très impactée par le corps».
L’humain et la performance
Piloté par les deux chercheurs de l’ISSUL, ce DAS met l’accent sur la préparation à la performance avec l’élite (planification, optimisation, récupération et blessures). Mais il traite aussi des juniors et des amateurs. Prévention du dopage et de la tricherie, troubles du comportement alimentaire, travail sur la confiance en soi, soutien à la motivation, lutte contre le stress ou gestion de la post-carrière: la psychologie du sport couvre un terrain large et diversifié. Les organisateurs attendent d’ailleurs une grande ouverture d’esprit de la part des participants, amenés à œuvrer dans des milieux très différents.
Accessible sur dossier, cette formation certifiante s’adresse aux diplômés en Psychologie ou en Sciences du sport qui souhaitent se profiler sur un marché du travail (clubs, fédérations, etc.) de plus en plus demandeur. Une fois leur titre en poche, les participants – directement opérationnels au niveau des interventions – pourront demander leur adhésion en tant que préparateurs mentaux à l’Association suisse de psychologie du sport. De plus, le DAS est en cours de reconnaissance auprès de la Fédération suisse des psychologues.
Nombreux experts
Composé de cinq modules, ce dernier marie la psychologie et le sport dès le premier jour, sous la direction de Valentino Pomini, professeur à l’Institut de psychologie de l’UNIL. Les aspects plus médicaux et biologiques de l’activité physique sont ensuite exposés par Bengt Kayser, professeur à l’ISSUL et au Département de physiologie. Plus tard, Emmanuel Bayle, professeur à l’ISSUL, décrypte les nombreuses fédérations et organisations qui peuplent la galaxie du sport. Egalement enseignants, Roberta Antonini Philippe et Denis Hauw possèdent une longue expérience dans l’accompagnement des athlètes d’élite. Parmi les nombreux autres spécialistes qui interviennent lors des cours figurent, par exemple, Marc Levêque, pionnier du domaine en France, ou Hubert Ripoll, responsable de la psychologie de l’expertise.
Le quatrième module est un stage pratique, sur le terrain. Basé sur un projet personnel des participants, il implique de suivre des sportifs de tous niveaux. Il s’agit par exemple d’apprendre à «préparer, mener, documenter et débriefer une consultation psychologique», note Roberta Antonini Philippe. Le but consiste à acquérir des outils utilisables immédiatement dans la pratique professionnelle, de manière autonome. Le DAS se conclut par un mémoire final de type académique.
Par ailleurs, pour répondre plus spécifiquement aux besoins des entraîneurs, agents et autres intervenants dans le domaine sportif, l’ISSUL lancera également – en juin 2016 – une formation de courte durée intitulée «Sport et dimensions psychologiques». En plus de mieux comprendre et mesurer le rôle du mental dans la performance sportive, les participants auront l’opportunité de développer un projet personnel concret.
Nourries des réalités du terrain et de l’apport scientifique, ces deux formations modulaires s’inscrivent dans un domaine émergent et prometteur.
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Nouvelle formation
Nanomatériaux
Les nanomatériaux manufacturés sont désormais présents dans la vie quotidienne. Ainsi, on trouve ces particules infinitésimales dans certains dentifrices, des crèmes solaires, des peintures, des textiles ou même des bonbons. Les propriétés antibactériennes et antifongiques des nanoparticules d’argent sont par exemple bien connues. Si, de manière générale, leur intérêt est grand – y compris dans le domaine médical, plusieurs membres de la vaste famille «nano» comportent des risques pour la santé et pour l’environnement.
Comme l’impact à long terme de ces matériaux demeure encore largement inconnu, «nous devons travailler sur la prévention», explique Thierry Meyer, chef du Service de sécurité & santé au travail de la Faculté des sciences de base à l’EPFL, et responsable de la formation courte «Nanomatériaux: gérer les risques liés à leur manipulation».
Cette dernière connaîtra sa deuxième édition le 15 mars 2016. Elle s’adressera principalement aux professionnels des milieux de l’industrie, de la recherche et de l’enseignement amenés à côtoyer ces particules de près, ou en charge de la sécurité dans leur secteur ou leur entreprise. Mais les personnes désirant parfaire leurs connaissances sont également les bienvenues.
En laboratoire
Après une matinée de cours théoriques denses sur le sujet (incertitude, principe de précaution, méthodes d’évaluation du danger nano, nature des nano-objets et dangers de ces derniers), les participants – au nombre maximal de 12 – travaillent dans des laboratoires «nanos» de l’EPFL en conditions réelles. «Equipés de combinaisons, de masques de protection visuelle, de masques respiratoires et de gants, ils manipulent des nanoparticules non toxiques», ajoute Thierry Meyer. Cette immersion est nécessaire pour bien comprendre les enjeux et les contraintes pratiques.
Afin de garantir un suivi de qualité, quatre intervenants aux profils complémentaires entourent les personnes en formation. Au terme de cette journée intense, ces dernières auront passé en revue les différentes techniques existantes d’évaluation des risques que présentent les nanomatériaux, et «seront capables de choisir celle qui convient le mieux dans le contexte de leur activité professionnelle», précise Thierry Meyer. Cela implique également la capacité d’adapter, au quotidien, les mesures de protection aux risques réels encourus. Pour simplifier, il ne sert à rien de travailler en scaphandre si cela n’est pas utile. Mais il faut être capable de le faire lorsque cela s’avère nécessaire.
Cette formation est nourrie par les découvertes les plus récentes de la recherche. L’occasion de se mettre à jour dans un domaine très prometteur.