L’analyse multicritère du cycle de vie : une méthode éprouvée
Cette méthodologie qui a vu le jour dans les années 60 est l’une des plus complètes et des mieux documentées pour l’analyse de l’impact environnemental d’un produit, dans notre cas des appareils numériques. Elle a pour but d’évaluer les impacts d’un produit durant l’ensemble de sa durée de vie qui sont généralement les phases suivantes :
- Phase de fabrication : de l’extraction des matières premières jusqu’à la dernière porte de l’usine
- Phase de transport : de l’usine à la clientèle
- Phase d’utilisation : principalement la consommation d’énergie dans l’IT
- Phase de fin de vie : traitement, recyclage, incinération ou mise en décharge.
Par soucis de simplification, l’impact d’un produit est souvent réduit à l’indicateur « changement climatique » exprimé en quantité de CO2. Ces analyses « multicritères » doivent permettre d’élargir les aspects étudiés ce qui engendre une multitude d’indicateurs possibles en fonction des produits et des données disponibles. Une étude européenne en a par exemple sélectionné 19, pour en publier les 12 les plus marquants dont 4 d’entre eux couvrent 2/3 des impacts. La sélection des indicateurs pertinents est donc critique. Dans le cas de l’étude mentionnée ci-dessus, l’impact principal est l’utilisation des ressources abiotiques que sont les minéraux et les métaux. L’indicateur mesurant le changement climatique le plus connu mesuré en kg de CO2 arrive en troisième position presque à égalité avec l’utilisation des ressources fossiles.
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Bien qu’étant la méthode la plus aboutie, l’analyse multicritère du cycle de vie est souvent dépendante de certaines hypothèses parfois subjectives lors de la récolte de données, le résultat pouvant dépendre des personnes la réalisant. De plus, les résultats étant souvent complexes, les conclusions sont parfois plus difficiles à tirer.
Quels appareils analyse-t-on dans une étude d’impact numérique ?
Une étude complète prend en compte tous les appareils électroniques au sens large. Les ordinateurs portables, fixes, tablettes bien sûr mais également les smartphones, les téléphones fixes, les téléviseurs, les consoles de jeux, disques durs externes, clés USB, imprimantes, stations d’accueil, objets connectés et tout autre type d’écran. Naturellement, selon le périmètre étudié, la proportion de ces appareils change. Dans un environnement professionnel, les consoles de jeux et les téléviseurs ont moins d’impact que si l’on fait l’analyse d’un environnement privé. Les conclusions doivent donc tenir compte des impacts en fonction des appareils présents dans le périmètre.
Impacts directs ou indirects : que mesure-t-on ?
Les impacts directs qui proviennent de la fabrication, l’utilisation et la fin de vie du matériel sont mesurés. Les effets indirects qui peuvent avoir un impact positif ou négatif ne sont pas pris en compte. Ces effets indirects peuvent être la diminution de consommation de papier par la numérisation d’un processus, la diminution de consommation d’essence ou l’augmentation du nombre d’écrans dû au télétravail. Ces éléments sont spécifiques à chaque situation et donc non mesurés dans des analyses globales. Dans certains cas spécifiques, cette mesure peut être faite.
Quelles données récolte-t-on pour une étude d’impact environnemental du numérique ?
La première étape d’une telle étude est de dresser un inventaire de l’ensemble du matériel numérique dans le périmètre étudié, ce qui est plus ou moins facile selon les inventaires présents. Certains équipements n’étant pas inventoriés, principalement le petit matériel, leur nombre est estimé selon les données d’achat. Pour les objets sans information, toute méthode est bonne à prendre. Cela peut aller de sondage, à une simple estimation par une personne compétente.
Dans un second temps, quelques valeurs doivent être données, principalement la durée de vie des différents appareils, le mix énergétique ainsi que des consommations énergétiques principalement pour les datacenters.
Finalement, des données concernant le département informatique (nombre de personnes, surface, déplacements, etc.) sont demandées.
Comment évalue-t-on l’impact environnemental ?
Chaque entreprise n’a pas la possibilité d’analyser le cycle de vie de chaque appareil qu’elle a acheté. Elle doit donc se reposer sur des bases de données internationales qui contiennent ces informations puis qui sont mises à disposition des entreprises réalisant une étude d’impact. Les conclusions sont donc très fortement dépendantes de la qualité des bases de données utilisées. L’impact estimé peut également monter, ou diminuer, lors de mise à jour d’une base de données sans changement dans l’entreprise. L’avantage principal est de pouvoir ensuite comparer différentes entreprises ce qui serait impossible si chaque entreprise estimait elle-même l’impact de chaque appareil.
Qu’en est-il de l’impact environnemental de l’UNIL ?
Découvrez notre article consacré à l’empreinte globale de l’UNIL
Le numérique en Europe : une approche des impacts environnementaux par l’analyse du cycle de vie
Si vous voulez approfondir le sujet du cycle de vie, nous vous recommandons cet article du site greenit.fr.
Plus d’info
- Article wikipédia sur l’analyse du cycle de vie, tout type de produit
- Site web sur l’analyse du cycle de vie
- Le numérique, un choix de société compatible avec la transition écologique ?
Image d’en-tête générée par Karim Khouw Zegwaart