La variole et la grippe espagnole ont fait des ravages considérables par le passé. D’autres pathologies virales émergent aujourd’hui, comme Ebola et Zika.
Depuis la nuit des temps, les êtres humains sont environnés de virus dont certains sont très pathogènes. Les premières traces écrites datent de l’Antiquité. Les Egyptiens décrivaient une maladie que l’on nomme aujourd’hui la poliomyélite et le célèbre médecin grec Hippocrate évoquait déjà la rage. «Les adeptes de la religion hindoue ont même consacré une déesse, Shitala, à la variole. C’est dire l’impact que cette maladie avait dans leur histoire», constate Stefan Kunz, professeur de virologie fondamentale à l’UNIL. Il est vrai que la variole est «la pire maladie qui ait jamais frappé l’humanité. Elle a tué des centaines de millions de personnes.» Elle est aussi la première – et pour l’instant la seule – infection qui a été éradiquée.
Chute de l’Empire aztèque
La variole et la rougeole ont même provoqué la disparition de civilisations. «La chute de l’Empire aztèque s’est produite entre 1519 et 1521, suite à l’arrivée des conquistadors espagnols qui n’étaient pourtant qu’un demi-millier, raconte le virologue.
Au cours de l’été 1520, ces maladies se sont répandues rapidement et ont décimé la population indigène qui n’avait jamais côtoyé ces virus. Elles ont détruit les capacités physiques des combattants, mais elles ont aussi ébranlé leur moral, car les Espagnols eux, étaient immunisés et ne tombaient pas malades.»
Bien d’autres pathologies virales se sont déclarées à la surface de la planète. Notamment la grippe espagnole qui a frappé le monde entier durant l’hiver 1918-1919 et qui «a fait cinq à dix fois plus de victimes que la Première Guerre mondiale», souligne Stefan Kunz.
Plus récemment, entre 2013 et 2016, quatre pays d’Afrique de l’Ouest – la Guinée, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone – ont été frappés par une épidémie d’Ebola. La fièvre hémorragique a affecté 30000 personnes et a tué un peu plus du tiers d’entre elles.
Quant au virus Zika, qui a été découvert en 1947, il a émergé en 2013 en Polynésie française et, deux ans plus tard, il a envahi le Brésil où il est lié aux malformations cérébrales chez les nouveau-nés.
Cette longue cohabitation avec les virus a eu un impact sur l’évolution de l’être humain. Certains pathogènes, comme les rétrovirus, intègrent en effet des composants de leur patrimoine génétique dans le nôtre et aujourd’hui, «8% de notre ADN est d’origine virale», constate Stefan Kunz.
L’histoire est loin d’être finie et l’émergence de nouveaux virus menace toujours l’humanité. C’est pourquoi, en collaboration avec VETSUISSE, l’Institut für Infektionskrankheiten à Berne, de l’université de cette ville et du Laboratoire Spiez, l’équipe de l’UNIL a créé un réseau SINERGIA. Financé par le Fonds national suisse, il a pour objectif d’étudier des nouveaux pathogènes et, précise Stefan Kunz, «d’évaluer les risques qu’ils font courir aux populations».
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