L’historien Auguste Bertholet consacre une riche monographie à cet ingénieur physicien d’origine hollandaise qui, dans sa propriété de Buchillon, se fit le fervent défenseur de la préservation de la nature et de la biodiversité.
Tout a commencé par un heureux hasard. Alors qu’il met ses études d’Histoire entre parenthèses le temps d’effectuer son service civil, Auguste Bertholet est engagé par le laboratoire ECOL (Ecological Engineering Laboratory) de l’EPFL. Sa tâche: promouvoir la fondation Les Bois Chamblard. Intégré à son équipe d’ingénieurs-chercheurs spécialistes de limnologie, il plonge dans les archives de cette institution liée à l’EPFL et découvre la personnalité fascinante et méconnue de son fondateur, Erico Nicola (1907-2001).
Très vite, le jeune historien, docteur de l’UNIL, choisit de focaliser ses recherches sur ce pionnier de la pensée écologique. La tâche se révèle toutefois difficile car les sources sur sa vie, ses travaux et sa pensée sont rares. Auguste Bertholet sera donc amené à recueillir les témoignages de personnes qui l’ont connu et à consulter des archives d’architecture et des fonds documentaires privés. Une riche publication couronne aujourd’hui son travail. Elle dresse le portrait d’un scientifique singulier, né à Bâle en 1907, de nationalité hollandaise, et qui vécut à Lausanne depuis l’âge de 6 ans. Un homme qui, dès son adolescence, se montra profondément attaché à la préservation de la biosphère et de la nature.
Erico Nicola a fait des études en géophysique et météorologie à l’EPUL (École polytechnique de l’Université de Lausanne). Ce futur ingénieur physicien d’origine aisée s’y distingue déjà par son entregent et son goût pour la sociabilité. En 1935, il achète la propriété des Bois de Chamblard, à Buchillon. Son premier geste sera de reboiser le site avec des pins et des chênes. Il choisit aussi sciemment de faire construire une villa basse, peu imposante, éloignée de la rive. Dans cette propriété devenue une véritable vitrine de la biodiversité, Erico Nicola organise des rencontres entre les différents milieux impliqués dans la préservation de la nature et du paysage. Il y reçoit régulièrement des personnalités comme le peintre, sculpteur et naturaliste Robert Hainard ou les écrivains Charles Ferdinand Ramuz et Denis de Rougemont. «Sa proche relation avec la famille royale hollandaise a été essentielle pour établir le siège mondial du WWF à Gland», relève par ailleurs dans la préface Jean-Claude Badoux, ancien président de l’EPFL.
En 2000, Erico Nicola crée la fondation Les Bois Chamblard chargée d’encourager la recherche dans les domaines qui lui tiennent à cœur. À sa mort, un an plus tard, il lègue à l’EPFL sa fortune et sa magnifique propriété. /