Et si je provoquais un effet de serre, histoire d’augmenter la température de cette planète aussi désolée que fraîche? Il m’est également possible d’exploiter des mines, de provoquer la fonte des maigres calottes polaires existantes, de faire exploser par-ci par-là des bombes atomiques obsolètes ou – plus amusant mais plus coûteux – de provoquer la chute du petit satellite naturel Deimos sur la surface de son astre. Présentées sur des cartes, ces options un tantinet punk figurent dans le jeu de société Terraforming Mars (sorti en 2016). Son but consiste à rendre notre voisine rouge habitable pour les Humains, à grand renfort de technologie.
Toujours autour d’une table, je peux tout aussi bien me lancer dans la dépollution de terrains contaminés par l’activité humaine, la plantation d’arbres et la construction de temples et de villages de style «hippie», grâce à des voltigeurs. Ces actions sont ici alimentées par des énergies élémentaires, soit l’eau, le feu, l’air et la Terre! Cet univers doux et onirique est proposé par Les tribus du vent, paru en 2022.

Qu’elles se pratiquent avec une console, des cartes ou des jetons, les activités ludiques offrent la possibilité d’explorer un vaste ensemble d’imaginaires liés à la nature, comme les exemples précédents le montrent. L’exposition Planète Jeux, présentée en ce moment au château de la Tour-de-Peilz, traite justement des liens tissés entre le jeu et l’environnement, depuis les plateaux de bois de l’awélé (pratiqué depuis des siècles), jusqu’aux productions vidéoludiques d’aujourd’hui (lire l’article).
L’une des salles du Musée Suisse du Jeu propose un projet conçu par des chercheuses et des chercheurs liés à l’UNIL. Deux bornes multimédias, à destination des visiteuses et des visiteurs de tous les âges, fournissent des éléments de réponses à la question de l’empreinte écologique des jeux, qu’ils soient sur table ou à l’écran. Des données qu’il n’a pas été aisé de rassembler puis de rendre accessibles de manière claire.
Au musée, il n’est pas question d’asséner d’inutiles leçons de morale mais de livrer des éléments de réflexion, par exemple au sujet de l’industrie du jeu. D’un côté, on trouve des jeux de plateau à usage unique ou presque. De l’autre, il existe le très récent Symbiose, réalisé de manière à avoir l’empreinte écologique la plus faible possible.
L’exposition Planète Jeux souhaite nous faire jouer. Si le patrimoine conservé dans les collections de l’institution boélande est mis en valeur en vitrine, le public est incité à tester des dizaines de jeux, qu’ils soient collaboratifs ou compétitifs, afin de découvrir des productions moins connues que Minecraft. Il s’agit surtout de se plonger pour un moment dans des visions du monde de toutes sortes, qu’elles soient basées sur l’extraction de ressources, le technosolutionnisme, la survie en milieu hostile ou la restauration d’écosystèmes. Le tout en s’amusant, ce qui est le but!