Plus question de se moquer des théories du complot. Car l’actualité ne cesse de créditer les ex-fantasmes d’amateurs d’univers parallèles. Ainsi, après des décennies de dénégations, la CIA vient d’admettre officiellement l’existence de la zone baptisée Area 51. L’agence américaine a révélé dans un rapport que cette fameuse base installée dans le désert du Nevada était utilisée pour des vols secrets depuis le milieu des années 50. Sous d’autres latitudes, la police royale militaire anglaise a relancé l’affaire Diana en communiquant à Scotland Yard «de nouveaux éléments» susceptibles de modifier notre interprétation de «l’accident» mortel de la princesse anglaise.
C’est simple, à notre époque transparente, même les Etats n’arrivent plus à conserver leurs secrets. Grâce aux fuites orchestrées vers WikiLeaks, nous avons découvert la guerre des drones et les assassinats ciblés qui ont été opérés au Yémen sous les ordres de Barack Obama. L’affaire Snowden a ensuite révélé à une planète stupéfaite l’ampleur des écoutes dont sont capables les agences d’espionnage américaines, qui lisent les e-mails des quidams et mouchardent les locaux «amis» de l’Union européenne et des Nations Unies.
Même les mystères du passé ne résistent plus à la curiosité de l’époque. L’alliance des généticiens, des médecins et des archéologues nous a permis de lever le voile sur la mort énigmatique de Toutankhamon. Trois mille ans après la disparition du jeune pharaon, on peut affirmer qu’il n’a pas été assassiné, comme on a pu le croire après la découverte d’une blessure sur son crâne, mais qu’il est mort d’une maladie des os combinée au paludisme.
En 2013, les mystères qui restent entiers sont de plus en plus exceptionnels. Donc de plus en plus fascinants. C’est le cas de l’assassinat du président des Etats-Unis d’Amérique, John F. Kennedy. Cinquante ans après le fatidique 22 novembre 1963 à Dallas, les chercheurs – que ce soit à l’UNIL, comme ailleurs sur la planète – ne s’accordent toujours pas pour expliquer ce qui s’est passé ce jour-là (lire en page 16 de ce magazine).
Comment admettre qu’à une époque où «Les Experts» des séries télévisées sont capables d’élucider tous les crimes, des plus anonymes aux plus sophistiqués, on ne soit guère plus avancés au sujet de l’affaire JFK qu’à l’époque de la très décriée Commission Warren? Peut-être parce que personne n’a vraiment envie de connaître la vérité. Car, si c’est pour apprendre que Lee Harvey Oswald a fait le coup tout seul, le crime est trop insignifiant, trop banal, eu égard aux espoirs qu’a pu susciter ce président qui parlait d’envoyer des hommes sur la Lune. Et si c’est la mafia qui a fait abattre Kennedy, avec tout ce que cela signifie de liens interlopes entre le jeune président et l’organisation criminelle, c’est un autre mythe qui s’effondre. Donc, comme souvent quand la légende est plus belle que la réalité, les fictions ont de beaux jours devant elles.
Cinquante ans après le fatidique 22 novembre 1963 à Dallas, les chercheurs ne s’accordent toujours pas pour expliquer ce qui s’est passé ce jour-là.