Gandhi, une source d’inspiration pour enseigner

Nadia Lausselet et Philippe Bornet. Professeure associée à la HEP Vaud. Maître d’enseignement et de recherche à l’UNIL. Membres du comité scientifique de la formation «Gandhi: entre vénération et contestation». Nicole Chuard © UNIL

Plus que jamais, sa philosophie et ses réflexions pédagogiques peuvent constituer une source d’inspiration pour les enseignants. En février prochain, l’UNIL et la Haute école pédagogique du Canton de Vaud proposent justement deux jours de formation continue pour s’immerger dans l’œuvre de ce grand penseur du XXe siècle. 

Parmi les personnages inspirants de ces cent dernières années, Gandhi fait figure d’incontournable. «Sa pensée, très vaste, permet de tisser des liens entre une multitude de domaines. En Europe, il incarne le pacifisme, un style de vie simple et passe pour un écologiste. On a cependant tendance à oublier qu’il a aussi sa part d’ombre – il ne s’est ainsi jamais prononcé contre le système de castes», résume Philippe Bornet. Maître d’enseignement et de recherche à la Section des langues et civilisations d’Asie du Sud de la Faculté des lettres de l’UNIL, il coorganise ces deux jours de formation continue avec Nadia Lausselet, professeure associée dans l’unité d’enseignement et de recherche en didactiques des sciences humaines et sociales à la HEP Vaud. La première édition de ce module est prévue les 23 et 24 février 2023.

Il s’adresse notamment aux enseignants du secondaire 2 et à toute personne intéressée. «Les réflexions de Gandhi peuvent leur donner des sujets à explorer aussi bien dans un cours d’histoire que d’anglais. Homme d’État, il était avant tout un penseur. Il s’est intéressé à des questions de philosophie au sens large, prônant la coopération plutôt que la compétition, la recherche d’une économie respectueuse de l’environnement et des personnes, ou encore l’autodétermination de l’individu. Dans une perspective historique, les articles de la presse européenne faisant suite à ses voyages tout comme les récupérations dont il fait l’objet en Inde amènent à s’interroger sur la manière dont on présente le passé et sur la construction d’un mythe», s’enthousiasme Philippe Bornet. 

Ces deux journées serviront donc autant à donner un aperçu des multiples facettes de son œuvre foisonnante qu’à amorcer un ensemble de réflexions chez les participants, qui y trouveront également des outils pour intégrer ces questions dans leurs enseignements. 

Pédagogie gandhienne à la pointe

Un autre aspect de cette figure qui captivera les enseignants et, plus largement, toute personne se préoccupant de pédagogie, est son intérêt pour les questions éducatives, souvent méconnu dans nos contrées. «Il s’opposait à la ségrégation des Dalits, ou Intouchables, et envisageait l’éducation comme un moyen de s’émanciperen s’extrayant du système colonial en vigueur à l’époque», rappelle Nadia Lausselet. Une question qu’il aborde notamment sous un angle d’actualité: celui de la durabilité. «Gandhi a énormément réfléchi à la sobriété, au niveau économique, mais aussi scolaire. Cela soulève des interrogations passionnantes dans le domaine de l’architecture – comment organiser des classes flexibles avec peu de moyens – comme sur le plan matériel – quels supports utiliser dans ce type de contexte?», souligne-t-elle.

Autre champ d’investigation, le savoir. Elle poursuit: «Face à celui, académique, qui sert de référence, quelle est la valeur de l’expérience? Comment combiner ces deux dimensions? Gandhi était convaincu que cela pourrait déboucher sur une émancipation intellectuelle, notamment chez les Dalits. Cette question de l’hybridation des savoirs redevient d’actualité en ce moment.» De quoi encourager les enseignants à interroger leur posture, à porter un regard critique sur leurs propres pratiques.

Intervenants de tous horizons

«À personnage pluriel, intervenants pluriels, se félicite Philippe Bornet. Nous avons tenu à associer aussi bien des collègues de la Section des langues et civilisations d’Asie du Sud que des spécialistes de domaines très variés – médecine, enjeux politiques ou religieux. Nos confrères de la HEP abordent, pour leur part, les aspects éducatifs. Enfin, on pourra entendre des intervenants indiens. Certains d’entre eux connaissent tout particulièrement bien l’œuvre de Gandhi, tandis que d’autres ont implémenté sa vision de l’éducation.» La grande richesse des contributeurs encouragera, espère-t-il, chacun à partager ses expériences. Pour aller un peu plus loin dans ce sens, les conférences du matin se prolongeront sous forme d’atelier l’après-midi. Des moments durant lesquels les participants seront invités à réfléchir à leur propre pratique.

Pour la Section des langues et civilisations d’Asie du Sud, cette formation continue constitue aussi une occasion de montrer comment un savoir a priori très abstrait comme la littérature indienne, une fois sorti des murs de l’académie, peut faire sens pour un large public. Pour la HEP, le module liant pédagogie indienne et éducation à la durabilité, qui suscite beaucoup d’intérêt chez les étudiants, est également une manière de mutualiser son travail en partenariat avec l’Université de Delhi. /

Informations et inscriptions: formation-continue-unil-epfl.ch/formation/gandhi/

Pourquoi entreprendre une formation continue?

Chaque année, plus de 3500 personnes suivent une formation continue organisée par l’UNIL ou l’EPFL. Apprendre, s’adapter, préparer l’avenir, changer de vie, les raisons qui les poussent à se lancer dans un tel projet peuvent être nombreuses. Pour en savoir plus, nous avons donné la parole à d’anciens participants afin qu’ils partagent avec nous leurs motivations, aspirations et expériences.

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