Le périmètre étudié, les indicateurs choisis et les résultats globaux sont présentés dans cet article tandis que les résultats spécifiques seront développés dans des articles suivants. La méthodologie est présentée dans un article séparé.
Quel périmètre a-t-on étudié ?
Le périmètre est défini en fonction de deux critères, les appareils et les activités pris en compte et la population étudiée. Les appareils et activités inclus sont les mêmes pour toutes les populations étudiées et sont les suivants :
- L’environnement personnel comme la machine, l’écran, les câbles, les stations d’accueil, les télévisions etc.
- L’impression, y compris le papier
- La téléphonie
- Le réseau fixe et filaire
- Les datacenters, y compris leur efficience énergétique
- Le Centre informatique dans son ensemble y compris la surface utilisée, les déplacements de personnel, etc….
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Dans l’étude, trois populations différentes ont été prises en compte pour faire 3 périmètres.
- Le périmètre partiel comprend les activités administratives : cela comprend l’ensemble des services centraux, y compris le Centre informatique qui pèse énormément dans cette population en raison de sa gestion des datacenters. Il n’est en effet pas possible de différencier les activités réalisées par les différentes populations dans les datacenters. Au vu de cette restriction, ce périmètre n’est utilisé que pour faire un benchmark entre les entreprises ayant réalisé une étude comparable.
- Le périmètre global comprend le périmètre partiel auquel on ajoute l’ensemble du personnel de l’UNIL, donc l’ensemble des facultés.
- Le périmètre total comprend le périmètre global auquel on ajoute les étudiantes et étudiants. L’inventaire des machines de la population estudiantine étant impossible, l’hypothèse est que chaque membre de cette population possède une machine et qu’elle est utilisée à 50% pour ses études. Cette estimation a été faite sur la base d’études menées dans d’autres universités.
Quels indicateurs ont été choisis ?
4 indicateurs reconnus et pertinents pour le numérique ont été sélectionnés parmi de nombreux indicateurs existants. Il arrive malheureusement que le nom du même indicateur diffère d’une étude à l’autre.
- La contribution au changement climatique / Gaz à Effet de Serre (abrégé GES) : Exprimé en kilogramme équivalent CO2 (kg éq.CO2), cet indicateur prend en compte les différents éléments impliqués dans le réchauffement climatique et les agrège en un indicateur. C’est l’indicateur le plus utilisé et qui permet une comparaison aisée avec d’autres études.
- L’épuisement énergétique (Energie) : Exprimée en Méga Joule d’énergie primaire, cet indicateur agrège les différentes énergies utilisées et il est critique pour les datacenters qui sont de grands consommateurs d’énergie. L’énergie primaire est l’énergie disponible dans la nature en opposition à l’énergie secondaire telle que l’électricité.
- La tension sur l’eau (Eau) / Eau bleue : Exprimé en m3 d’eau, cet indicateur mesure la quantité d’eau douce utilisée dans les nappes phréatiques ou en surface, denrée critique pour les écosystèmes.
- L’épuisement des ressources abiotiques, (minéraux et métaux) / Abiotic Depletion Potential (ADP) : Cet indicateur évalue la quantité de ressources abiotiques que sont les minéraux et les métaux retirées de la nature comme si elles étaient de l’antimoine (kg éq. Sb). Au vu du nombre très important de matières rares présentes dans les appareils électroniques, cet indicateur est indispensable pour une évaluation d’impact pour le numérique.
Quelle est l’empreinte numérique de l’UNIL ?
Notre centre de compétence en durabilité a réalisé une étude globale sur les impacts environnementaux et sociétaux de l’UNIL selon une méthode dite du Donut. Cette dernière a ensuite été présentée à l’assemblée de la transition qui avait pour mission de proposer des objectifs et des actions à la Direction.
L’étude centrée sur les impacts du numérique à l’UNIL utilise la méthode du cycle de vie et elle va toutefois bien plus dans le détail pour les aspects environnementaux. Les résultats pertinents ont également été présentés à l’assemblée de la transition.
Dans un premier temps, voici les impacts totaux bruts, tout équipement confondu pour le périmètre global, donc sans les étudiantes et étudiants, pour les 4 indicateurs sélectionnés.
Empreinte annuelle | Énergie | GES | Eau | ADP |
---|---|---|---|---|
Totale | 39645 MWH EP | 1076 t eq. CO2 | 9825 m3 | 50 kg eq. Sb |
Individuelle | 7,92 MWH EP | 209 kb eq. CO2 | 1,91 m3 | 9,7 g eq Sb |
Pour rendre ces valeurs plus concrètes, voici des équivalences pour chacun de ces indicateurs par personne :
- Gaz à effet de serre (GES) : 209 kg eq. CO2 équivaut pour chaque personne à un déplacement en voiture de 1740 km, soit 28 trajets Lausanne – Genève.
- La consommation d’eau douce (Eau) équivaut à 31 douches par personne sachant que l’eau consommée est souvent hors du territoire Suisse, où parfois l’accès à l’eau potable est difficile.
- L’énergie consommée par personne correspond à un ménage suisse de 2 personnes vivant en appartement sur une année.
- La consommation de ressources abiotique (ADP) correspond à la quantité de terres rares nécessaires pour la fabrication d’environ 8 smartphones.
Pour avoir l’empreinte imagée de l’UNIL ces exemples d’impact doivent être multipliés par 5100 environ, soit le nombre de personnes employées.
Quels appareils ou activités ont le plus d’impact environnemental à l’UNIL ?
L’impact de chaque type d’appareil a été évalué selon les quatre indicateurs et ceci a été fait pour l’ensemble du personnel (périmètre global) ainsi que pour le personnel et les étudiantes et étudiants (périmètre total). A noter toutefois que l’utilisation du Datacenter par les activités d’enseignement (moodle par exemple) n’a pas pu être quantifié séparément et elle apparait dans le périmètre global.
Deux conclusions sont évidentes :
Premièrement les machines, écrans et petit matériel utilisés par le personnel et les datacenters sont très largement responsables des impacts environnementaux et les efforts pour réduire l’impact devront se faire sur ces éléments en priorités.
Deuxièmement les étudiantes et étudiants doublent pratiquement l’impact lié aux machines personnelles avec notre hypothèse qui prend l’impact d’une demi-machine par tête. A noter que le centre de compétence en durabilité et l’assemblée de la transition ont considéré l’impact d’une machine complète par tête, ce qui aurait fait monter la première colonne “Env. User” à 2.5 environ avec une telle hypothèse. Les étudiantes et étudiants ont donc un impact numérique très important sur l’empreinte de l’UNIL, principalement dû à leur nombre important mais cette dernière n’a que peu de moyens d’action sur leur impact .
L’UNIL est-elle bon élève ?
L’analyse comporte un volet de benchmark entre les différentes entreprises ayant réalisé une étude similaire. Ce benchmark est réalisé sur la partie « administrative » des entreprises pour éviter le biais induit par différents métiers. Vu que le nombre d’entreprises comparées dans le benchmark est restreint, il est difficile d’en tirer des conclusions définitives. On voit tout de même deux éléments qui ressortent :
- Le premier est le poids des données. En effet, le Centre informatique gérant les datacenters, ces éléments sont inclus dans le benchmark. Les impacts de la recherche, surtout stockage et calcul, font ressortir un impact sur la consommation des ressources abiotique plus haut que la moyenne. La gestion du Datacenter est donc critique pour cet indicateur.
- Le second est un impact plutôt au-dessous de la moyenne. Bien que l’on ne possède pas les études d’impacts précises des autres entreprises, le fait que l’UNIL utilise ses machines en moyenne plus longtemps que la moyenne des entreprises explique probablement ce résultat.
Conclusion
Les résultats de cette étude permettent de déterminer que l’environnement de l’utilisateur et les activités réalisées dans les datacenters sont les deux domaines qui ont les impacts les plus importants. Malgré cela, l’impact de l’UNIL semble plutôt plus faible comparativement à d’autres entreprises principalement pour l’environnement utilisateur tandis que l’impact des datacenters, au contraire semble plus important.
Bien que ces valeurs semblent « raisonnables » selon le benchmark, l’UNIL a fait une analyse globale de l’impact de l’UNIL en intégrant également le numérique dans une analyse selon la méthodologie dite du « DONUT » afin de pouvoir normaliser des domaines très différents. Bien que la méthode soit différente, il apparait que le numérique à l’UNIL a un impact important parmi les différents domaines étudiés sur l’ensemble de l’UNIL. Pour plus d’information sur ce point, vous pouvez consulter le site de l’assemblée de la transition.
Ces données globales ne permettent toutefois pas de définir des pistes d’action précises. Elles doivent être combinées avec des études ayant déterminées de manière plus précise les impacts durant le cycle de vie afin de décider à quel moment les efforts doivent être consentis. Est-ce à l’achat, durant son utilisation ou à la fin de vie ? Nous aborderons ces questions dans les prochains articles concernant l’impact environnemental du numérique à l’UNIL.
Plus d’infos
- Le numérique en europe : une approche des impacts environnementaux par l’analyse du cycle de vie.
- L’assemblée de la transition et son analyse selon la méthodologie du DONUT
Image d’en-tête générée par Karim Khouw Zegwaart