Une étude menée à l’UNIL par Alan Traclet a montré que les arbitres sont plus cléments avec les joueurs qui battent leur coulpe.
«Inconsciemment, les arbitres infligent des sanctions plus clémentes aux joueurs qui présentent des excuses.» Alan Traclet est docteur et chercheur FNS à l’Institut des Sciences du sport de l’Université de Lausanne (UNIL). Il a notamment travaillé sur le comportement des joueurs de foot amateurs lorsqu’ils commettent une faute au cours d’un match.
On s’excuse plus facilement pour certaines fautes
«A ce niveau, les footballeurs présentent des excuses, ou quittent simplement la zone où a eu lieu l’action, par exemple lorsqu’ils infligent des coups ou usent d’un jeu plutôt dur», explique le chercheur. Qui note que les joueurs qui ont commis volontairement une faute agressive «utile au jeu» s’excusent plus souvent que ceux qui le font avec hostilité, uniquement pour faire mal. «Ceux-là tenteront de se justifier auprès de l’arbitre, en disant par exemple que c’est l’autre qui a commencé, qui a provoqué.»
La justification tend aussi à être plus fréquente au niveau supérieur, par exemple chez les semi-professionnels, alors que les excuses se font plus rares.
S’excuser permet parfois d’éviter le carton jaune
Quant aux raisons qui poussent les joueurs amateurs à s’excuser, elles semblent stratégiques et utiles: ils pensent, voire apprennent, qu’ils ont des chances d’éviter le carton avec ce comportement. L’ironie de l’histoire, c’est que les arbitres, eux, ne sont pas conscients de se laisser «manipuler». Le chercheur en a interrogé une soixantaine. «Avant l’étude, ils se disaient sûrs d’être suffisamment impartiaux pour ne pas se laisser influencer par les excuses, et être pros: seule compterait à leurs yeux la gravité de la faute, explique Alan Traclet. Ils ont été surpris de constater qu’ils sont effectivement sensibles à la stratégie des joueurs.»
Sonia Arnal