Quel avenir pour l’agronomie suisse ?

Dans le cadre d’une collaboration entre la FGSE, l’EPFL, le WSL et l’Agroscope à Changins (Institut des sciences en production végétale), deux étudiantes de la FGSE ont effectué leurs mémoires de master sur une optimisation des qualité et quantité d’engrais utilisés à l’heure actuelle en Suisse. Si par le passé, on cherchait à maximiser le rendement par l’utilisation excessive de produits phytosanitaires et d’engrais souvent nocifs pour l’environnement, la recherche agronomique suisse contemporaine cherche à trouver le meilleur compromis entre compétitivité, sécurité alimentaire et préservation de l’environnement. L’optimisation de la nutrition des cultures est dans ce but essentielle.

Ayumi Koishi, nouvelle diplômée d’un Master en Géosciences de l’Environnement à la FGSE, a travaillé sur la qualité de la matière organique stockée dans le sol. Celle-ci est un facteur clé de l’agrosystème qui régule de nombreuses propriétés du sol et en conséquent la productivité des cultures agricoles. Par ailleurs, la spécialisation croissante des exploitations agricoles, qui tendent à réduire l’élevage du bétail, est à l’origine d’une diminution de l’utilisation des engrais organiques traditionnels tels que le fumier et le lisier, au bénéfice des engrais minéraux chimiques. Ayumi a démontré par des méthodes telles que la spectroscopie infrarouge et des mesures d’activité enzymatique, que les pailles de céréales présentaient un potentiel de stockage de la matière organique équivalent en quantité et en qualité à celui des engrais organiques traditionnels. Ces pailles seraient donc une alternative aux fumiers et lisiers dans les exploitations sans bétail.

Le travail de Selma Cadot, nouvelle diplômée d’un Master en Biogéosciences, a porté sur l’importance de la fertilisation phosphatée des cultures agricoles. L’application du phosphore est considérée comme indispensable pour obtenir une productivité satisfaisante. A cela s’opposent deux problèmes contemporains, la raréfaction de la ressource et l’eutrophisation des cours d’eau. On peut exploiter du phosphore à l’état de minerais, notamment au Sénégal, où il est associé à des gisements sédimentaires contenants de fortes proportions de squelettes fossiles. On peut également trouver du phosphore dans les résidus d’abattoirs, en provenance d’os d’animaux d’élevage. Selma a pu étudier la disponibilité du phosphore du sol et la réponse des cultures agricoles à la fertilisation phosphatée. Par une méthode dite d’échange isotopique, elle a pu construire un modèle de la dynamique des ions phosphate dans le sol. A terme, ces recherches permettront d’évaluer les seuils de phosphore nécessaires à tout type de sol selon les exigences des cultures et l’établissement de normes de fumure adaptées au mieux aux besoins des cultures agricoles.

En bref, ces deux études complémentaires démontrent qu’il est possible de rationnaliser au mieux les intrants et effluents du système agricole avec des composants naturels et ainsi d’accorder l’agronomie suisse avec l’exigence de la durabilité. Les deux travaux de master ont été sanctionnés de l’excellente note de 6. Ayumi et Selma continuent à travailler comme collaboratrices scientifiques, Ayumi à l’UNIL et Selma à l’Agroscope de Changins.

Les initiateurs de cette collaboration entre les Hautes Ecoles Lausannoises et l’Agroscope espèrent que ces deux travaux sont le premier d’une collaboration fructueuse et durable sur l’impact environnemental et l’optimisation des pratiques agricoles entre leurs institutions et qu’ainsi de nouvelles perspectives seront offertes aux étudiants.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *