Conférences 2011

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The Stereopticon and Cinema: Projector as Media Form or Platform

Prof. Charles Musser, Yale University

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Bergson, le cinématographe et le comique atmosphérique

Dr. Elie During, Université de Paris Ouest – Nanterre

La célèbre image du « cinématographe » introduite par Bergson au début du quatrième chapitre de l’Évolution créatrice (1907) a pour fonction d’éclairer le mécanisme général de l’intelligence réfléchissant sur le devenir. On a surtout retenu de cette affaire la critique d’une tendance de la pensée à vouloir recomposer artificiellement le mouvement à partir d’une succession de vues immobiles. Mais le nerf de l’argument concerne moins la recomposition que le mécanisme même de défilement des images : c’est le mouvement uniforme, sans qualité, qui est au fond de l’appareil de projection. Bergson évoque un « mouvement, toujours le même, de la bande cinématographique, mouvement caché dans l’appareil ». Son cinématographe n’a besoin que d’être « actionné »; une fois lancé, la main n’a plus rien à y faire, de sorte qu’on peut se passer, à la rigueur, des services du projectionniste. Il y a là une véritable énigme : à l’époque où Bergson écrivait, les premiers modèles de projecteurs motorisés n’étaient pas encore apparus sur le marché. En ce sens au moins, il faut bien reconnaître que Bergson invente ou rêve le spectacle cinématographique tel que nous le connaissons aujourd’hui. En partant de ce constat, et en suivant le fil des analyses du comique proposées dans le Rire (1900), nous tâcherons de montrer, selon une voie moins ontologique – plus technologique, plus procédurale – que celle de Deleuze, comment Bergson nous aide à penser, sinon le cinéma en général, du moins une tendance profonde du burlesque cinématographique. Il suffit pour cela d’approfondir ce qu’il décrit comme le processus comique – la « force d’expansion » qui porte la « fantaisie comique » – et d’opérer une espèce de passage à la limite qui livre peut-être l’essence du burlesque : non pas « du mécanique plaqué sur du vivant », mais « du vivant ranimé dans le mécanique ». Cette formule se justifie par la double orientation que présentent les analyses du Rire ; elle fait écho à l’ambivalence du cinématographe lui-même. D’un côté, donc, le mécanisme de la chute, démonté et mis à plat avec tous les procédés connexes, tous les dispositifs qui développent le thème de l’agencement mécanique (diable à ressort, pantin à ficelles, boule de neige, etc.) ; d’autre part, la logique plus secrète de l’imagination, la propagation explosive du rire, porté par un flux d’images qui entrent en coalescence, comme des « dissolving views »… Ce comique hallucinatoire et métamorphique, nous l’appellerions volontiers « comique atmosphérique », ou simplement : « comique d’atmosphère ». Nous tâcherons de voir de quelle manière il permet de saisir certains traits frappants du « cinéma des attractions » et du comique « primitif », mais aussi certaines tendances de l’art vidéo contemporain.

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Dispositifs du corps sonore: clinique de l’auscultation de 1820 à 1950

Prof. Vincent Barras, Université de Lausanne

S’interrogeant de manière critique sur le statut des différents registres sensoriels participant à l’épistémologie médicale et scientifique contemporaine, cet exposé s’attachera à décrire les différents technologies ayant participé, du 19e siècle au 21e siècle, au façonnage du corps en objet sonore : du stéthoscope de Laënnec aux enregistrements sur cylindre des « libres associations » du psychiatre viennois E. Stranksy au début du 20 siècle ou aux disques vinyl 33t. de la série « Schall und Ton in der Medizin » de l’éditeur munichois Lehmann dans les années 1960. Dans cette perspective, le « regard médical » et sa capacité de structuration de la médecine contemporaine, devenu depuis M. Foucault le passage obligé de toute historiographie, ne doit pas occulter ce registre obscur de la sensorialité qu’est le domaine sonore, dont il convient de mesurer l’importance dans la construction du corps contemporain.

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