Deux portraits de Gabriel Delagrange et de son épouse sont revenus en Suisse après un long détour par l’étranger. Leur présentation et l’évocation de cette famille de réfugiés huguenots, qui a donné au Pays de Vaud deux de ses meilleurs architectes, mettent en perspective une précieuse donation faite au Musée historique de Lausanne
Portraits de famille
Denis Decrausaz, « Les portraits des Gingins par Pierre Guillibaud, ou Les désirs de paraître d’une famille patricienne »
Le château de La Sarraz conserve une riche collection d’objets mobiliers qui servaient de décor à la vie quotidienne des Gingins – l’un des rares lignages vaudois ayant appartenu au patriciat bernois.
Après les premières recherches menées sur place par une équipe de la section d’Architecture et Patrimoine (UNIL), un ensemble de portraits remarquable, tant quantitativement que qualitativement, a pu être mis en évidence. La présente contribution propose d’examiner une série d’œuvres inédites exécutées par le peintre Guillibaud (1655-1707), en s’intéressant particulièrement à leurs fonctions sociales et symboliques.
Claire Huguenin, « Portraits en façade. La reconstruction du portail Montfalcon à la cathédrale de Lausanne (1892-1900) »
Commencé en 1515, le portail Montfalcon constitue un des éléments majeurs de la campagne de travaux engagée par l’évêque Aymon de Montfalcon, une opération qui a conféré au secteur occidental de la cathédrale sa physionomie actuelle. Cet écran monumental en grès de Montbenon est venu clore le porche largement ouvert du XIIIe siècle, jusqu’alors séparé de la nef par le passage couvert de la «grande travée». Il restera cependant inachevé.
En janvier 1889, le comité de restauration de la cathédrale engage David Lugeon et son fils, Raphaël, pour mener à bien le renouvellement du portail, une opération dont la durée est alors estimée à cinq ou six ans, mais qui au final, va occuper le second pendant vingt ans. Le nouveau portail de Lugeon intégrera les portraits des principaux restaurateurs de la cathédrale.
Béatrice Lovis (avec une contribution d’Eric J. Favre-Bulle), « Les boiseries peintes du château de Mézery. Le récit imagé d’une vie de seigneur dans le Pays de Vaud vers 1760 »
Situé à quatre kilomètres au nord-ouest de Lausanne, le château de Mézery abrite l’un des plus beaux salons peints du canton de Vaud. En 2011 et 2012, son nouveau propriétaire fait entièrement rénover le bâtiment et ses boiseries peintes sont conservées et restaurées par l’Atelier Saint-Dismas.
Classé au patrimoine depuis 1981, cet ensemble peint est constitué de 26 panneaux en bois de sapin formant un cycle de 19 scènes qui font pour la plupart référence aux divertissements de la noblesse de l’Ancien Régime, la danse, la musique et le théâtre d’une part, la promenade, la chasse et la pêche d’autre part. A ces thématiques s’ajoutent quelques scènes pastorales ou galantes et une scène militaire.
Dave Lüthi, « L’école-usine. L’Ecole des métiers de Lausanne. Chronique d’une (très) lente gestation »
En 1931, l’Ecole des métiers de Lausanne ouvre ses portes. Son architecture moderne est due à un quatuor d’architectes quelque peu dissonant, mené par Jacques Favarger ; structure en béton armé, toiture plate, rationalité du plan sont loués dans les revues d’architecture d’alors. Pourtant, il aura fallu un tiers de siècle (1897-1931) pour que le projet voie le jour : construire un établissement de formation pour les futurs ouvriers n’est pas une évidence au début du XXe siècle. Et, par conséquent, l’architecture choisie reflètera la conception qui prévaut alors pour ce genre de programme : il s’agit moins d’une école que d’une usine, préparant les élèves à leur future vie professionnelle.