Métabolomique

Après la génomique et la protéomique, voici venue l’ère de la métabolomique, une nouvelle brique pour la recherche et la clinique à l’UNIL-CHUV. Cette science étudie les sucres, acides gras, acides aminés et, entre autres, les hormones. Objectif? Créer un passeport biologique pour Monsieur et Madame Tout-le-monde. Les explications de Bertrand Rochat, biologiste au CHUV.

Vous souhaitez épater vos interlocuteurs dans les salons? Prononcez le mot métabolomique. C’est une science, jeune, qui étudie l’ensemble des métabolites (sucres, hormones, acides gras, etc.) présents dans une cellule, un organe ou un organisme. Sur le plan technologique, elle utilise principalement la spectrométrie de masse. Plus simplement encore, la métabolomique est une analyse des petites molécules, par exemple celles qui circulent dans le sang. Il faut intégrer la métabolomique avec deux autres domaines, mieux connus, qui composent un individu: la génomique ainsi que la protéomique, qui étudie les protéomes, soit l’ensemble des protéines d’une cellule.
Il y a dix ans encore, les scientifiques étudiaient les métabolites de manière anecdotique en analysant seulement quelques composés, comme une «photo analytique» à 1000 pixels. Les spectromètres de masse permettent désormais d’en mesurer des centaines simultanément et maintenant ce cliché contient des millions de pixels. Aujourd’hui, les chercheurs peuvent donc observer une cartographie plus complète des métabolites. Au 18e étage du CHUV, la plateforme technologique qMSF (quantitative Mass Spectrometry Facility), dirigée par le biologiste Bertrand Rochat, teste un nouveau spectromètre de masse. Cette machine, mise à disposition par la firme Thermofischer avant son entrée sur le marché, permettra de réaliser des analyses de métabolites quantitatives et ciblées. Bertrand Rochat travaille en étroite collaboration avec le Dr Hugues Henry du Laboratoire de chimie clinique.
La machine est en prêt jusqu’en mai 2013, mais Bertrand Rochat aimerait prolonger l’aventure de plusieurs semestres pour se familiariser plus concrètement avec cette technologie inédite au CHUV et à l’UNIL. Et histoire aussi de produire les premiers résultats en clinique. Grâce à ce petit bijou, récent et robuste, les chercheurs vont pouvoir mesurer des centaines de métabolites et espèrent découvrir les influences d’un évènement – prise d’un médicament ou d’un aliment, un stress – sur une personne.
En matière de lutte antidopage, les spécialistes ont décidé de créer un passeport biologique pour les athlètes de pointe. Grâce à la métabolomique, cela pourrait concerner Monsieur et Madame Tout-le-monde. Nécessaire, pour y parvenir, d’identifier entre 200 et 800 composés; ce qui donnerait une sorte de carte d’identité, non pas génétique, mais métabolique. Les chercheurs pourront voir ce qui se passe entre deux «photos» à, par exemple, plusieurs années d’intervalle. La métabolique observe et compare et se distingue, selon Bertrand Rochat, de la génétique plus déterministe.
Preuve d’un bel avenir promis à la métabolomique? Le laboratoire antidopage créé à Londres pour les Jeux olympiques de l’été dernier a certes fermé ses portes, mais une petite équipe travaille sur ce fameux passeport biologique pour tous.
Plus près d’ici, Pierre-Edouard Sottas, un collaborateur de l’Agence mondiale antidopage, qui œuvre avec Bertrand Rochat, a créé une start-up, BioKaiZen, pour aller dans ce sens. Cette start-up vient de remporter le prix BioArk 2012, décerné dans le domaine des sciences de la vie en Suisse.

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