Les coraux de la Mer Rouge résistent au changement climatique

Dans le contexte actuel de blanchissement exceptionnel des coraux des années 2016 et 2017, une équipe de chercheurs (comprenant le Prof. Anders Meibom – FGSE, ISTE, UNIL et le Dr. Thomas Krueger – EPFL), a fait une découverte essentielle sur l’extrême résistance et résilience au changement climatique d’une espèce de corail de la Mer Rouge.

Le Prof. Anders Meibom de l’Institut des sciences de la Terre, UNIL et le Dr. Thomas Krueger de l’EPFL.

La Stylophora pistillata, une espèce de corail qui vit dans de nombreuses régions du globe, n’a pas montré signe de blanchissement dans le Golfe d’Aqaba en Mer Rouge et ce malgré un stress thermique de 1-2°C au dessus des températures estivales maximales, pendant une durée d’un mois et demi. Or la plupart des coraux ne survivent pas à un tel stress thermique.

Le corail a été monitoré dans l’aquarium Red sea simulator d’Eilat (Interuniversity Institute for Marine Sciences, Israël) en appliquant les scénarios de réchauffement climatique envisagés pour la deuxième moitié du siècle. Non seulement ces coraux ont montré une capacité d’adaptation exceptionnelle, mais ils ont aussi augmenté leur capacité de productivité primaire (croissance) de 51% dans ces conditions de stimulations inhabituelles.

Stylophora pistillata a migré de l’Océan Indien vers le goulet de chaleur extrême (plus de 30 degrés) du Sud de la Mer Rouge, puis a colonisé le Nord de la mer à la suite du dernier âge glaciaire. C’est grâce à une tolérance à la chaleur maximale développée au cours de l’évolution que l’espèce de corail a pu surmonter des stress extrêmes et s’implanter ainsi durablement dans le Golfe d’Aqaba. Cette espèce de corail résistante à la chaleur pourrait en conséquence mieux s’adapter aux futures conditions climatiques.

Le blanchissement des coraux est un phénomène au cours duquel le corail, animal aquatique vivant sous forme de colonie de polypes, expulse de sa texture les algues symbiotiques (les zooxanthelles, Symbiodinium) en raison du stress thermique. Les algues donnant leur pigmentation au massif corallien étant expulsées, le corail blanchit. La symbiose entre les polypes et les zooxanthelles (qui par la photosynthèse fournissent leur nourriture au corail) étant interrompue, le corail meurt.

En bref, non seulement la résilience de l’espèce Stylophora pistillata est grande à des températures au-dessus de la norme, mais en plus, sa santé est optimale. Les résultats de cette étude amènent donc l’équipe du Prof. Meibom à former des espoirs face à la disparition annoncée des coraux. Cela présente aussi un défi pour comprendre les mécanismes biologiques d’adaptation au changement des températures océaniques et atmosphériques. Par ailleurs, les auteurs de cette étude estiment qu’il y a un important potentiel de coopération internationale pour renforcer les lois environnementales dans la concordance, le Golfe d’Aqaba étant situé dans une région sous pression au niveau géopolitique.

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Auteur : CellComDec / Nicolas Bourquin

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