Programme scientifique

Conférences plénières 

A l’occasion de la semaine internationale, nous aurons le plaisir d’accueillir et d’entendre neuf conférences plénières, en français et en anglais, données par spécialistes de différentes disciplines et qui offriront leurs perspectives sur le développement du numérique, de l’inclusion, du bien-être et de leur relations en éducation et formation, tant au niveau national qu’international.

Lundi 12 septembre

« Favoriser la santé mentale des enfants et des adolescents par le développement des compétences psychosociales » 

Depuis la recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé encourageant les Etats à développer les compétences psychosociales dès le plus jeune âge dans le but de favoriser la santé mentale et la réussite scolaire, de nombreuses études ont été menées dans ce champ. Les compétences psychosociales représentent les compétences cognitives, émotionnelles et sociales permettant à un individu de s’adapter au mieux aux situations, en coopérant avec les autres et en avançant en direction de ses objectifs et buts de vie. Les méta-analyses récentes ont mis en évidence l’efficacité de ces ateliers permettant de développer les compétences psychosociales en contexte scolaire, ainsi que les conditions favorisant l’efficacité de ces interventions. Cette conférence vise à présenter ce que sont les compétences psychosociales, ainsi que les moyens de les développer chez l’enfant et l’adolescent, ainsi que les effets de ce type d’interventions.

? UNIL Anthropole – 1031, de 14h00 à 15h00

Par Rebecca Shankland, Professeure des Universités en psychologie du développement à l’Université Lumière Lyon 2

Rebecca Shankland est Professeure des Universités en psychologie du développement à l’Université Lumière Lyon 2. Elle est responsable de l’Observatoire du Bien-être à l’Ecole et chercheure au Laboratoire Développement, Individu, Processus, Handicap, Education. Ses travaux portent depuis plus de quinze ans sur le développement des compétences psychosociales des enfants et des adultes, en particulier les compétences émotionnelles et sociales, en milieu scolaire et au sein des familles. Elle a publié de nombreux articles et ouvrages sur ces sujets, dont les derniers : Développer la santé mentale des étudiants (co-écrit avec Clémence Gayet et Nadine Richeux, paru chez Masson en 2021), Les compétences psychosociales (co-écrit avec Béatrice Lamboy et Marie-Odile Williamson, paru chez De Boeck en 2021), et Ces liens qui nous font vivre : Eloge de l’interdépendance (co-écrit avec Christophe André, paru chez Odile Jacob en 2020. Elle a également participé à la rédaction du référentiel des compétences psychosociales de Santé Publique France, paru en février 2022. 


Mardi 13 septembre

« Croire ou ne pas croire en la méritocratie scolaire : du confort individuel au désengagement collectif »  

Croire en la méritocratie scolaire, c’est penser que le seul déterminant de la réussite à l’école est le mérite des élèves, c’est-à-dire leur niveau d’engagement dans le travail scolaire (e.g., travail régulier, assidu, efforts, persévérance,…). Cette croyance est relativement répandue, transmise et valorisée au sein du système éducatif. Nous présenterons un ensemble de recherches qui montrent que si, à un niveau individuel, cette croyance est plutôt rassurante et permet aux élèves de maintenir un niveau d’implication élevé dans les tâches scolaires, celle-ci peut représenter un frein important au changement, en particulier, à la promotion de l’égalité à l’école. Nous présenterons des études corrélationnelles et expérimentales permettant d’illustrer ces mécanismes. 

? UNIL Anthropole – 1031, de 9h00 à 10h00


Céline Darnon, Professeure de psychologie sociale à l’Université Clermont Auvergne

Céline Darnon est professeure de psychologie sociale à l’Université Clermont Auvergne où elle enseigne la psychologie sociale et la psychologie de l’éducation depuis une quinzaine d’années. Elle a obtenu un doctorat en psychologie sociale expérimentale à Grenoble en 2004 puis a réalisé un séjour post-doctoral à l’Université du Wisconsin-Madison (E.U.). Recrutée comme maître de conférences en 2006, elle a été membre junior de l’Institut Universitaire de France entre 2010 et 2015 et a soutenu, en 2014, une Habilitation à Diriger des Recherches intitulée : « Faire sa place dans le système : Enjeux relationnels, statutaires et idéologiques de la motivation en contexte éducatif ».

Elle assure actuellement la responsabilité de l’équipe de recherche Comportements Sociaux et Dynamiques Collectives du Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive (LAPSCO) et du master Psychologie, Ingénierie du Comportement Clinique et Sociale(PICCS). Elle est également co-directrice en chef de la Revue Internationale de Psychologie Sociale/International Reviewof Social Psychology. Dans ses recherches, elle s’intéresse aux fonctions remplies par le système éducatif, formation et sélection, et leur impact sur les buts des élèves (par exemple, les buts de performance ou de maîtrise), les pratiques des enseignant.e.s (par exemple, les pratiques évaluatives) et les valeurs qui sont prescrites au sein du système éducatif (par exemple, la méritocratie scolaire). Elle étudie comment l’ensemble de ces facteurs contribue à reproduire et parfois légitimer les inégalités de classes et de genres.





« Le numérique en éducation : entre prescription et description, quelle place pour des approches critiques en recherche ? » 

La place et les finalités du numérique en éducation sont largement présentes dans le débat social et les discours médiatiques et institutionnels. La question pour les chercheurs est déjà d’identifier l’origine de ces discours et les demandes qui sont adressées à la technologie (comme la demande régulièrement reformulée de « refonder » l’école). La question est également d’identifier les demandes qui sont adressées à la recherche elle-même. Il lui est en effet fréquemment demandé de « prouver l’efficacité » de telle ou telle méthode ou technologie pour l’enseignement ou l’apprentissage. Ces demandes posent à la fois la question des relations entre le politique et la recherche; du statut épistémologique de la preuve en sciences humaines et sociales; ou encore des relations entre chercheurs et praticiens marquées par les tentations applicationnistes. Face à ces tensions, sera défendue la possibilité d’une posture critique, comme voie orthogonale à l’axe des postures descriptives et prescriptives.

? UNIL Amphimax – Amphi Erna Hamburger, de 17h00 à 18h30


Par Cédric Fluckiger, Professeur en sciences de l’éducation et de la formation à l’Université de Lille

Cédric Fluckiger est professeur en Sciences de l’Education et de la Formation à l’Université de Lille, spécialiste de didactique de l’informatique et de sociologie des usages. Il conduit des recherches à la fois sur les dispositifs scolaires de formation au numérique et à l’informatique, sur les usages personnels des enfants, adolescents et étudiants, et porte un regard didactique (i.e. attentif à la spécificité des contenus d’enseignement et d’apprentissage) sur la technologie éducative à l’école primaire, secondaire et dans le supérieur. Il est directeur de l’équipe Théodile-CIREL du laboratoire CIREL (Centre Interuniversitaire de Recherche en Éducation de Lille, ULR 4354)


Mercredi 14 septembre

« Transformer les promesses de la coopération en pratiques effectives pour soutenir la participation des élèves dans une visée inclusive » 

La coopération est régulièrement mise en avant dans la construction d’un climat de classe favorable à la qualité des relations sociales et aux apprentissages, au service de l’inclusion des élèves. Après avoir souligné l’importance de structurer les interactions entre élèves, nous présenterons des résultats soulignant que les mises en œuvre demeurent complexes et se heurtent parfois à résistances idéologiques. Face à ce constat, nous ouvrirons la discussion sur des routines coopératives plus accessibles.

?UNIL Anthropole – 1031, de 9h00 à 10h00


Par Céline Buchs, Professeure HEP ordinaire à la HEP Vaud

Céline Buchs est docteure en psychologie sociale et Professeure HEP ordinaire à la HEP Vaud dans le domaine Gestion de classe en contexte hétérogène.  Elle intervient dans la formation initiale et continue des enseignant·e·s. Elle collabore avec les équipes pédagogiques pour renforcer la qualité des apprentissages et du climat scolaire dans une visée inclusive. Ses recherches portent plus particulièrement sur la pédagogie coopérative. Les projets en cours portent sur 

  • l’amélioration du climat de classe grâce aux routines coopératives et aux contextes émotionnels partagés(collaboration avec l’université de Lausanne),
  • le soutien de l’équité dans les classes hétérogènes grâce aux activités coopératives plurilingues (en collaboration avec l’Université de Genève), 
  • le développement des comportements pro-environnementaux (collaboration avec l’université de Lausanne) et aux débats sur la transition énergétique (collaboration avec l’université de Grenoble) grâce aux échanges coopératifs.



« Le numérique en éducation : des effets aux enjeux » 

Depuis plusieurs décennies, les investissements politiques, financiers, matériels et humains dans le numérique en éducation sont communément justifiés par le potentiel du numérique à améliorer les systèmes éducatifs en général, et particulièrement les pratiques et les processus d’enseignement et d’apprentissage. Cette rhétorique, qui continue d’impulser une grande partie des politiques éducatives et des financements scientifiques, connaît toutefois plusieurs limites: d’une part, elle pose la question des effets tangibles du numérique sur l’éducation et tend à y répondre de manière dichotomique; d’autre part, elle repose sur une conception causaliste de la relation « numérique – éducation ». En mobilisant les études interdisciplinaires de la technique, nous commençons par proposer un recadrage de la relation « numérique – éducation » de manière à dépasser le vocabulaire de la cause et de l’effet. Pour ce faire, nous soulignons la nature éminemment culturelle et politique du numérique, en plus de sa nature technique, ce qui nous permettra de l’envisager en termes d’enjeux. Pour orienter l’étude de ces enjeux, nous proposons d’emprunter deux voies (parmi d’autres!) : d’une part, mettre davantage en interaction les usages éducatifs du numérique avec la conception des technologies éducatives, ce que les études sur le façonnage social de la technique (social shaping of technology) ont bien investi; d’autre part, mettre davantage en interaction le « front end » des objets techniques avec leur « back end » et les infrastructures techniques qui les rendent possibles, ce que les études sur la datafication de l’éducation ont amorcé. 

? UNIL Anthropole – 1129, de 9h00 à 10h00

Par Simon Collin, Professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM)

Simon Collin est professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM). Il est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’équité numérique en éducation depuis 2014. Il est membre régulier du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE) et en a dirigé l’antenne « Université du Québec » de 2013 à 2019. Il est aussi affilié à l’axe « Éducation et capacitation » de l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique (OBVIA) et au Groupe de recherche interuniversitaire sur l’intégration pédagogique des technologies de l’information et de la communication (GRIIPTIC). Il s’intéresse aux enjeux d’équité et de démocratisation que suscitent les technologies en éducation, qu’il aborde dans une approche critique, au croisement des travaux interdisciplinaires de la technique et des théories critiques. Il a récemment codirigé l’ouvrage collectif Le numérique en éducation: approches critiques (2022, Presses des Mines).





« L’éthique professorale à l’heure de l’école hospitalière »

L’éthique a longtemps été une question oubliée, absente, considérée comme un simple supplément d’âme. Elle revient aujourd’hui sur le devant de la scène, on ne peut que s’en réjouir. Quelle éthique pour le professeur aujourd’hui ? Quelle éthique à l’heure de l’école hospitalière ? Nous montrerons que l’éthique professorale est une éthique de la présence qui doit nouer trois vertus : la justice, la bienveillance et le tact. La justice car elle est reconnaissance des droits et des mérites, la bienveillance car elle est attention à la fragilité de celui qui nous fait face, et le tact car il est le souci de la relation.Mais comment soutenir, dans la durée, un tel engagement ? Ne mésestimons pas ce défi car il y a quelque chose qui est de l’ordre de Sisyphe dans le métier de professeur. Faire, refaire, encore refaire… L’usure du même, qui n’est autre que le défi du temps.

? HEP Vaud – Aula des Cèdres, de 17h30 à 18h30


Par Eirick Prairat, Professeur de philosophie de l’éducation à l’Université de Lorraine

Eirick Prairat est Professeur de Philosophie de l’éducation à l’Université de Lorraine (France). Membre du Conseil Scientifique de l’Institut de Recherche et de Documentation Pédagogique de Neuchâtel (Suisse), il est également chercheur associé au Groupe de Recherche en Éthique de l’Éducation de l’Université du Québec à Montréal (Canada). Il a été membre de l’Institut universitaire de France (Premier lauréat de la chaire de Sciences et Philosophie de l’éducation, 2011-2016) et membre du conseil scientifique du Ministère de l’Éducation nationale (2015-2018). Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages. Il a récemment publié Propos sur l’enseignement (PUF, 2019), La sanction en éducation (PUF, 2021, 6ème éd.) et Eduquer avec tact (ESF, 2022, 2ème éd.).



Jeudi 15 septembre

« Que sait-on à propos du bien-être des élèves ? Avancées et perspectives » 

Cette présentation proposera un état des lieux des travaux de recherche au sujet du bien-être scolaire des élèves. Dans cette perspective, elle abordera principalement les questions suivantes : Quelle définition et quels indicateurs du bien-être à l’école ? Pourquoi se préoccuper du bien-être des élèves ? Quels sont les liens entre pratiques éducatives et bien-être des élèves ? Peut-on améliorer le bien-être des élèves ? Nous terminerons par évoquer quelques questions en suspens et perspectives de recherche concernant le bien-être à l’école. 

? UNIL Anthropole – 1031, de 9h00 à 10h00

Par Benoît Galand, professeur en sciences de l’éducation à l’Université catholique de Louvain

Benoît Galand est docteur en psychologie et professeur en sciences de l’éducation à l’Université catholique de Louvain (UCL). Il est membre du Groupe Interdisciplinaire deRecherche sur la Socialisation, l’Education et la Formation (GIRSEF) et membre associé du Groupe de Recherche sur les Environnements Scolaires (GRES, Canada). Ses travaux de recherche portent sur la motivation (confiance en soi, engagement, décrochage), la socialisation (sanctions, violences, harcèlement), et l’apprentissage,de l’enseignement primaire à l’enseignement supérieur.  

Le Professeur Galand est l’auteur de nombreuses publications dans des revues internationales et dans des ouvrages scientifiques. Ayant une expérience comme enseignant du secondaire, il a aussi été membre du conseil d’administration d’une école. Il intervient également comme formateur ou consultant pour plusieurs services publics et associations, et est membre de la commission de pilotage du système d’enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (Belgique).  




“Top down and bottom-up narratives of equality and inclusion in education: the example of policies of widening participation in higher education” 

This presentation will focus on the various widening participation (WP) schemes that have been implemented in French higher education institutions (HEIs) since 2001 and especially on the Sciences Po’s initiative, “Conventions Education Prioritaires” (CEP) to explore, on the one hand, the visions of equality and inclusion on discourses about these schemes by HEIs directors and national policy-makers and, on the other hand, how these schemes have been interpreted and implemented by HEIs and schools and how they have been perceived and experienced by their beneficiaries. Using data on these schemes collected through a long-lasting ethnographic study including analysis of websites and documents, interviews with policy-makers, managers, teachers and students as well as observations of WP activities in schools and HEIs, the presentation will highlight the key role of these schemes on moving from a collectivistic to an individualistic model of equality and inclusion as well as the convergence and tensions between top down and bottom up narratives.   

? UNIL Anthropole – 1031, de 16h45 à 18h15


Agnès van Zanten, Directrice de recherche CNRS, Sciences Po

Agnès van Zanten is a Senior research professor working for the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) at the Observatoire Sociologique du Changement (OSC) of Sciences Po, Paris. A recipient of the CNRS Silver Medal in 2017, she is also Professor Honoris Causa from the University of Turku and the University of Geneva and The Université Libre de Bruxelles (ULB) and the director of the series “Education and Society” at the Presses Universitaires de France. 

She is interested in class-based educational inequalities, elite education, transition to higher education, positive discrimination and widening participation in higher education and educational markets and policies and has published extensively on these topics in journals such as L’Annéesociologique, British Journal of Sociology of Education, Comparative Education, Journal of Education Policy and Revue française de pédagogie. Her most recent books and edited collections include Elites in education. Four volumes (Routledge, 2018), Sociologie de l’école. Fifth éd. (with M. Duru-Bellat et G. Farges, A. Colin, 2018) and Elites, privilege and excellence: the national and global redefinition of educational advantage (with S.J. Ball and B. Darchy-Koechlin, Routledge, 2015).  

Vendredi 16 septembre

“Seven theses on the globalization of banking education policy” 

This presentation uses the concept of « banking education » included in Paulo Freire’s Pedagogy of the Oppressed to interpret the bases of global educational policy, as constructed by international organizations, development agencies and national governments. Based on axioms of neoclassical economics and new public management, the paper identifies seven theses that synthesize a universally valid conception of educational policy for educational development and efficiency. As in the Freirian definition of banking education, banking education policy ignores the knowledge of recipients and prescribes unique solutions to diverse problems. From the discussion of seven theses, the ideological and the methodological biases of banking educational policy are unmasked.

? UNIL Anthropole – 1031, de 13h00 à 14h30

 Xavier Bonal, Full Professor of Sociology at the Universitat Autònoma de Barcelona (UAB)

Xavier Bonal is Full Professor of Sociology at the Universitat Autònoma de Barcelona (UAB). He is the director of the research group Globalisation, Education and Social Policies (GEPS) at the UAB and Coordinator of the GLOBED Project, an Erasmus Mundus Master on Education Policies for Global Development. He has been Special Professor of Education and International Development at the University of Amsterdam (UvA), member of the EU Network of Experts in Social Sciences and Education (NESSE) and is currently a member of the Expert Group on Quality Investment in Education and Training of the European Commission, He is Editorial Board member of several international journals of education policies and educational development. Professor Bonal has widely published in national and international journals and is the author of several books on sociology of education, education policy and globalisation, education and development. He has worked as a consultant for international organisations such as the OECD, UNESCO, UNICEF, the European Commission, and the Council of Europe.